Victoire de Bassirou Faye : Richard Boni Ouorou attire l’attention du peuple béninois sur la principale leçon à retenir

Richard Boni Ouorou s’adresse au peuple béninois après la victoire de Bassirou Faye à la présidentielle du 24 mars dernier au Sénégal 

Richard Boni Ouorou s’adresse au peuple béninois après la victoire de Bassirou Faye à la présidentielle du 24 mars dernier au Sénégal.  Lire ci-dessous son message pour en savoir plus sur le contenu.

Chers compatriotes béninois,

l’heure est venue de parler avec franchise et de tirer des enseignements de nos frères et sœurs du Sénégal. L’ascension de Faye à la présidence du Sénégal est un symbole puissant qui résonne à travers l’Afrique et qui devrait éveiller en chacun de nous un esprit de réflexion et d’action.

Faye, un jeune homme d’une quarantaine d’années, a incarné l’espoir et le désir de changement d’un peuple assoiffé de renouveau politique. Son élection n’est pas seulement la victoire d’un individu, mais celle d’un idéal, celui d’une classe politique dynamique et en phase avec les aspirations de sa jeunesse. C’est un appel retentissant à l’émancipation de la dépendance néocoloniale et à la fin des pratiques patrimonialistes qui ont trop longtemps étouffé le potentiel de nos nations.

Le cas de notre propre pays, le Bénin, est poignant. Nous observons avec inquiétude la mainmise sur nos institutions, la confection de lois sur mesure, et une inertie civique qui menace l’intégrité de notre démocratie. Trop souvent, nous avons confiné notre activisme aux commentaires sur les réseaux sociaux, négligeant ainsi la puissance de l’action collective sur le terrain.

Le peuple sénégalais a démontré que lorsque la volonté populaire est unie et déterminée, aucun obstacle ne peut entraver la marche vers le progrès. La leçon pour nous, peuple béninois, est claire : la passivité n’est pas une option. Il ne suffit pas de désirer le changement ; nous devons le manifester activement et courageusement.

Notre président, M. Patrice Talon, a exprimé sa douleur de ne pas être aimé par son peuple, mais comment peut-on aimer un dirigeant qui semble plus fidèle à une identité étrangère qu’à la sienne propre ? Comment pouvons-nous soutenir une gouvernance qui ne reflète pas nos besoins, nos désirs et notre identité en tant que Béninois ?

Il est temps de transcender les limites de la contestation virtuelle et de passer à l’action concrète. Nous devons exiger des comptes, nous réunir dans la solidarité, et, surtout, nous devons exercer notre droit démocratique de manifester notre mécontentement face à une gouvernance qui ne nous sert pas. La démocratie n’est pas seulement le droit de voter, mais aussi le droit de s’opposer, de critiquer et de proposer un chemin meilleur pour notre avenir commun.

Ainsi, je vous appelle, à vous inspirer de l’exemple sénégalais. Mettons de côté notre passivité et embrassons notre pouvoir citoyen. Engageons-nous dans le processus politique, exigeons la transparence, la responsabilité et l’intégrité de nos dirigeants. Il est temps de revendiquer une gouvernance qui reflète nos aspirations et qui tire sa légitimité non pas de l’entretien des héritages coloniaux, mais de l’adhésion aux principes de justice, d’équité et de prospérité pour tous.

Nous devons reconnaître que l’activisme numérique, bien qu’important, ne peut remplacer l’engagement civique tangible et la mobilisation sociale. Les hashtags ne peuvent seuls bâtir des nations, et les commentaires sur Facebook et whatsapp ne peuvent remplacer les actions. Nos voix doivent se faire entendre au-delà du cyberespace, dans les rues, les places publiques et les couloirs du pouvoir.

Nous devons également soutenir l’émergence de nouveaux leaders – des hommes et des femmes qui, comme Faye au Sénégal, s’engagent à servir le peuple avec intégrité et à construire un Bénin où le potentiel de chacun peut s’épanouir sans la crainte d’être étouffé par les ombres du népotisme ou de l’ingérence étrangère.

