Le très célèbre et admiré quotidien béninois, La Nouvelle Tribune est depuis le 23 mai 2018 interdit de publication par une décision prise par le président de la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac), Adam Boni Tessi. Tel un opportuniste, le néo politicien, Léonce Houngbadji a saisi cette perche pour faire son buzz.
Manassé AGBOSSAGA
Le président du Parti pour la libération du peuple (PLP) a trouvé une drôle de manière pour compatir à la douleur du quotidien ‘‘La Nouvelle tribune’’. Après la suspension du journal par le « volumineux » et très controversé président de la Haac, Adam boni Tessi, Léonce Houngbadji a déclenché une grève de la faim le 1er juin, avant de l’écourter le 8 juin.
En réalité, cette mise en scène orchestrée par l’ancien journaliste est loin de témoigner sa compassion au journal de Vincent Folly. Léonce Houngbadji voulait plutôt s’attirer la sympathie de l’opinion publique nationale et internationale. Le président du PLP est conscient de la renommée du journal La Nouvelle Tribune. Annoncer une grève de la faim pour protester contre la suspension d’un tel journal peut attirer des curiosités. Et ce n’est pas étonnant que la Radio France internationale (RFI) ait consacré un article sur cette prétendue grève de la faim. A ce moment là, Léonce Houngbadji pense avoir réussi son coup et a décidé de mettre un terme à sa grève. Le gel des avoirs du journal qui a suivi la suspension n’a même plus motivé ce dernier à toujours se priver de nourriture.
Pas si idiot.. !
D’ailleurs, si ce n’est le relai de ses activités par le journal de Vincent Folly, le président du PLP n’a aucun souci avec la fermeture de ce quotidien comme pour les autres. Son indifférence sur le cas récent du Journal L’Audace Info, sur la suspension du journal Le Béninois Libéré et de son prometteur, la suspension de Radio Capp Fm, sous son ancien mentor, Boni Yayi, …sont édifiants.
Vêtu en costume politique depuis le départ de Boni Yayi, Léonce Houngbadji n’est pas aussi idiot pour donner sa vie à un journal d’autrui, sans bénéficier à nouveau des avantages du pouvoir.
En effet, la grève de la faim, si elle est sincère et déterminée peut amener son auteur à la perte de la vie.
« Ce jeûne est un moyen qui fait honte à l’adversaire. C’est une dimension importante de la grève de la faim, car la grève de la faim peut être responsable de la mort de quelqu’un…La grève de la faim se veut être un moyen de pression pour l’aboutissement d’ une cause… l’intérêt de la grève de la faim est qu’on a un risque de mort, mais qui s’étale sur 40 jours voire 50…La grève de la faim lorsqu’elle illimitée pose un enjeu très clair, la victoire ou la mort », explique Johanna Siméant, professeur de science politique à l’université paris 1 et auteur de la grève de la faim.
Avec les explications de ce dernier, on comprend aisément la mort de Bobby Sands à 27 ans, décédé le 5 mai après un jeûne de 66 jours, ou encore de Terence Mac Swiney, décédé après 74 jours de jeûne dans la prison de Brixton à Londres.
Ce qui est loin d’être le cas de Léonce Houngbadji.