Origines du Covid-19 : la Chine s’oppose fermement aux investigations de l’OMS

Pékin n’en démord pas. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne sera pas autorisée à poursuivre ses enquêtes sur les origines du Covid-19 à Wuhan. Dans une déclaration reprise par l’AFP ce jeudi, la Chine a dénoncé l’arrogance de l’organisation, interprétant celle-ci comme «un manque de respect envers la science».

Pékin n’en démord pas. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne sera pas autorisée à poursuivre ses enquêtes sur les origines du Covid-19 à Wuhan. Dans une déclaration reprise par l’AFP ce jeudi, la Chine a dénoncé l’arrogance de l’organisation, interprétant celle-ci comme «un manque de respect envers la science».

La Chine a démenti une nouvelle fois l’hypothèse d’une fuite provenant du centre de virologie basé à Wuhan, le fameux «laboratoire P4».
© Johannes Eisele La Chine a démenti une nouvelle fois l’hypothèse d’une fuite provenant du centre de virologie basé à Wuhan, le fameux «laboratoire P4».

Une fois de plus, la théorie d’une fuite de laboratoire provenant du centre de virologie chinois basé à Wuhan, le fameux «laboratoire P4», est balayée par le gouvernement chinois. Celui-ci refuse de reconnaître les origines chinoises du virus, reléguant cette hypothèse aux rangs de «rumeur». Interrogé par la presse locale, le ministre de la Santé chinois Zeng Yixin a affirmé que l’Institut de virologie de Wuhan «n’avait jamais mené de recherches» sur les coronavirus. Il a même laissé entendre à l’AFP qu’il aurait pu être importé dans le pays.

Ultimatum

Plus d’un an et demi après le début de la pandémie, les scientifiques peinent toujours à retracer l’origine du virus et l’hypothèse d’un accident de laboratoire revient en force ces derniers mois. Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, longtemps accusé d’être trop complaisant envers Pékin, avait créé la surprise en mars dernier, demandant des enquêtes supplémentaires quelques jours après que des experts internationaux dépêchés à Wuhan par l’OMS ont jugé «extrêmement improbable» que le virus provienne d’un laboratoire. En mai, l’hypothèse est de nouveau sur la table : une vingtaine d’éminents scientifiques américains demandent, dans un article de la revue Science, à examiner plus sérieusement la piste d’un incident de laboratoire.

Cet ultimatum est le premier frein explicite à l’enquête sur les origines du Covid-19. Les réticences chinoises à collaborer sont toutefois apparues dès le début. Si des membres de l’OMS ont été autorisés à pénétrer dans le laboratoire en janvier 2021, la communauté scientifique dénonce alors le manque de transparence de la Chine et exige quelques jours plus tard une enquête approfondie et impartiale. Dans une tribune publiée le 4 mars dernier dans le Monde, plusieurs scientifiques écrivaient : «Nous souhaitons attirer l’attention sur le fait que la moitié de l’équipe conjointe réunie dans le cadre de ce processus est composée de citoyens chinois, dont l’indépendance scientifique pourrait être limitée.»

La Chine s’en défend et critique à son tour un manque de transparence de la part des Etats-Unis. Responsables chinois comme médias d’Etat pointent du doigt en particulier le laboratoire de Fort Detrick, au cœur de la recherche américaine contre le bioterrorisme, comme étant à l’origine du Covid-19. Selon le Global Timesquotidien chinois au ton résolument nationaliste, 5 millions d’internautes avaient signé mercredi une pétition pour l’ouverture d’une enquête sur le laboratoire américain.

Source: Libération

L’OMS continue son enquête sur l’origine de la pandémie à Wuhan

Une équipe de l’Organisation mondiale de la santé qui se penche sur les origines de la pandémie de coronavirus s’est rendue dimanche dans un marché connu pour avoir été le centre de distribution alimentaire de la ville chinoise de Wuhan lors du confinement de 76 jours l’année dernière.© Fournis par La Presse Canadienne

Les membres de l’équipe ont été vus marchant dans des sections du marché de Baishazhou – l’un des plus grands marchés humides de Wuhan – accompagnés d’un grand entourage de fonctionnaires et de représentants chinois.

Les membres de l’OMS, dotés d’une expertise en matière de médecine vétérinaire, de virologie, de sécurité alimentaire et d’épidémiologie, ont jusqu’à présent visité deux hôpitaux là où la pandémie a débuté – l’hôpital Wuhan Jinyintan et l’hôpital intégré de médecine chinoise et occidentale du Hubei.

Samedi, ils ont également visité l’exposition d’un musée consacrée aux débuts de l’histoire de la COVID-19.

L’OMS, qui est basée à Genève, a déclaré sur Twitter jeudi dernier que l’équipe prévoyait de visiter des hôpitaux et des marchés comme le marché de fruits de mer de Huanan, qui était lié à bon nombre des premiers cas. Ils ont également répertorié l’Institut de virologie de Wuhan et des laboratoires dans des installations telles que le Centre de contrôle des maladies de Wuhan.

La mission est devenue politiquement chargée, alors que la Chine cherche à éviter d’être blâmée pour des faux pas présumés dans sa réponse à l’épidémie.

Il est peu probable qu’une seule visite de scientifiques confirme les origines du virus. Déterminer le réservoir animal d’une épidémie est généralement une entreprise exhaustive qui nécessite des années de recherche, notamment le prélèvement d’échantillons animaux, des analyses génétiques et des études épidémiologiques.

L’une des hypothèses est qu’un braconnier d’animaux sauvages ait pu transmettre le virus à des commerçants qui l’ont transporté à Wuhan. Le gouvernement chinois a fait part de théories, avec peu de preuves, selon lesquelles l’épidémie aurait pu commencer par des importations de fruits de mer congelés contaminés par le virus, une notion totalement rejetée par les scientifiques et les agences internationales.

– Par Emily Wang Fujiyama et Zen Soo, The Associated Press/La Presse Canadienne