Nous ne pouvons tolérer que des lois soient fabriquées pour convenir à une seule personne ou à un groupe restreint. Nous ne pouvons accepter que notre avenir soit décidé dans l’ombre, sans le consentement éclairé et actif de la population. L’exemple de Faye doit nous inciter à une prise de conscience collective, à une mobilisation qui réclame un changement véritable et tangible.

Le moment est venu de mettre fin à l’apathie et de réclamer avec force le Bénin que nous méritons. Un Bénin où la jeunesse peut rêver d’un avenir meilleur, où l’économie est au service de tous, et où la politique est une question de service public et non de gains personnels.

Le chemin vers la liberté et la justice est souvent semé d’embûches, mais l’histoire nous enseigne que la persévérance et l’unité du peuple sont les clés de la victoire. Ensemble, bâtissons un Bénin fort, uni et démocratique. Ensemble, faisons entendre notre voix. Ensemble, prenons en main notre destin.

La victoire de Faye est notre lumière guide. Suivons cette lumière, le Bénin le mérite.

#liberal
#Prosperonsensemble
Richard Boni Ouorou

Sénégal : Patrice Talon réagit à la victoire de Bassirou Faye

Patrice Talon se prononce sur la présidentielle sénégalaise. A travers un message laconique publié sur sa page Facebook, le président béninois a notamment adressé ses

Patrice Talon se prononce sur la présidentielle sénégalaise. A travers un message laconique publié sur sa page Facebook, le président béninois a notamment adressé ses félicitations au vainqueur du scrutin du dimanche 24 mars dernier, selon les tendances. « J’adresse mes chaleureuses félicitations au Président Bassirou Diomaye FAYE pour son élection », a écrit Patrice Talon.

Il lui a également adressé ses  » vœux de réussite au service du Peuple sénégalais ».

M.A

Présidentielle au Sénégal : Macky Sall « félicite le vainqueur » Bassirou Diomaye Faye

Comme son candidat, Macky Sall félicite Bassirou Diomaye Faye après la présidentielle du dimanche 24 mars dernier. Sans attendre les résultats officiels, le président sortant a

Comme son candidat, Macky Sall félicite Bassirou Diomaye Faye après la présidentielle du dimanche 24 mars dernier. Sans attendre les résultats officiels, le président sortant a, à travers un message laconique publié sur ses canaux officiels ce lundi 25 mars, félicité l’opposant pour sa victoire, selon les grandes tendances. « Je salue le bon déroulement de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 et félicite le vainqueur, M. Bassirou Diomaye Faye, que les tendances donnent gagnant », a écrit Macky Sall.

Pour lui, la « démocratie sénégalaise » vient ainsi de triompher.

M.A

Sénégal- « Je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour », Amadou Ba

Au Sénégal, Amadou Ba n’a pas attendu les résultats officiels avant de congratuler le vainqueur de la présidentielle du dimanche 23 mars dernier. A travers un message publié sur ses canaux officiels, le candidat du parti au pouvoir a adressé ses félicitations,  à Bassirou Diomaye Diakhar Faye

Au Sénégal, Amadou Ba n’a pas attendu les résultats officiels avant de congratuler le vainqueur de la présidentielle du dimanche 24 mars dernier. A travers un message publié sur ses canaux officiels, le candidat du parti au pouvoir a adressé ses félicitations,  à Bassirou Diomaye Diakhar Faye, reconnaissant au passage sa défaite.  » Au regard des tendances des résultats de l’élection présidentielle et en attendant la proclamation officielle, je félicite le Président Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour sa victoire dès le premier tour », a t-il écrit, avant de lui souhaiter plein succès pour la suite « Je prie le Tout Puissant lui accorder l’énergie et la force nécessaires pour assumer cette haute fonction à la tête de notre pays. Je lui souhaite beaucoup de réussite et de succès pour le bien-être du peuple sénégalais ».

Outre le message de félicitation, l’ancien premier ministre de Macky Sall a téléphoné à Bassirou Diomaye Diakhar Faye pour lui adresser ses félicitations.

