Guinée : La Cédeao fait appel à Boni Yayi

La  Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait appel aux compétences de Boni Yayi pour dénouer la crise en Guinée, après le renversement de l’ancien président Alpha Condé. L’ancien président du Bénin (2006-2016) a été nommé Médiateur pour la Guinée en marge de la 61è session ordinaire de la CEDEAO tenue à Accra, au Ghana, ce dimanche 03 juillet.

La  Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) fait appel aux compétences de Boni Yayi pour dénouer la crise en Guinée, après le renversement de l’ancien président Alpha Condé. L’ancien président du Bénin (2006-2016) a été nommé Médiateur pour la Guinée en marge de la 61è session ordinaire de la CEDEAO tenue à Accra, au Ghana, ce dimanche 03 juillet.

Lors de ce sommet, les Chefs  d’Etat de la sous-région ont rejeté la durée de  transition de 39 mois proposée par la junte au pouvoir et décidé d’accorder un sursis d’un mois aux autorités guinéennes pour revoir le chronogramme électoral.

Dans ce sens, la Cédeao a nommé  Boni Yayi nouveau médiateur pour la Guinée.

Avant ça, le chef de l’Etat, président de la transition en Guinée, Mamady Doumbouya, s’est catégoriquement opposé à la désignation de  Mohamed Ibn Chambas au titre d’envoyé spécial en Guinée.

Manassé AGBOSSAGA

Guinée Conakry: Le président Condé arrêté par les putschistes

Depuis le début de la matinée, le quartier du palais présidentiel était le théâtre de tirs nourris. Ce putsch est mené par le Groupement des forces spéciales, dirigé par Mamady Doumbouya.

Entouré de militaires en treillis, masqués et les armes à la main, Alpha Condé apparaît sur un canapé du palais présidentiel. Le président guinéen est comme sonné, la chemise entre-ouverte, les pieds nus. « Est-ce qu’on a touché à un seul de vos cheveux ? On vous a brutalisé, Excellence? » lui demande un militaire dans une vidéo tournée à Sékoutoureya. Alpha Condé, 83 ans, semble aller bien mais reste silencieux. Il n’aura fallu que quelques heures aux putschistes pour se saisir de celui qui dirigeait le pays depuis onze ans.

Mamady Doumbouya

Le lieutenant-colonel Mamady Doumbouya, commandant des Forces spéciales guinéennes, lors d’un défilé militaire en 2019.

Tout est allé très vite. Cette journée folle à Conakry a débuté aux alentours de 8h. Des tirs nourris et à l’arme lourde ont été entendus tout au long de la matinée aux abords de Sékoutoureya, le palais présidentiel où se trouvait alors le chef de l’État. Selon des photos, il aurait depuis été emmené hors du palais présidentiel.

À la mi-journée, une déclaration de Mamady Doumbouya, un Malinké originaire de la région de Kankan, a circulé sur les réseaux sociaux. Selon les informations de Jeune Afrique, c’est ce lieutenant-colonel et ses hommes du Groupement des forces spéciales (GPS), une unité d’élite de l’armée aussi bien entrainée qu’équipée, qui sont à l’origine du coup d’État.

Dans cette vidéo, béret rouge sur la tête et lunette de soleil sur le nez, entouré de deux militaires, Mamady Doumbouya annonce que « la situation socio-politique et économique du pays, le dysfonctionnement des institutions républicaines, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, la gabegie financière […] ont amené l’armée républicaine à prendre ses responsabilités vis-à-vis du peuple de Guinée. »

Il annonce aussi la dissolution de la Constitution, du gouvernement, des institutions et la fermeture des frontières. Enfin, il annonce qu’un « Comité national du rassemblement et du développement, CNRD » a pris le pouvoir.

Alpha Condé aux mains des putschistes

Ancien légionnaire de l’armée française, Mamady Doumbouya avait été rappelé en Guinée pour prendre la tête du GPS en 2018. Ces derniers mois, sa volonté d’autonomiser le GPS par rapport au ministère de la Défense avait suscité la méfiance du pouvoir de Conakry. En mai, des rumeurs infondées faisant part de sa possible arrestation avaient même circulé dans la capitale guinéenne.

Celui qui apparaît aujourd’hui comme le chef des putschistes a appelé ses « frères d’armes à l’unité » et à rester dans leurs casernes. C’est bien l’interrogation majeure à cette heure : les hommes du GPS vont-ils être suivis par le reste de l’armée ? « Les forces fidèles à Alpha Condé n’ont pas dit leur dernier mot, mais le président est bel et bien entre les mains des putschistes », a affirmé à Jeune Afrique un proche du chef de l’État.

Arrivé au pouvoir en 2010, Alpha Condé a été réélu en 2020 pour un troisième mandat après une révision de la Constitution controversée.

Source: Jeune Afrique