Les mesures prises par le gouvernement lors du conseil des ministres du 10 juin dernier pour soutenir les entreprises suscitent moult réactions. Dernière en date, celle de l’ancien ministre des sports, Ganiou Soglo. Revenant sur les conséquences de la pandémie au Covid-19 au plan mondial et africain, l’ancien ministre qualifie de « mesurettes » les actions prises par le gouvernement Talon pour voler au secours des entreprises. Dans un esprit critique, il suggère d’autres pistes au gouvernement. Pour plus de détails, nous vous proposons son développement.
« Il faut que je vous dise…
Les grandes crises mondiales de façon générale impactent indubitablement positivement ou négativement l’économie d’un pays. C’est ainsi que la pandémie coronavirus et ses corollaires de part sa propension vont bouleverser les rapports de forces économiques et sociales sur la planète.
L’après Covid-19 se dessine déjà avec les stratégies de déconfinement observées de part et d autre dans le monde. Les observateurs assidus constateront indéniablement que les relations internationales sont d’ores et déjà bouleversées.
Par conséquent les Etats-Unis sortiront affaiblis, leur leadership sera désormais fortement disputé par une Chine qui pèsera sur le monde un peu plus aujourd’hui qu’hier. L’Union Européenne de son côté, avec son pacte de stabilité prouve à l’opinion publique qu’il existe une certaine solidité en son sein, malgré les quelques balbutiements observés au moment où elle était l’épicentre de la pandémie. La construction européenne s’en trouve renforcée.
Quid de l’Afrique ?
Les prévisions les plus pessimistes étaient envisagées pour le continent. Tout le monde se rappelle de la mise en garde du docteur Adhanom Ghebreyesus Directeur de l’OMS. La résilience du continent du fait des différentes crises vécues l’ont préparé à mieux supporter les effets mortifères de ce mal du 21ème siècle.
La crise a ceci de cruel qu’elle affaiblira davantage les Etats vulnérables, elle les poussera à mettre en œuvre des mesures d’urgence inédites par l’ampleur de la situation.
Dans ce cadre, les autorités Béninoises après avoir pris par-dessus la jambe la sécurité sanitaire de nos populations, se découvre soudainement une âme charitable et a proposé lors de son dernier Conseil des Ministres des mesurettes dans le seul but distraire l’opinion. De la poudre de perlimpinpin dirai-je pour paraphraser le président Macron.
Contrairement à d’autres pays africains, le Bénin n’a pas opté pour le confinement mais plutôt pour un cordon sanitaire autour de certaines villes. Qu’est ce qui justifie alors cette décision du Conseil des Ministres du mercredi 10 juin ?
Au plus fort de la pandémie, les populations étaient livrées à elles-mêmes. Aucune mesure d’accompagnement, pas de plan riposte digne d’un pays émergent jouissant d’une croissance culminant à 7,5 %.
Subitement, dans un élan de magnanimité le gouvernement dégotte 75 milliards de nos francs dont une grande partie est pour les entreprises sachant que les plus florissantes sont détenues par le président Talon et ces affidés. Faut-il rappeler que dans le domaine des affaires il n’y a pas de mesures universelles qui s’appliquent à tout le monde.
Je serai tenté de dire que nous sommes dans un cas manifeste de prévarication pure et simple.
Là encore, nos dirigeants se trompent.
La machine économique mondiale est grippée : les prix des produits d’exportation dégringolent, d’énormes invendus sont à constater, la baisse des recettes est une triste réalité et enfin le tarissement de liquidité entraîne des conséquences incommensurables. Il faut de l’argent frais pour relancer l’économie. Il urge donc de remettre le pays au travail.
Pour ce faire, je crois profondément que nous devons dans un premier temps ravaler notre fierté et négocier avec notre grand voisin de l’Est, le Nigéria pour une réouverture des frontières. Diriger un pays c’est prendre en compte l’intérêt seul du peuple. La dynamique pour le Bénin est dorénavant de créer le plus possible de la richesse, une richesse qui permettra d’augmenter l’assiette fiscale des impôts et donc des recettes pour répondre aux impondérables de l’Etat.
Les emprunts et autres prêts devraient servir à redonner de l’oxygène aux petites entreprises. Dans un deuxième temps, il s’agira d’injecter de l’argent dans l’économie locale pour que l’argent circule et stimule la consommation.
Le Covid-19, enfin pour le bénin devrait être une opportunité, l’occasion idoine de repenser notre modèle économique en misant par exemple sur la transformation, la petite transformation. Créer un fond d’appui à la transformation dans le but de susciter des vocations dans ce secteur. L’enjeu serait de créer un engouement collectif.
Le Bénin devra orienter ses efforts dans d’autres cultures d’exportation autre que le coton tel que nous l’exploitons aujourd’hui. Si la propension est de rester dans ce domaine, nous pouvons partir sur du bio, qui peut s’avérer être une niche.
Une des leçons de cette pandémie est qu’elle a permis de mettre en exergue le rôle de l’humain dans notre société. L’Homme doit dorénavant être au cœur de toute politique publique.
Il faut penser y adjoindre, un grand investissement dans la formation et l’éducation qui sont des défis de demain dans la cadre d’une éventuelle politique d’industrialisation du Bénin (une formation adaptée à nos réalités).
Enfin, il ne faudra pas oublier la santé. Nous devons repenser notre système de santé. La santé pour tous sera un leitmotiv.
C’est comme cela que j’imagine le Bénin nouveau, le Bénin de l’après Covid.
Qu’en pensez-vous ?