Un Américain innocenté après 31 ans passés en prison

Carlton Roman, un Américain condamné en 1990 pour meurtre a été innocenté et libéré lundi.

© Capture d’écran/CBS

Lorsqu’il a été condamné en 1990, Carlton Roman n’avait que 26 ans et aucun casier judiciaire. Cette année-là, il avait été déclaré coupable du meurtre, un an plus tôt, d’un homme dans une maison du Queens, à New York. Lundi, il a finalement quitté la prison où il été incarcéré, après plus de 31 ans derrière les barreaux. La justice l’a innocenté du crime pour lequel il était accusait. «C’est merveilleux. Cela fait 31 ans et quiconque ici peut imaginer ce que cela fait d’être en enfer, ce sont mes dix premières minutes hors de là», a-t-il réagi auprès de NY1. La procureure de district Melinda Katz a déclaré au tribunal que l’Unité d’intégrité des condamnations (CIU) de son bureau avait découvert de nouvelles preuves suggérant son innocence. «Il n’y a rien que je puisse dire qui vous rendra les 32 années qui vous ont été prises», a-t-elle déclaré. Elle a expliqué qu’un témoin s’est rétracté et avait également fait des récits contradictoires à propos de la fusillade auprès des enquêteurs. Par ailleurs, une description initiale du suspect ne correspondait pas à Carlton Roman, mais le jury au tribunal n’avait pas pris en compte cette information.

«Je ne suis même pas en colère qu’une erreur ait été commise, mais je ne suis pas très heureux qu’il ait fallu 31 ans pour la réparer», a déclaré l’homme lors de son audience cette semaine. «Tout ce dont nous avions besoin, c’était de quelqu’un pour examiner sérieusement cette affaire. En 1989, les gens auraient dû savoir qu’il s’agissait d’une affaire sérieusement imparfaite», ont réagi ses avocats.

« A mes frères là-bas, il faut se battre pour la justice »

Le meurtre a eu lieu le 16 mars 1989. Ce jour-là, deux hommes, Lloyd Witter et Jomo Kenyatta ont été touchés par balles dans une résidence du Queens. Le premier a succombé à ses blessures et le deuxième a survécu, restant cependant paralysé. Un troisième homme, Paul Anderson, qui vivait au même endroit, avait été attaché avec un câble de téléphone et menotté près du corps de Lloyd Witter. Les deux survivants ont témoigné auprès de la police, accusant Carlton Roman. Pourtant aucune preuve médico-légale, balistique, d’empreintes digitales ou d’ADN ne l’a lié à la fusillade. Il avait malgré tout été inculpé de meurtre et de tentative de meurtre, alors qu’il continuait à clamer son innocence. Elève diplômé, il avait affirmé être avec sa petite amie le soir du crime. Un alibi confirmé par celle-ci. Condamné sur les seuls témoignages des deux hommes, il avait écopé de 43 ans de prison.

A sa sortie de prison, il a eu une pensée pour les gens qui, comme lui, sont accusés à tort. «Je suis dehors maintenant, mais il y a des tas de gens comme moi qui ont besoin d’aide et d’attention. A mes frères là-bas, il faut se battre pour la justice. Je vous salue tous. Restez forts et ne perdez jamais espoir».

Paris Match