Quand l'anodin devient une information

Prisonniers politiques, libération de Madougou, ouverture politique,… : Talon répond et lance « il se pourrait que… »

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L’opposition béninoise voulait voir Emmanuel Macron bousculer Patrice Talon sur le plan politique lors de sa visite au Bénin. Et bien, c’est chose faite. Lors de son tête-à-tête avec son homologue Béninois, au palais de la marina, mercredi 27 juillet 2022, le président Français n’a pas manqué d’évoquer la situation des prisonniers, exilés politiques et autres sujets politiques qui fâchent.

En marge de la conférence de presse conjointe organisée, Emmanuel Macron a laissé entendre qu’il a plaidé pour une ouverture politique avant la confirmation par Patrice Talon.

Talon interrogé sur les prisonniers politiques

Et lors de la conférence de presse conjointe animée par Emmanuel Macron et Patrice Talon, un journaliste Français est revenu sur le sujet. Il a cherché à savoir si cette ouverture politique allait passer par la libération des leaders de l’opposition emprisonnés où le retour au Bénin de ce ceux qui sont en exil.

 A cette question, Patrice Talon a alterné sourire, longue explication, ouverture et fermeté.

« (rire)…c’est le président Macron qui a parlé d’ouverture (rire)…évidemment, c’est vrai nous en avons parlé… la donne politique est une donne essentielle dans tous les pays du monde y compris les pays en voie de développement ou les pays développés.

Sur cette question, la préoccupation des uns et des autres c’est que le politique ne pollue pas l’économie. Donc, il faut pouvoir aménager la donne politique de sorte à ce que ça donne une bonne image favorable au développement économique.

Je vous dis votre question ne me surprend pas, parce qu’ il semble que notre image soit un peu écorchée par la situation politique que le Bénin a connu ces derniers temps. Moi, je n’en rougis pas du tout. Pourquoi? Parce que, vous savez quand on vient de loin, il faut être disposé à affronter tous les défis y compris nos propres travers pour nous développer.

Et la situation politique dans la quelle le Bénin était nécessitait une certaine reforme qui ont été engagées, mais vous savez une reforme qui fait plaisir à tout le monde, n’est plus une reforme.

Une réforme qui marche, qui apporte du nouveau, qui apporte du positif, forcément enlève des privilèges, peut être indus, mais des privilèges quand même.

C’est ce qui fait que en cette matière politique, tout ce qui enlève des privilèges ou tente de corriger des acquis fait toujours l’objet de beaucoup d’histoires, de bagarres. Le Bénin l’a connu malheureusement.

Mais, une chose est de défendre son opinion, sa cause, une autre est d’utiliser ou non des moyens conventionnels ou non répréhensibles pour les défendre.

Parce que les djihadistes qui défendent une cause religieuse à leur entendement, leur cause est juste, plus que juste même, servir la cause de Dieu pour celui qui est croyant, c’est au dessus de tout. Mais est ce que pour autant si sa cause lui paraît absolument incontestable, véridique, est ce que pour autant tous les moyens sont permis pour défendre cette cause ? Mais, non.

C’est pareil en politique. Cotre cause peut être juste, vous pouvez avoir l’impression que votre cause est juste mais vous n’avez pas le droit d’utiliser des moyens criminels, délictuels pour la défendre.  Or, c’est ce qui s’est passé au Bénin.

Je conviens avec vous, que c’est des gens qui ont agi dans le champ politique. Mais les actes qui ont accompagné leurs revendications si ce sont des actes criminels, délictuels, les actes doivent être punis, c’est ce qui s’est passé.

Mais malheureusement chaque fois que la presse à l’occasion, pas la presse seule, la classe politique internationale, parfois ça nous revient dessus.  Mais quand est ce que vous allez les libérer ?

Comme si les actes n’ont jamais été commis, parce que malheureusement souvent on peut confondre un acte réellement commis par un acteur politique et une accusation politique.

Ce qui s’est passé au Bénin, ce ne sont pas des accusations politiques. C’est réel.

