L’armée américaine admet avoir tué 23 civils en 2020 dans le monde

Un rapport du Pentagone a établi la responsabilité de l’armée américaine dans la mort de 23 civils en 2020 dans le monde. Certaines ONG jugent ce nombre largement sous-évalué.

Un rapport du Pentagone a établi la responsabilité de l’armée américaine dans la mort de 23 civils en 2020 dans le monde. Certaines ONG jugent ce nombre largement sous-évalué.

23 civils tués par l'armée américaine en 2020 dans le monde (photo d'illustration)
© AFP 23 civils tués par l’armée américaine en 2020 dans le monde (photo d’illustration)

L’armée américaine reconnaît sa responsabilité dans la mort de 23 civils en 2020, principalement lors de ses opérations en Afghanistanselon un rapport du Pentagone publié mercredi, dont les estimations sont bien inférieures à celles des ONG. »Le ministère de la Défense estime que 23 civils ont été tués et 10 autres blessés en 2020 dans des opérations militaires américaines », indique ce rapport annuel exigé par le Congrès depuis 2018, dont une partie reste secret défense.

La plupart des victimes civiles ont été tuées en Afghanistan, où le Pentagone reconnaît sa responsabilité dans 20 décès, selon la partie publique du rapport, qui précise qu’un civil a été tué en Somalie en février 2020 et un autre en Irak en mars. Le document public ne précise pas où la 23e victime a été tuée ni à quelle date.

102 civils tués dans le monde, selon Aiwars

En outre, le Pentagone a réévalué ses comptages des années 2017 à 2019, pour reconnaître 65 morts et 22 blessés de plus, la plupart en Syrie et au Yémen. Le document précise que bien que le Congrès ait attribué au Pentagone un budget de 3 millions de dollars en 2020 pour le versement d’indemnités financières aux familles des victimes civiles, aucun de ces dédommagements, appelés « ex-gratia », n’a été versé. Les ONG publient régulièrement des bilans bien supérieurs des frappes américaines sur les théâtres de guerre.

L’organisation Airwars, qui recense les victimes civiles de bombardements aériens dans le monde, souligne que les estimations les plus prudentes sont de 102 civils tués dans des opérations américaines à travers le monde, soit cinq fois plus que le Pentagone ne l’admet.

Des enquêtes du Pentagone jugées insuffisantes

La mission de l’ONU en Afghanistan (Unama) a décompté 89 morts et 31 blessés en raison des opérations dans le pays des forces de la coalition dirigée par les Etats-Unis, souligne Airwars. En Somalie, où le Pentagone ne reconnaît qu’un civil tué, Airwars et d’autres ONG évaluent le bilan à 7 morts, et en Syrie et Irak, les sources locales font état de 6 morts, ajoute l’ONG.Pour l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU), « les enquêtes du ministère de la Défense et la reconnaissance de sa responsabilité dans la mort de civils restent terriblement insuffisantes ».

« Il est frappant qu’en 2020, le ministère de la Défense n’ait proposé ou versé aucun dédommagement aux familles civiles concernées bien que des fonds aient été débloqués par le Congrès », a noté Hina Shamsi, une responsable de l’ACLU.

BFMTv

Dix anciens chefs du Pentagone lancent un avertissement à Donald Trump

WASHINGTON — Dix anciens anciens chefs du Pentagone unissent leurs voix pour servir une réprimande extraordinaire au président Donald Trump. Les 10 anciens secrétaires à la défense encore vivants ont mis en garde le président sortant contre toute initiative visant à impliquer l’armée dans la poursuite d’allégations de fraude électorale, arguant que cela entraînerait le pays dans un «territoire dangereux, illégal et inconstitutionnel».

 © Fournis par La Presse Canadienne

Les 10 hommes, démocrates et républicains, ont signé un article d’opinion publié dans le Washington Post qui dénonce la volonté de Donald Trump de s’acquitter de son devoir constitutionnel de renoncer pacifiquement au pouvoir le 20 janvier.  

