Le président Patrice Talon a reçu en audience dans la soirée du lundi 27 novembre 2023, trois responsables du parti Les Démocrates à savoir: Léon Basile Ahossi, Eric Houndété et du président Boni Yayi chef de la délégation. Au cours des échanges qui ont duré environ 4 H d’horloge, plusieurs sujets ont été abordés dans le sens de la décrispation de la tension sociale et politique. À travers un point fait par le vice-président Eric Houndété à la presse au retour du palais de la marina, l’on sait un peu plus sur les points d’accord et les points de désaccord. Kpakpato Médias était sur les lieux et voici ci-dessous la restitution des propos du numéro deux du parti au logo de la flame qui situe les uns et les autres.
1-Le président Patrice Talon favorable à un audit de la liste électorale
Au Bénin, la liste électorale sera auditée avec l’implication du parti Les Démocrates avant les élections générales de 2026. C’est une assurance du président Patrice Talon à l’endroit des responsables du parti de l’opposition. Face à la presse, Eric Houndété l’a fait savoir en premier parlant des points d’accord. Lire son propos :
Eric Houndété « Chacun de nous connait les difficultés que nous avons eues par rapport à la liste électorale au cours des élections de 2023. La préoccupation était qu’il fallait à tout prix éviter que ces mêmes difficultés se répètent en 2026. Le président de la République a marqué son accord pour qu’un audit soit diligenté si possible avec d’autres forces politiques. Si les autres forces politiques ne sont pas disponibles, nous, nous ferons le travail.
Nous espérons que cet accord marqué par le chef de l’Etat, se traduira effectivement en réalité avec les exigences que cela appelle. (…) Il a été reconnu par lui-même que quelque chose selon ses propres termes a ‘’ buggé ’’ dans le système où, des gens ont été envoyés à des dizaines de kilomètres de leur lieu de résidence pour voter. Cet audit qui aura été fait appellera à des recommandations et des corrections.
Ces corrections devront être mises en œuvre avant les élections générales de 2026. Lorsqu’on aura fait l’audit, et que approcheront les élections de 2026, il devrait être question d’extraire la liste électorale avec le concours des forces politiques qui comme il a été envisagé, un noyau sera mis en place pour faciliter la surveillance de ce qui se fera. Cela prendra une certaine forme ».
2-Certains compatriotes arrêtés dans le cadre des élections vont recouvrer incessamment leur liberté
Depuis leur cellule, ils peuvent pousser un ouf de soulagement. En tout cas en attendant que la bonne nouvelle de leur libération tombe. Ils s’agit des citoyens arrêtés dans le cadre des différentes élections organisées. Selon Eric Houndété de retour du palais de la Marina, le président Patrice Talon a promis donner des instructions au Ministre de la Justice à cet effet. Détails :
Éric Houndété : « Pour diverses raisons les gens qui sont retenus notamment les jeunes, les élèves les étudiants, les artisans etc… Qui dans la manifestation de leur liberté d’expression, liberté d’action, se sont retrouvés en situation délicate et difficile et que la justice a gardé. Le président de la République a donné séance tenante des instructions au ministre de la Justice pour que les dossiers soient accélérés. Je dois dire au passage qu’en qualité de Chef de fil de l’opposition quand je l’avais rencontré, il avait déjà exprimé cette volonté de faire accélérer les dossiers. Nous espérons que cette fois-ci, ça va aller vite. »
3-Talon n’entend pas gracier ni pardonner Reckya Madougou
Reckya Madougou, ancienne ministre du président Boni Yayi et candidate du parti Les Démocrates à l’élection présidentielle de 2021 doit purger entièrement sa peine de prison. En tout cas, c’est la volonté manifeste du président Patrice Talon qui n’entend pas lui accorder une grâce ni son pardon. Droit dans les yeux de Boni Yayi, il l’a fait savoir une fois que le sujet a été abordé. Une déclaration qui a « attristé voir révolter » la délégation du parti Les Démocrates selon Eric Houndé. Il raconte :
Eric Houndété : « Dans la même veine, nous avons avec grande tristesse enregistré de sa part (Patrice Talon, Ndlr) un refus d’être attentif à nos demandes, à nos cris de cœur, par rapport à certains de nos camarades, notamment dame Reckya Madougou par rapport à qui il montre une inflexibilité pour lui refuser même une grâce présidentielle.
Je dois dire que cela nous a beaucoup attristé voir révolter.
Le président Boni Yayi lui-même en personne a conduit ce plaidoyer pour que le président de la République puisse mettre son cœur au service du pardon. Ce pardon, le président de la République ne l’a pas compris tel que nous le souhaitons. C’était pour nous comme un coup de massue, un coup de poignard dans les cotes. Mais en tant que responsable du parti les démocrates, nous restons convaincus que nous devons continuer le combat pour obtenir la libération de notre compatriote. Nous avons un projet de lois d’amnistie sur la table. Si le président de la République refuse la grâce présidentielle nous ne devons pas baisser les bras. Peut-être devons nous comprendre que nous ne devons pas compter sur lui pour la loi d’amnistie mais il ne faut pas s’avouer vaincu avant d’aller au combat. Nos camarades qui sont au parlement, qui sont dans les différents groupes, nous avons engagé de parler avec eux, nous allons continuer à parler avec eux. J’espère que leur cœur de mère de père de frères de sœur, va s’assouplir pour qu’ils comprennent les arguments que nous avons développés à savoir que les filles et fils de ce pays doivent tous se mettre au service de la construction du pays.
