Le premier parti d’opposition à Patrice Talon livre sa recette pour sortir le Bénin de la crise postélectorale. Dans un communiqué en date du 12 juillet et signé de son Comité de Direction, le Front souverain propose l’organisation d’une Conférence Patriotique Nationale(CPN) pour la Vision LMA (Langue, Monnaie, Armée), relevant au passage les insuffisances des exigences des autres forces de l’opposition.
Manassé AGBOSSAGA
Le Front souverain veut faire entendre sa voix, malgré sa non convocation à la rencontre entre le chef de l’Etat et les partis de l’Opposition, ce lundi 15 juillet 2019. Premier parti déclaré d’opposition au régime de la Rupture, le Front souverain a, à travers un communiqué en date du 12 juillet et parvenu à Kpakpato Medias, attiré l’attention des uns et des autres sur le seul chemin à prendre pour une sortie définitive de la crise. Mais avant, le parti n’a pas manqué de relever quelques insuffisances des exigences des autres forces de l’opposition.
Sur la question de l’annulation des législatives du 28 avril et la reprise des élections, le Front souverain demande aux membres de l’opposition de ne pas s’attarder sur leurs intérêts personnels et invite les uns et les autres à assumer leurs erreurs. « Le FRONT SOUVERAIN est contre. C’est une opposition poussive, aveuglée par la lutte d’intérêt et le dégagisme qui a conduit à ce résultat. Il y a déjà eu trop de dégâts, pour remettre sereinement le pays dans un débat électoral pour des législatives. Nous devons assumer nos erreurs », souligne le Comité de direction
Au sujet de « l’abrogation de toutes les lois liberticides et scélérates, notamment les lois électorales d’exclusion administrative et financière », revendication du comité national de résistance, le Front souverain en demande plus et exige l’abrogation de la nouvelle Charte des partis politiques.
Si le Front souverain adhère à l’abrogation
de toutes les lois liberticides et scélérates, notamment les lois électorales d’exclusion
administrative et financière, au point d’en réclamer plus, ce n’est pas le cas
au sujet de « l’audit international indépendant du fichier électoral
national ». « Le FRONT
SOUVERAIN ne cautionne pas cette exigence.
Les expériences de la Côte d’Ivoire et de plusieurs autres pays d’Afrique n’ont
pas convaincu le FRONT SOUVERAIN de l’impartialité totale de ces dites
Commission internationales. Le FRONT SOUVERAIN estime que l’appel à des audits
internationaux ou à la dite Communauté Internationale a souvent exacerbé les
contradictions internes », fait savoir le parti, avant d’ajouter« Cultivons la possibilité des dialogues intra
– nationaux sur le principe *le linge sale se lave en famille*. Le FRONT
SOUVERAIN prône au plus haut point, la non ingérence dans les affaires
intérieures des États. Les États n’ont pas d’Amis. Ils peuvent avoir des
alliés, souvent de circonstance. Par conséquent les pays d’Afrique doivent se
comporter en pays adultes à travers une bonne gouvernance fondée sur des
institutions solides et patriotiques ».
Sur l’exigence relative à la libération de
tous les prisonniers politiques, le Front souverain adhère à cette requête,
avec un mais. « La libération de tous les
prisonniers politiques.
Le Front souverain soutient cette exigence à condition qu’il soit établi que
les intéressés n’aient commis aucun délit », souligne le parti.
Au sujet de la « la mise en place des conditions favorables pour assurer le retour de tous les exilés politiques », le FRONT souverain se montre ouvert à cette exigence du Comité national de résistance, mais insiste sur les mots. Pour le parti, le groupe de mots ‘´conditions favorables’´ doit rimer avec « liberté d’expression et d’opinion sans persécution ».
Le Front souverain n’a pas manqué de
donner son avis sur l’exigence relative à l’enquête internationale totalement
indépendante sur les massacres des populations civiles à Cotonou, Kandi,
Tchaourou et Savè.
A ce niveau, le parti se veut prudent et pas naïf pour éviter de creuser sa
propre tombe. « …le FRONT SOUVERAIN
ne croit pas à l’impartialité totale de ces enquêtes internationales dans nos
petits pays. C’est parfois faire rentrer le loup dans la bergerie. Nous devons
tout faire pour donner à notre État une justice indépendante et fiable.
Celle-ci peut être une exigence », prévient le Front souverain.
L’unique remède
Dans son communiqué, le Front souverain ne s’est pas contenté que de relever les insuffisances des autres forces de l’opposition. Le parti s’est également évertué à proposer la voie à suivre pour une sortie de crise. En effet, le Front souverain invite toute la classe politique à une analyse en profondeur des maux qui mine le Bénin, conséquence d’une indépendance mal acquise. « Le FRONT SOUVERAIN estime que la sortie de crise doit se manifester par une ferme volonté de notre pays d’aller de l’avant en allant corriger une indépendance mal acquise dès 1960. C’est pour cette raison que le FRONT SOUVERAIN saisi l’occasion pour convier toute la classe politique à une CPN (Conférence Patriotique Nationale) pour *la Vision LMA* », indique le parti.
Les acteurs politiques béninois apprécieront !
Le Front souverain, avec ce ton, ces analyses, ces conclusions et ces propositions, on dirait un rouge rouge. En tout cas ce n’est pas un vert qui a mûri. Le Bénin a besoin de mieux sans rebrousser cchemin.