M.A

Présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal : La Cédeao annonce le déploiement de 130 observateurs et félicite Macky Sall pour cet acte

Dans un communiqué publié le 16 mars, la Cédeao a annoncé l’envoi de 130 observateurs au Sénégal sous la direction du professeur Ibrahim Agboola Gambari , ancien sous- secrétaire général des nations unies et ancien ministre des affaires étrangères du Nigéria dans le cadre de la présidentielle du 24 mars. En outre, l’organisation ouest africaine a,…

Dans un communiqué publié le 16 mars, la Cédeao a annoncé l’envoi de 130 observateurs au Sénégal sous la direction du professeur Ibrahim Agboola Gambari , ancien sous- secrétaire général des nations unies et ancien ministre des affaires étrangères du Nigéria dans le cadre de la présidentielle du 24 mars. En outre, l’organisation ouest africaine a, sans le nommer, adressé ses félicitations à Macky Sall pour  la promulgation de la loi d’amnistie. Pour rappel, Ousmane Sonko a été libéré de prison suite à la promulgation de cette loi.

COMMUNIQUÉ NO.4 

La Commission de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) continue de suivre l’évolution de la situation politique au Sénégal.

La Commission se félicite de la promulgation de la loi d’amnistie et reste déterminée à soutenir le peuple sénégalais dans ses efforts de réconciliation nationale et de consolidation démocratique.

A cet égard, et conformément à l’article 12 et d’autres dispositions pertinentes du Protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance (2001), et des autres instruments régionaux et internationaux pertinents, la Commission de la CEDEAO déploiera dans le cadre de la tenue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024 au Sénégal, une forte délégation de 130 observateurs sous la direction de Son Excellence le professeur Ibrahim Agboola GAMBARI, ancien sous- secrétaire général des nations unies et ancien ministre des affaires étrangères du Nigéria.

Par conséquent, la Commission lance un appel à toutes les parties prenantes du processus électoral à faire du Sénégal le vrai gagnant de l’élection en prônant et en donnant la priorité à la tolérance, à la paix et à la réconciliation à travers des propos et des actes pacifiques.

Abuja, le 16 mars 2024.

Peut être une illustration de texte

Présidentielle au Sénégal : Le conseil constitutionnel approuve la date du 24 mars

La présidentielle au Sénégal aura bel et bien lieu le 24 mars 2024. Le Conseil constitutionnel vient de valider la date proposée par le président Macky Sall.  

La présidentielle au Sénégal aura bel et bien lieu le 24 mars 2024. Le Conseil constitutionnel vient de valider la date proposée par le président Macky Sall.

Dans un communiqué,  la juridiction fait remarquer que « la fixation de la date de l’élection et la convocation du corps électoral relèvent des prérogatives légales du Président de la République ».
En application des décrets n° 2024-690 et n° 2024-691 du 6 mars 2024, le conseil constitutionnel rejoint le président de la République dans sa décision, celle de fixer le scrutin pour l’élection présidentielle au 24 mars 2024.

Les 19 candidats retenus pour participer au scrutin sont donc prévenus.

M.A

Sénégal : Macky Sall pense toujours à une présidentielle hors-délai

Au Sénégal, Macky Sall semble faire à sa tête. Malgré la décision du conseil constitutionnel, le président sénégalais, dont le mandat expire le 02 avril, tient toujours à son idée d’une présidentielle hors-délai. C’est du moins ce qu’il faut retenir des conclusions du dialogue national entre le chef de l’Etat Macky Sall et les forces vives de la nation, dialogue largement boycotté par plusieurs candidats à la présidentielle.

Au Sénégal, Macky Sall semble faire à sa tête. Malgré la décision du conseil constitutionnel, le président sénégalais, dont le mandat expire le 02 avril, tient toujours à son idée d’une présidentielle hors-délai. C’est du moins ce qu’il faut retenir des conclusions du dialogue national entre le chef de l’Etat Macky Sall et les forces vives de la nation, dialogue largement boycotté par plusieurs candidats à la présidentielle.