S’il y a eu des incompréhensions par le passé ces incompréhensions doivent être gommées (…) Nous avons expliqué au président de la République que ces processus électoraux qui ont engendré ces arrestations ont été marquées par une exclusion et l’exclusion a naturelle générée un déchainement de passion, une révolte, un refus de se laisser embastiller, interdire de jouir de ses libertés ».
4-Les nouvelles décisions sur la taxation de l’exportation du Soja entrent en vigueur
La réduction de 140 F à 30 F de la taxe d’exportation sur le Soja est déjà en vigueur. Face aux responsables du parti Les Démocrates, le président Patrice Talon a donné les assurances de ce que les dispositions seront prises pour l’annoncer aux producteurs ceci afin de décourager ces acheteurs qui estiment que sa mise en œuvre commence en janvier 2024.
Éric Houndété « Comme vous le savez, nous avons fait le combat, nous avons eu une victoire d’étape, à savoir qu’aujourd’hui, le gouvernement a été obligé de réduire la taxe sur l’exportation pour permettre à nos producteurs d’avoir à vendre leur production à un prix raisonnable. Mais il s’est passé que dans la mise en œuvre de cette décision gouvernementale, fruit de notre combat, il y a eu des informations qui nous sont parvenues selon lesquelles, la décision ne serait mise en œuvre qu’à partir du mois de janvier ce qui a agi pendant ces derniers jours sur le prix d’achat des producteurs. Le président de la République a fait avec nous le constat que ce phénomène, mais qu’il ne dépend pas de lui. Il a rassuré de ce que les dispositions seront prises pour annoncer aux populations que la taxe a l’exportation qui est de 30 f est mise en œuvre dès maintenant et non à partir de janvier. Donc un communiqué gouvernemental passera pour préciser cela».
5-Très peu de chance pour Les Démocrates de Siéger à la Céna
Le Conseil Electoral de la Céna risque de rester en l’Etat jusqu’en 2026 pour l’organisation des élections générales. Le parti Les Démocrates qui représentent désormais l’opposition n’aura pas la possibilité de désigner ses membres pour y siéger. Le président Patrice Talon n’entend pas véritablement œuvrer pour puisque sur la question, il n’a pas fait preuve du tout d’ouverture.
Eric Houndété en parle : « Tel qu’il est aujourd’hui, le Conseil Electoral, nous lui avons expliqué qu’il n’est pas décent, qu’il n’est pas juste, qu’il n’est pas conforme à la loi évidement à l’esprit de la loi qu’un groupe de parti politique qui représente aujourd’hui, suivant les résultats, proclamé par la Cour Constitutionnelle, un parti politique qui fait plus du quart de l’électorat ne peut pas manquer de représentant au Conseil Electoral. Ceci pour la simple raison que le principe de base sur lequel il est créé, est un principe d’équilibre et un principe de : « tu me surveilles, je te surveille ».
Le Conseil a été conçu pour être plus ou moins un organe paritaire. La minorité parlementaire désigne un représentant, la majorité parlementaire désigne un représentant, le Chef de l’Etat désigne un représentant et le Chef de Fil de l’opposition désigne un représentant et puis les magistrats désignent celui qui fait l’arbitrage.
Aujourd’hui, depuis les élections de janvier 2023, la configuration politique dans notre pays a changé. Nous avons au parlement une minorité parlementaire normal incarné par le parti les Démocrates et une majorité représentée par les deux parties du président de la République et nous avons le président de la République et le Chef de file de l’opposition. En situation normale, le Conseil Electoral serait composé de deux personnes désignées par le parti Les Démocrates. Mais il se passe malheureusement que ce n’est pas le cas. Le président de la République est resté pas très ouvert à la question.
6-Le parti Les Démocrates va fournir du personnel électoral à la Céna
« Il s’agit du dernier d’accord de la rencontre entre le président Patrice Talon et la délégation du parti Les Démocrates. Désormais, le recrutement des agents électoraux ne se fera plus sans l’implication du parti qui va fournir au même titre que les autres partis de l’opposition le personnel électoral.
Éric Houndété : « Après la question de la liste électorale, nous avons abordé la question des membres du Conseil Electoral de la Cena. Les élections sont organisées par la Céna et on sait que la Céna s’appuie sur un personnel, à savoir les Coordonnateurs d’Arrondissement, les agents de Bureau de vote… Ce qu’il y a, c’est que dans la pratique depuis les trois dernières élections, ce sont les partis politiques du président de la République qui alimentent ces organes. C’est eux qui mettent en place ce personnel. On nous fait savoir qu’il y a une plateforme. Mais tout le monde sait comment ça se passe.
Nous avons obtenu du président de la République que ça ne passera plus ainsi.
Nous mettrons en place un mécanisme qui permettra au parti les démocrates et les autres forces de l’opposition de fournir du personnel électoral ».
Par Christophe KPOSSINOU