L’acte est aussi fort qu’inédit dans le sport professionnel américain : protestant contre les tirs de policiers sur Jacob Blake, les basketteurs du Milwaukee Bucks ont boycotté leur match NBA mercredi, suivis par d’autres équipes de baseball, de football et même par la joueuse de tennis Naomi Osaka.
Le sport professionnel américain a décidé de marquer une pause dans différents tournois, afin de protester contre le racisme et les violences policières.
L’acte est aussi fort qu’inédit dans le sport professionnel américain : protestant contre les tirs de policiers sur Jacob Blake, les basketteurs du Milwaukee Bucks ont boycotté leur match NBA mercredi, suivis par d’autres équipes de baseball, de football et même par la joueuse de tennis Naomi Osaka.
« En tant que femme noire, j’ai l’impression qu’il y a des questions beaucoup plus importantes qui nécessitent une attention immédiate, plutôt que de me regarder jouer au tennis », a déclaré la jeune femme de 22 ans, née de mère japonaise et de père haïtien, et qui a souvent pris la parole ces derniers mois pour dénoncer l’injustice raciale.
Quatre ans après Kaepernick
Depuis des mois, les joueurs NBA protestent contre le racisme et les violences policières : la pose du genou à terre pendant l’hymne national, les mots « Black Lives Matter » peints en noir sur les parquets, les slogans au dos des maillots des joueurs et leurs prises de paroles régulières pour réclamer justice étaient depuis la reprise de la saison la preuve de la mobilisation au sein de la ligue pour oeuvrer au changement, dans un pays gangrené par le racisme.
Mais trois mois après la mort de George Floyd, le sort de Jacob Blake, Afro-américain de 29 ans grièvement blessé lors de son interpellation, a causé un nouveau choc. Les basketteurs ont été traumatisés par cette scène filmée, dans laquelle on entend sept coups de feu atteignant dans le dos ce père de famille qui essayait, après avoir résisté à son interpellation, d’entrer dans sa voiture où se trouvaient, selon son avocat, trois de ses fils âgés de 3, 5 et 8 ans.
Hasard du calendrier, l’événement a eu lieu quatre ans jour pour jour après la première protestation contre les violences policières faites aux Noirs, par le joueur de football américain Colin Kaepernick. Il s’était assis pendant l’hymne avant de s’agenouiller une première fois le 1er septembre.
Au site The Athletic, l’arrière des Bucks George Hill a ainsi expliqué : « Nous sommes fatigués de ces meurtres et de l’injustice. L’équipe ne jouera pas ce (mercredi) soir ». Une décision qui a surpris les joueurs du Magic, qui ont confié ne « pas avoir été au courant de l’initiative, tout y adhérant ».
« On en a marre »
Dans la foulée de ce premier boycott, la superstar des Lakers, LeBron James, a alors tweeté : « NOUS DEMANDONS LE CHANGEMENT. ON EN A MARRE », annonçant la suite.
Barack Obama a félicité les joueurs « qui défendent ce en quoi ils croient ». « Il faudra que toutes nos institutions défendent nos valeurs », a ajouté l’ancien président américain sur Twitter.
Ces dernières heures, d’autres joueurs avaient déjà évoqué la possibilité de ne pas jouer leur prochain match, notamment ceux de Toronto et de Boston, censés débuter leur demi-finale de conférence Est ce jeudi. « À un moment il va falloir mettre nos c… sur la table et nous mettre en position de perdre quelque chose, plus que de l’argent ou de la visibilité », a déclaré le meneur de Toronto Fred VanVleet.
D’autres boycotts sont possibles. Les joueurs se sont réunis mercredi soir pour débattre de la suite à donner. Certains envisagent de quitter la Floride, où la fin de la saison se déroule dans la bulle de Disney World en raison du coronavirus, et d’abandonner le championnat en cours, selon plusieurs médias.
Interruption du tournoi de Cincinnati
Les organisateurs du tournoi de tennis de Cincinnati ont, de leur côté, annoncé mercredi soir que les matches au programme ce jeudi se joueraient finalement vendredi, souhaitant observer une pause pour protester contre les tirs de la police sur Jacob Blake.
« En tant que sport, le tennis prend collectivement une position contre l’inégalité raciale et l’injustice sociale qui une fois de plus ont été mises au premier plan aux États-Unis. La Fédération américaine de tennis USTA, les circuits ATP et WTA ont décidé de reconnaître ce moment en interrompant le jeu le jeudi 27 août. Il reprendra le vendredi 28 août », indique le communiqué.
« Je ne m’attends pas à ce que quelque chose de radical se produise si je ne joue pas, mais si je peux engager une discussion dans un sport majoritairement blanc, je considère que c’est un pas dans la bonne direction », a notamment indiqué Naomi Osaka, lauréate de l’US Open 2018 et de l’Open d’Australie 2019. Le report des matches de jeudi à vendredi ne signifie pas pour autant que la joueuse réintégrera le tournoi, si tel est son souhait. Interrogée par l’AFP, l’USTA n’avait pas donné de réponse dans l’immédiat.
Par LEXPRESS.fr avec AFP