En effet, selon Dakar Actu, Macky Sall et les participants au dialogue, qui a duré deux jours, ont proposé le 02 juin, comme date de la prochaine présidentielle.

En outre, la confirmation de la participation des 19 candidats retenus par le conseil Constitutionnel,  la « réintégration » de la candidature de Karim Wade, candidat recalé du fait de sa double nationalité constituent également les points clés  des conclusions issues de ces rencontres.

Des propositions qui laissent croire que le Sénégal n’est pas encore sorti de l’auberge.

Manassé AGBOSSAGA

« Macky Sall ne voulait pas aller aux élections sans certitude pour le camp présidentiel de l’emporter », selon ce spécialiste de l’histoire politique sénégalaise

Au Sénégal, beaucoup attendent avec impatience la décision du Conseil constitutionnel saisi par plusieurs candidats d’opposition qui affirment que le report de l’élection présidentielle du 25 février est un « coup d’État constitutionnel ». Les sept « sages » du Conseil vont-ils trancher ou vont-ils tout simplement se déclarer incompétents ? Le chercheur français Étienne Smith est spécialiste de l’histoire politique sénégalaise. Il enseigne à Sciences Po Bordeaux et travaille au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM).

Au Sénégal, beaucoup attendent avec impatience la décision du Conseil constitutionnel saisi par plusieurs candidats d’opposition qui affirment que le report de l’élection présidentielle du 25 février est un « coup d’État constitutionnel ». Les sept « sages » du Conseil vont-ils trancher ou vont-ils tout simplement se déclarer incompétents ? Le chercheur français Étienne Smith est spécialiste de l’histoire politique sénégalaise. Il enseigne à Sciences Po Bordeaux et travaille au laboratoire Les Afriques dans le monde (LAM).

RFI : Étienne Smith, quel est à votre avis la vraie raison pour laquelle Macky Sall a reporté les élections ?

Étienne Smith : Alors, les indices convergent vers un constat que le président de la République ne voulait sans doute pas aller aux élections sans certitude pour le camp présidentiel de l’emporter. Et si possible au premier tour. Parce que le second tour est particulièrement dangereux pour le camp sortant dans les élections au Sénégal. Donc, on suppose une forme de volonté de contrôler sa succession, en tout cas d’être assuré que les élections donneraient un résultat favorable pour le camp présidentiel. Or, les sondages auraient montré que l’élection leur échappait en grande partie, ce qui expliquerait du coup cette volonté de report. Et l’autre élément, c’est la validation en fait de la candidature du candidat du Pastef, Bassirou Diomaye Faye, qui est une vraie épine dans le pied pour le camp sortant qui semblait ne pas l’avoir vu venir. Et donc, c’est un paradoxe, dans un pays où les sondages électoraux, sont interdits, que les élections auraient été annulées sur la base de mauvais sondages. C’est assez paradoxal finalement.

Donc, vous pensez que Macky Sall veut changer de candidat. Est-ce qu’il envisage éventuellement un troisième mandat pour lui-même ?

Ah ça, on ne peut pas savoir, personne n’est dans sa tête. Mais en tout cas, ce que l’on peut constater, c’est que toutes les prises de paroles présidentielles depuis juin sont assez curieuses, avec un candidat qui semble mal à l’aise sur cette question du troisième mandat. En juin dernier, il a annoncé bien sûr ne pas envisager de troisième mandat, mais depuis les phrases sibyllines se répètent, donc on sent quelque part que le candidat n’est pas tout à fait, en tout cas, il ne semble pas avoir complètement fait le deuil de cette possibilité de maintien au pouvoir.

Et s’il change de candidat, vers qui pourrait-il se tourner ?

Alors ça, c’est trop tôt pour le dire. À ce stade, est-ce que même l’option de changer de candidat est sur la table ? Comme le Pastef, lui-même, avait plusieurs plans, A, B, C, peut-être que le parti au pouvoir, l’APR, a lui-même, ces plans B ou C. Par exemple, il y avait le candidat Boun Abdallah Dionne, l’ancien Premier ministre, et cetera. Donc, il y a potentiellement, du côté du camp du pouvoir, la possibilité de permuter des candidats si le besoin s’en fait sentir.

