Canada : Montréal a versé 130 000$ aux avocats de Sue Montgomery

La saga entourant la gestion de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN–NDG) par la mairesse Sue Montgomery et les démêlés de cette dernière avec la Ville de Montréal coûte cher. Jusqu’à maintenant, la Ville de Montréal a versé près de 130 000 $ aux avocats de Mme Montgomery, somme qu’elle souhaite d’ailleurs récupérer.

La saga entourant la gestion de l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce (CDN–NDG) par la mairesse Sue Montgomery et les démêlés de cette dernière avec la Ville de Montréal coûte cher. Jusqu’à maintenant, la Ville de Montréal a versé près de 130 000 $ aux avocats de Mme Montgomery, somme qu’elle souhaite d’ailleurs récupérer.

La semaine dernière, la mairesse Montgomery a tenté, pour une quatrième fois, de suspendre le directeur d’arrondissement, Stéphane Plante, qu’elle accuse d’avoir menti dans le dossier du prolongement de la piste cyclable sur la rue de Terrebonne. Et pour une quatrième fois, les autres élus de l’arrondissement ont infirmé sa décision, alléguant que les reproches de la mairesse n’étaient pas fondés.

Depuis la parution du rapport de la Division du respect de la personne faisant état de harcèlement psychologique de la part de la directrice de cabinet de Mme Montgomery, Annalisa Harris, envers deux employés, dont Stéphane Plante, la ville-centre et la mairesse de CDN–NDG se sont engagés dans un bras de fer juridique. D’une part, Sue Montgomery doit se défendre devant la Commission municipale du Québec pour une citation en déontologie, mais elle livre aussi une bataille contre la Ville devant la Cour supérieure à la suite d’un recours en injonction entrepris par celle-ci.

En avril dernier, la Cour supérieure a ordonné à la Ville d’assumer les frais de représentation de l’élue en vertu de la Loi sur les cités et villes. La facture de la firme Municonseil avocats, qui représente Mme Montgomery, atteint maintenant 128 708 $. Et les procédures ne sont pas terminées. La Ville s’est adressée aux tribunaux pour récupérer le montant de ces honoraires.

Le conseiller Marvin Rotrand craint d’ailleurs que la facture ne monte en flèche au fil des mois. « Si Mme Montgomery interjette appel, ça pourrait facilement atteindre 500 000 $», dit-il.

Les tensions ont envenimé le climat de travail au sein de l’arrondissement. Selon les informations obtenues par Le Devoir, deux hauts fonctionnaires se sont retrouvés en congé de maladie prolongé, soit Pierre Boutin, directeur des travaux publics, et Lucie Bédard, directrice de l’aménagement urbain et du service aux entreprises, de même qu’un autre fonctionnaire, Pascal Trottier, qui dirige la division des services techniques.

En mai dernier, cinq hauts fonctionnaires, parmi lesquels Pierre Boutin et Lucie Bédard, avaient d’ailleurs écrit aux élus pour les presser d’agir afin d’assainir l’environnement de travail. « Les membres de l’équipe de direction tiennent à vous exprimer leur grand désarroi face à l’environnement de travail toxique qui prévaut entre les hauts fonctionnaires de l’arrondissement et le Bureau des élus depuis environ 10 mois, et qui se dégrade de manière accélérée depuis le mois de janvier 2020 », écrivaient-ils dans leur missive.

« Il y a des employés qui veulent quitter l’arrondissement et demandent d’être transférés dans d’autres arrondissements », souligne le conseiller de Projet Montréal, Christian Arseneault. « L’arrondissement cultive une réputation à la Ville de Montréal comme arrondissement où la mairesse se mêle de tout et de n’importe quoi et où la mairesse, si elle ne vous aime pas, va faire de votre vie un enfer. »

Une source au sein de l’arrondissement soutient toutefois que si le moral de certains employés est affecté par les tensions, il n’y a pas de départs massifs.

Ce climat nuit aussi à la bonne marche de l’arrondissement et à l’avancement des dossiers, avance Christian Arseneault : « On commence à parler d’un mandat perdu parce qu’on ne peut rien faire. »

Les suspensions à répétition du directeur de l’arrondissement sont perçues par les élus comme de l’« acharnement » de la part de Sue Montgomery. « Elle veut rendre la situation invivable pour le directeur d’arrondissement. Heureusement, il a le sens du devoir envers la population », indique le conseiller d’Ensemble Montréal, Lionel Perez.

Le directeur d’arrondissement, Stéphane Plante, a décliné notre demande d’entrevue et il n’a pas été possible de parler avec Sue Montgomery lundi.

La piste de la discorde

C’est le prolongement de la piste cyclable de la rue de Terrebonne qui a amené la mairesse Montgomery à suspendre sans salaire le directeur d’arrondissement pour une quatrième fois. La piste aménagée par l’arrondissement à la fin de juillet — et que tous les élus avaient approuvée — devait être prolongée entre l’avenue Belmore et le boulevard Cavendish.

Sue Montgomery soutient que Stéphane Plante a délibérément ignoré la volonté des élus et qu’il lui a menti au sujet d’une demande d’approbation faite auprès du Centre de coordination des mesures d’urgence. Courriels à l’appui, les autres élus contestent sa version des faits. Ils ont d’ailleurs voté en faveur du retour de Stéphane Plante à son poste jeudi dernier.

L’aménagement de la piste cyclable, qui a entraîné le retrait de places de stationnement, incommode de nombreux résidents du secteur. Lundi, lors de l’assemblée du conseil municipal, Sue Montgomery a mentionné que la piste serait démantelée à la mi-octobre. Marvin Rotrand entend demander qu’elle le soit à compter du 9 septembre.

Par Jeanne Corriveau/Le Devoir/msn