Après les élections du 3 novembre et les recomptages ultérieurs dans certains États, ainsi que des contestations judiciaires infructueuses, le résultat est clair, ont-ils écrit, sans mentionner le nom de Donald Trump dans l’article. 

«Le temps de remettre en question les résultats est passé; le moment du dépouillement officiel des votes du collège électoral comme il est prescrit dans la Constitution est arrivé », ont-ils écrit. 

Les anciens chefs du Pentagone ont mis en garde contre l’utilisation de l’armée dans tout effort pour changer le résultat. 

«Les efforts pour impliquer les forces armées américaines dans la résolution des conflits électoraux nous mèneraient dans un territoire dangereux, illégal et inconstitutionnel», ont-ils écrit. 

«Les responsables civils et militaires qui dirigent ou mettent en œuvre de telles mesures seraient responsables, y compris potentiellement passibles de sanctions pénales, des graves conséquences de leurs actes sur notre république.» 

Un certain nombre d’officiers supérieurs, y compris le général Mark Milley, chef d’État-Major des armées des États-Unis, ont déclaré publiquement ces dernières semaines que l’armée n’a aucun rôle dans la détermination du résultat des élections américaines et que leur loyauté est envers la Constitution et non envers un chef individuel ou à un parti politique. 

Les 10 anciens dirigeants du Pentagone ont également mis en garde dans leur article du Post contre les dangers d’empêcher une transition complète et harmonieuse au département de la Défense avant le jour de l’inauguration dans le cadre du transfert de pouvoir au président élu Joe Biden. 

Joe Biden s’est plaint des efforts déployés par des responsables du Pentagone nommés par Donald Trump pour entraver la transition. Sans mentionner un exemple précis, les anciens secrétaires à la défense ont écrit que les transferts de pouvoir «se produisent souvent à des moments d’incertitude internationale sur la politique et la posture de sécurité nationale des États-Unis», ajoutant: «Ils peuvent être un moment où la nation est vulnérable aux actions des adversaires qui cherchent à profiter de la situation. 

Les tensions avec l’Iran représentent un tel moment. Dimanche marquait un an depuis le meurtre de Qassem Soleimani par les Américains, le plus haut général iranien. 

 L’Iran a juré de venger le meurtre, et des responsables américains ont déclaré ces derniers jours qu’ils étaient en état d’alerte accrue face à une éventuelle attaque iranienne contre les forces ou les intérêts américains au Moyen-Orient. 

Dans un autre signe de tension américano-iranienne, le secrétaire à la Défense par intérim, Christopher Milller, a annoncé dimanche soir qu’il avait changé d’avis sur le renvoi du porte-avions de la Marine, l’USS Nimitz, au pays et qu’il conserverait à la place le navire en service au Moyen-Orient. 

La semaine dernière, Christopher Miller a annoncé qu’il renvoyait le Nimitz aux États-Unis, décision à laquelle des officiers supérieurs se sont opposés. En se rétractant, Christopher Miller a cité «les récentes menaces émises par les dirigeants iraniens contre le président Trump et d’autres responsables du gouvernement américain». Il n’a pas offert d’autre précision et le Pentagone n’a pas répondu aux questions de l’Associated Press. 

L’article d’opinion dans le Post a été signé par Dick Cheney, William Perry, Donald Rumsfeld, William Cohen, Robert Gates, Leon Panetta, Chuck Hagel, Ash Carter, James Mattis et Mark Esper. James Mattis était le premier secrétaire à la défense de Donald Trump; il a démissionné en 2018 et a été remplacé par Mark Esper, qui a été limogé quelques jours à peine après les élections du 3 novembre. 

Le Post a rapporté que l’idée d’écrire l’article d’opinion a commencé par une conversation entre Dick Cheney et Eric Edelman, un ambassadeur à la retraite et ancien haut responsable du Pentagone, sur la manière dont Donald Trump pourrait chercher à utiliser l’armée dans les prochains jours.

 – Par Robert Burns, The Associated Press/La Presse Canadienne