Alors, pour le report, il y a le parti au pouvoir APR de Macky Sall et le PDS de Karim Wade. Est-ce qu’on peut parler d’une reconstitution du camp libéral comme au temps d’Abdoulaye Wade, il y a 15 ans ?

Il y a en tout cas un retournement spectaculaire d’alliance avec effectivement cette alliance APR-PDS, qui a des effets très concrets pour ces deux partis. C’est, d’une part, que le camp du pouvoir dispose maintenant d’une majorité des trois-cinquièmes à l’Assemblée, donc une majorité automatique des trois-cinquièmes, qui permet de retoucher la Constitution à loisir. Et aussi, dans une perspective plus électorale cette fois, [cela lui permet] de disposer de réserves de voix pour un éventuel second tour puisque, du coup, le PDS pourrait être une réserve de voix pour le parti au pouvoir en cas de difficulté pour le second tour. Mais il faut souligner que cette alliance de l’APR avec le PDS ne fait pas que des heureux, puisqu’au sein déjà de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar, l’APR n’est pas seule, et les alliés de l’APR, eux, ne voient pas d’un bon œil forcément ce retour du PDS. Et même dans le camp de l’APR lui-même, dans le camp d’Amadou Ba, s’allier avec un parti, le PDS, qui a nommément accusé le Premier ministre de corruption, c’est assez étrange comme attelage, et ça en dit long sur le fait que cet attelage APR-PDS ne fait pas que des heureux.

Un attelage qui pourrait faire face électoralement au candidat du Pastef d’Ousmane Sonko ?

L’arithmétique électorale imposerait en tout cas ce genre d’alliance puisque, effectivement, le camp du pouvoir tout seul ne semblerait pas être capable de l’emporter face au Pastef.

Le pouvoir affirme que le report est légal, alors que l’opposition affirme, au contraire, que le report est illégal. Qu’en est-il réellement ?

Alors, il ne m’appartient pas de répondre sur cet aspect en tant que chercheur non constitutionnaliste et en plus en tant que chercheur étranger. C’est bien sûr au Conseil constitutionnel sénégalais de trancher et son avis est grandement attendu, peut-être dans cette semaine qui vient. Alors, effectivement, on peut constater qu’Ismaïla Madior Fall donc, le ministre des Affaires étrangères et ancien ministre de la Justice, a, lui-même, fait connaître son avis, et certains juristes l’ont appuyé, pour souligner que le Conseil constitutionnel devrait se déclarer incompétent. Mais ça reste, il me semble, un avis plutôt isolé parce que, de l’autre côté, tout ce que le Sénégal compte de spécialistes ou ténors du droit constitutionnel a montré aussi, donc à l’encontre de la position gouvernementale, que le Conseil constitutionnel avait toute légitimité et latitude à se prononcer pour éventuellement censurer cette loi de dérogation. En argumentant que la loi votée au Parlement viole plusieurs articles de la Constitution, notamment l’article 27 qui fixe la durée du mandat présidentiel à cinq ans et l’article 103 qui précise que le nombre et la durée des mandats ne peut pas faire l’objet de révision. Alors, les discussions porteront peut-être sur la question de savoir jusqu’où on peut aller dans la dérogation et la différence, peut-être, entre dérogation et révision, jusqu’où on peut déroger à la Constitution sans la violer. Mais bon, c’est en tout cas une question qui sera tranchée par le Conseil constitutionnel qui a une occasion quelque part d’exister historiquement, d’incarner son rôle de défenseur de la Constitution et de redonner une certaine sacralité au processus électoral. Donc, cette décision va être extrêmement attendue, elle va être un tournant dans l’histoire, on peut déjà le prédire, un tournant, quelles que soient les décisions, dans l’histoire politique du Sénégal.

