Emprunt : Richard Boni Ouorou donne des cours au ministre des Finances et ironise,  » …un emprunteur aussi compulsif… »

Cher(e)s Terrien,ne,s

analysons l’émission d’eurobonds par notre pays en mettant l’accent sur le taux d’intérêt et les implications potentielles de cette dette pour l’avenir de la population et de l’économie du pays.

Le taux d’intérêt de 8,375% que je vois sur le site de Bloomberg est très élevé par rapport aux standards des marchés développés. Pour le Bénin, un tel taux peut refléter plusieurs facteurs, y compris mais non limités à :

1. Le risque-pays : Les investisseurs exigent un rendement plus élevé pour compenser le risque accru associé à l’investissement dans des pays en développement comme notre pays , qui peuvent avoir une histoire de volatilité économique, des problèmes de gouvernance, ou des défis structurels.

2. Les conditions du marché : Les taux d’intérêt dépendent également des conditions du marché au moment de l’émission. S’il y a une forte demande pour des actifs à haut rendement, le Bénin pourrait être contraint d’offrir un taux d’intérêt plus élevé pour attirer les investisseurs.

3. La notation de crédit : Le Bénin, comme beaucoup d’autres pays africains, ont une notation de crédit plus faible par rapport aux nations développées, ce qui entraîne des coûts d’emprunt plus élevés.

En ce qui concerne les implications de cette dette :

**À court terme**, l’émission d’eurobonds peut être vue positivement car elle fournit à notre pays des fonds nécessaires pour financer le développement, investir dans les infrastructures et stimuler la croissance économique. La sursouscription indique également un fort appétit des investisseurs pour la dette béninoise, si ce n’est pour le taux d’intérêt très alléchant, ce qui peut être interprété comme un signe de confiance dans les perspectives économiques du pays.

**À moyen et long terme**, les implications sont plus nuancées. Le service de la dette à un taux aussi élevé peut accroître la vulnérabilité financière de notre pays, surtout si la dette est utilisée pour financer des projets qui ne génèrent pas un retour économique suffisant. Si les investissements réalisés avec les fonds empruntés ne conduisent pas à une croissance économique durable, le pays pourra se retrouver dans une situation où les coûts du service de la dette limitent sa capacité à investir dans d’autres domaines essentiels, tels que l’éducation, la santé et la protection sociale.

Il est donc crucial que nos autorités gèrent cette dette de manière prudente et stratégique, en s’assurant que les fonds sont alloués à des projets à fort impact économique qui peuvent stimuler la croissance, augmenter les recettes publiques et, en fin de compte, rendre le remboursement de la dette plus gérable.

l’émission d’eurobonds à un taux d’intérêt élevé peut être perçue comme un outil double tranchant. D’un côté, elle fournit des liquidités immédiates nécessaires pour catalyser le développement économique, mais de l’autre, elle impose un fardeau financier significatif qui pourrait peser sur les générations futures.

La durabilité de la dette est donc une préoccupation majeure. Le gouvernement doit veiller à ce que les projets financés par cette dette aient un taux de rendement interne (TRI) supérieur au taux d’intérêt de la dette. Cela implique une planification minutieuse et une exécution efficace des projets d’investissement. De plus, il convient d’élaborer une stratégie de gestion de la dette à long terme pour éviter les pièges du surendettement et les crises de liquidité.

Il est également impératif de diversifier ses sources de financement et cherche à renforcer sa notation de crédit, ce qui pourrait à terme abaisser les coûts d’emprunt. Cela passe par une gouvernance économique solide, une transparence accrue, une gestion budgétaire prudente et la mise en place de réformes structurelles pour améliorer le climat des affaires et attirer davantage d’investissements directs étrangers (IDE).

Par ailleurs, nous devons être attentif aux fluctuations des taux d’intérêt sur les marchés internationaux, qui peuvent affecter le coût du service de la dette, surtout s’il y a une dépendance excessive envers les emprunts en devises étrangères.

Enfin, la société civile et les institutions de surveillance doivent jouer un rôle actif dans le suivi de l’utilisation des fonds empruntés pour s’assurer qu’ils sont dépensés de manière transparente et responsable.

En somme, l’émission d’eurobonds doit être abordée avec prudence, en prenant en compte non seulement les besoins de financement actuels, mais aussi la capacité future de notre pays à honorer ses engagements financiers sans compromettre sa stabilité économique et le bien-être de nos citoyens.

Si on peut comprendre l’exaltation du ministre des finances, la responsabilité veut qu’un emprunteur aussi compulsif fasse preuve de plus conscience que joyeux.

Issa Richard Boni Ouorou

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