Mais je concède à chacun de croire ce qu’il veut.

Donc libérez des gens qui ont commis des crimes ne relèvent pas pour moi de l’ouverture. Ça, je peux vous le dire.

Mais, c’est bien que les reformes qui sont en cours tiennent compte d’un environnement favorable plus apaisé pour que les uns et les autres ne se sentent pas exclure à cause des reformes. C’est cela que moi j’appelle ouverture.  Et je crois c’est de cela que parle le président Macron.

Il n’en demeure pas moins que les personnes qui sont condamnées qui sont en détention pour les faits qu’ils ont commis, … constituent également des sujets de conversation d’intérêt.  Et c’est vrai nous l’avons évoqué.

J’ai répondu au président Macron, cette ambiance globale qui pollue un peu l’environnement et nos efforts économiques… je lui ai dit ce que je pensais de la chose…mais j’ai dit et je vais vous le dire ainsi, pour moi il n’y a pas de revendication qui tienne la route, qui vaille et qui concerne des gens qui ont commis des délits, des crimes.

Donc la manière dont cette question se pose, moi me pose un problème. Les gilets jaunes en France, leur revendication est d’ordre politique parce qu’ils ne sont pas d’accord avec le choix politique économique du gouvernement en place.

Ils contestent les choix qui sont opérés. Les choix d’une politique fiscale relèvent de la politique. Donc des gens qui le contestent, libre à eux de le contester, de trouver que ce qui est proposé n’est pas conforme à l’intérêt de tout le monde, mais pour autant est ce qu’ils ont le droit de brûler, de casser, de blesser des policiers consorts pour défendre leur cause.

Donc, toutefois que les moyens qui sont utilisés pour défendre  la cause politique, si ces manières ne sont pas bonnes, il faut que les gens répondent de ce qu’ils ont fait.

Ceux qui ont envahi le capitole aux Etats-Unis, c’est une cause politique parce qu’ils estiment que les résultats des élections ne sont pas conformes à leurs aspirations, à ce qu’ils pensent être vrai, mais est ce que pour autant ils ont le droit de prendre d’assaut le capo et de remettre en cause ce que la loi a établi ? Mais non.

J’aimerais bien vous voir poser cette question au président Biden et lui demander, mais quand est ce qu’il va arrêter le procès de ceux qui sont poursuivis pour avoir envahi le Capitole ? Je vais bien voir si la réponse qu’il va donner, si cela va vous satisfaire…»

 Bonne nouvelle pour Madougou, Aïvo,  ?

Après cette longue explication, Patrice Talon a semblé ouvrir une porte à la libération des opposants Réckya Madougou, Joël Aïvo et consorts.

« ceux qui sont en prison, il peut arriver que un acte soit fait pour gracier des gens ou pour amnistier parce que certains délits font parfois l’objet d’amnistie autant que les délits qui sont commis dans le champ politique …Donc il se pourrait que dans les temps avenirs, en mon temps ou après moi que des actes de grâce ou d’amnistie soient pris à l’encontre ces gens là.», a-t-il laissé entendre.

 « Au Bénin, il ny a pas de détenu politique »

Toutefois, Patrice Talon a martelé que ces derniers ne sont pas détenus politiques avec un ton ferme.

« Au Bénin, il n’y a pas de détenu politique. Personne n’est détenu au Bénin pour son opinion politique », a-t-il insisté, ajoutant «  Mais les gens sont détenus pour avoir agir, pour avoir commis des crimes dans le champ politique. C’est vrai ».

 Et de marteler : « Mais sur le principe de la question même, je suis droit dans mes bottes et je voudrais que la dynamique en cours au Bénin continue pour rendre crédible notre pays parce que ce qui nous importe c’est que ce pays soit un pays de droit, de démocratie, de liberté et aussi de bonne gouvernance et cela c’est important ».

Journalistes, opposants et autres voulaient avoir le son de cloche du ‘Champion de la Cédéao’’ sur la question, et bien, chacun a été servi.

Manassé AGBOSSAGA

 

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