Dans le camp d’Ousmane Sonko, on dit notamment que, si on peut faire des dérogations sur la durée du mandat, on pourra faire demain des dérogations sur le nombre de mandats, voire sur la forme républicaine de l’État.

Tout à fait. Est-ce que le Sénégal est prêt à ouvrir une forme de boîte de Pandore où, sur une simple majorité des trois-cinquièmes, un camp au pouvoir peut changer la Constitution de façon radicale sur la base de cette dérogation et des dispositions existantes ? C’est effectivement une porte ouverte à toutes sortes d’abus. Donc, il y aura vraiment cette question de la proportionnalité et le rapport entre l’objectif et les moyens. Est-ce que ce moyen constitutionnel n’est pas la porte ouverte à des objectifs qui seraient encore pire par la suite ? Donc, le nombre de mandats, pourquoi pas même imaginer que le Conseil constitutionnel soit lui-même quelque part démis par une réforme de la Constitution, et cetera ? Donc, tout est envisageable. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le Conseil constitutionnel est lui-même potentiellement divisé et que les pressions et les chantages qui s’exercent sur lui sont énormes. Puisqu’il y a eu cette mise en accusation par l’Assemblée du Conseil constitutionnel, c’est déjà quelque chose qui ne lui permet pas forcément de s’exprimer en toute sérénité puisqu’il y a ces pressions, voire ce chantage, contre certains membres du Conseil constitutionnel. Après, les magistrats peuvent distinguer les choses et peuvent s’exprimer, par exemple, sur le refus de l’extension du mandat présidentiel, puisque la Constitution précise bien qu’il ne peut pas dépasser cinq ans. Donc, il pourrait par exemple dire que, au 2 avril, le président sortant devrait démissionner et, par contre, dissocier cette question-là de l’organisation du scrutin électoral qui, lui, pourrait s’organiser sous une forme de transition, par exemple avec le président de l’Assemblée nationale qui, dans les trois mois, doit organiser un scrutin en cas de démission du président de la République. Donc, le Conseil constitutionnel dispose de plusieurs pistes de sortie possibles de crise malgré tout dans ses textes.

Il n’est pas obligé de se déclarer incompétent…

Non, tout à fait. Il est attendu et, effectivement, beaucoup de juristes, une majorité de juristes d’ailleurs, ont plaidé pour le fait qu’il se déclare compétent.

Selon la Constitution, le mandat de Macky Sall doit donc se terminer le 2 avril. Est-ce qu’il y a un risque de vide juridique au-delà de cette date ?

Alors, tout va dépendre de la décision prise par le Conseil constitutionnel, donc on ne peut pas encore préjuger de ce que sera cette décision. Mais il y a des risques d’instabilité tout simplement. On entre dans un inconnu complet, un inconnu constitutionnel, politique, qui laisse à penser qu’ensuite ça peut être de purs rapports de force qui s’expriment si, justement, on s’affranchit du calendrier, ou en tout cas d’une forme de stabilité ou de prévisibilité juridique. Donc, effectivement, l’avenir est plutôt lourd de menaces après le 2 avril. Et il faut noter que le président lui-même, dans son interview à Associated Press, a été assez sibyllin, parlant du fait que nous ne sommes pas seuls sur la scène, et cetera. Ça a été interprété différemment dans le champ politique sénégalais comme menace ou chantage de coup d’État, et cetera. C’était assez curieux. Donc, les observateurs sont assez désemparés. Ce qu’il faut comprendre, c’est que, si on reste sur le calendrier prévu par cette proposition de loi, au 15 décembre 2024, ça suppose une année complète, une année préélectorale qui, on le sait, historiquement au Sénégal est souvent source de tensions. Donc, c’est quelque part le pire des scénarios qu’un report au mois de décembre, c’est une année complète garantie en termes d’instabilité, donc pour les acteurs économiques, pour les Sénégalais dans leur vie au quotidien, et cetera. Cette incertitude d’une année électorale complète, c’est assez problématique.

