Au palais de justice de Longueuil, mercredi, Carole Van Houtte et Mario Monette ont été respectivement condamnés à 4 et 5 ans d’emprisonnement pour voies de fait armées, séquestration et menaces exercées à l’encontre de six de leurs huit enfants, sur une période de 25 ans.
Le juge Marc-Antoine Carette a imposé ces peines d’emprisonnement strictes au couple de sexagénaires afin qu’elles soient dissuasives» et qu’elles servent à dénoncer la maltraitance à l’encontre des enfants.
En rendant sa décision, le juge Carette a décrit que Mario Monette avait exercé un contrôle presque total» sur ses enfants, et qu’il leur a asséné jusqu’à quarante coups à la fois sur une période s’étendant sur un quart de siècle. Les coups étaient donnés à l’aide d’un bâton de bois tel qu’on en utilise pour brasser la peinture.
Certaines des victimes n’avaient que 3 ans lorsqu’elles ont commencé à être maltraitées.
Mario Monette disait recourir à une formule de correction éducative» pour punir ses enfants à la suite d’impolitesse ou de comportements jugés inappropriés, durant un service religieux, par exemple.
L’un des enfants a été séquestré dans le garage de la maison familiale des mois durant, ne sortant que pour aller à l’école, aux services religieux ou encore lorsque des visiteurs venaient à la maison.
Le juge Carette a noté que, durant son témoignage, Mario Monette a tenté de préserver son image de bon père de famille et de pasteur respecté». Une version que n’a pas retenue le magistrat, qui a plutôt jugé que M. Monette tentait de minimiser à la fois ses gestes et la fréquence des châtiments infligés à ses enfants.© Église biblique baptiste métropolitaine sud (site web) Le pasteur Mario Monette et son épouse, Carole Van Houtte.
Atroce, un enfer»
Le procès s’est déroulé simultanément dans deux salles d’audience du palais de justice de Longueuil parce que la famille est scindée en deux clans : l’un soutient encore les parents, tandis que l’autre, qui a témoigné durant les procédures judiciaires, les dénonce.
Pour décrire son enfance, Micaël Monette, l’un des enfants du couple a eu ces mots : ça a été atroce, un enfer».
M. Monette dit qu’il aurait préféré que ses parents reconnaissent d’eux-mêmes les faits. À la place, cela aura été un juge qui a pesé et soupesé pour arriver à une conclusion évidente», a-t-il dit.
Le fait d’avoir été entendu et cru par le tribunal est l’une des parties qui fait le plus de bien», a reconnu M. Monette.
Questionné sur le message qu’il aimerait transmettre à des personnes ayant vécu de la maltraitance et qui songent à révéler ce qu’elles ont vécu, M. Monette a répondu : une personne qui croit que ça peut lui apporter quelque chose, lui permettre de cheminer et d’avancer, je lui dirais : »faites-le »».
M. Monette reconnaît qu’il garde des séquelles psychologiques de cette période de sa vie. Je fais un suivi et j’essaie de m’améliorer en tant qu’humain», a-t-il expliqué, la gorge nouée par l’émotion.
Une ex-fidèle remercie la justice
Lyne Sévigny dit avoir fréquenté l’église de M. Monette pendant 20 ans. Je remercie la justice au Québec, je remercie le travail des enquêteurs», a-t-elle déclaré avec fermeté en commentant les peines d’emprisonnement du pasteur et de sa conjointe.
Mme Sévigny affirme qu’elle n’était pas dupe du jeu de dictateur et de manipulateur» de Mario Monette. Mais, pendant des années, j’étais prise au piège», a-t-elle affirmé.
Elle précise que, si elle avait su que des sévices étaient perpétrés au sein de la famille du pasteur, elle aurait agi avant».