Dans la Constitution sénégalaise, il existe un article 52 qui donne au président les pleins pouvoirs en cas de circonstances exceptionnelles. Est-ce que c’est un scénario envisageable ?

Alors, il est trop tôt pour le dire. Ce qu’on peut noter toutefois, c’est que, dans les éléments de langage qui ont été diffusés au moment où la loi, la proposition de loi a été faite, des éléments de langage qui reprenaient texto les circonstances posées par l’article 52 pour une activation de celui-ci avaient été émis par les députés dans le texte de proposition de loi. Donc, c’est un signe quand même que c’est un scénario qui, me semble-t-il, a pu être envisagé ou qui reste pour l’avenir envisageable, qui reste en réserve quelque part comme une option pour le pouvoir. Donc, c’est là aussi quelque chose d’assez inquiétant.

Par :Christophe Boisbouvier/Rfi

Report de la présidentielle au Sénégal : la position de l’Union Africaine

L »Union africaine réagit au report de la présidentielle sénégalaise du 25 février 2024. Dans un communiqué en date du 04 février et signé de son président, Moussa Faki Mahamat, l’organisation exprime sa préoccupation.

L »Union africaine réagit au report de la présidentielle sénégalaise du 25 février 2024. Dans un communiqué en date du 04 février et signé de son président, Moussa Faki Mahamat, l’organisation exprime sa préoccupation.

Et face à la situation politique tendue dans le pays, le Président de la Commission « invite les autorités nationales compétentes à organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale ».

En attendant, l’UA appelle les différentes parties à « la concertation, l’entente et au dialogue ».

Lire ci-dessous le communiqué Communiqué du Président de la Commission de l’Union Africaine sur le Report des Élections au Sénégal.

M.A

Communiqué du Président de la Commission de l’Union Africaine sur le Report des Élections au Sénégal 

Addis-Abeba, Éthiopie : 04 février 2024 – Le Président de la Commission de l’Union Africaine (CUA) S.E Moussa Faki Mahamat a appris le report des élections présidentielles en République du Sénégal avec préoccupation tant la situation politique dans ce pays où le modèle démocratique a toujours été salué avec haute appréciation, ne saurait laisser aucun africain indifférent.

Le Président de la Commission invite les autorités nationales compétentes à organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale.

Il encourage vivement toutes les forces politiques et sociales au règlement de tout différend politique par la concertation, l’entente et le dialogue civilisés, dans le strict respect des principes qui gouvernent l’État de droit dont le pays a une tradition historique enracinée.

Sénégal : Macky Sall annonce le report sine die de la présidentielle du 25 février

Coup de tonnerre au Sénégal ! A quelques heures du démarrage de la campagne électorale pour la présidentielle du 25 février, Macky Sall a annoncé le report sine die du scrutin.

Coup de tonnerre au Sénégal ! A quelques heures du démarrage de la campagne électorale pour la présidentielle du 25 février, Macky Sall a annoncé le report sine die du scrutin.

Dans un discours lu ce samedi 03 février 2024, le président sénégalais a notamment annoncé l’abrogation du décret fixant au 25 février la date de la présidentielle. Ceci après la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral est remise en cause.

« En ma qualité de Président et garant des institutions, je ne pourrais intervenir entre les institutions par respect au principe de séparation des pouvoirs. J’ai pris acte de cette saisie du parti démocratique sénégalais, et en conséquence, compte tenu de la délibération en cours, j’ai signé le décret abrogeant le décret portant convocation du corps électoral et invite l’Assemblée nationale à poursuivre son travail » a déclaré le président Sall.

Pour Macky Sall, la lumière doit être faite sur ce conflit supposé de corruption de juges constitutionnels. Idem, sur « le cas d’une candidate qui a une double nationalité », sourient Macky Sall.

Le président sénégalais a laissé entendre que ces faits constituent une violation de la Constitution et sont sources d’un contentieux pré et post électoral.

Et sans donner de date pour la présidentielle, Macky Sall a annoncé la tenue d’un « dialogue national ouvert, afin de réunir les conditions d’une élection libre, transparente et inclusive ».

M.A