Coronavirus : Le dépistage par la salive envisagé au Québec

De plus en plus utilisés aux États-Unis, les tests de dépistage à partir de prélèvements de salive sont à l’étude au Québec. Des résultats préliminaires indiquent qu’ils seraient presque aussi sensibles que les tests nasopharyngés, voire pareillement sensibles, et qu’ils pourraient être effectués de façon autonome sans l’intervention du personnel médical.

De plus en plus utilisés aux États-Unis, les tests de dépistage à partir de prélèvements de salive sont à l’étude au Québec. Des résultats préliminaires indiquent qu’ils seraient presque aussi sensibles que les tests nasopharyngés, voire pareillement sensibles, et qu’ils pourraient être effectués de façon autonome sans l’intervention du personnel médical.

En collaboration avec des hôpitaux universitaires, le Laboratoire national de santé publique du Québec (LNSPQ) s’applique actuellement à comparer l’efficacité et la fiabilité des tests de dépistage effectués à partir d’échantillons de salive à celles des tests faits à partir d’un prélèvement au niveau du nasopharynx, qui sont actuellement les tests les plus couramment employés.

Dans les deux cas, il s’agit d’un test PCR qui consiste à rechercher l’ARN du virus, en l’occurrence du SRAS-CoV-2, dans la salive dans un cas et dans le liquide recueilli au niveau de la jonction entre le nez et le pharynx dans l’autre cas. Pour ce faire, on a prélevé des échantillons de salive chez des gens qui avaient été préalablement déclarés positifs à la COVID-19 et on compare les résultats à ceux obtenus lors du test nasopharyngé. On regarde comment les différents types d’appareils qui sont employés au Québec arrivent à détecter l’ARN du virus dans la salive. « En début de pandémie, le LSPQ a fabriqué un test maison qui a été implanté dans plusieurs hôpitaux universitaires, mais par la suite, des compagnies commerciales ont développé des tests que le gouvernement du Québec a achetés pour éviter que nous soyons confrontés à un bris ou à une rupture de stock. Au Québec, on utilise huit plateformes différentes pour analyser les prélèvements. Ces différentes plateformes n’utilisent pas tout à fait la même technologie, la même façon d’extraire l’ARN, leur sensibilité d’analyse peut donc varier. C’est la raison pour laquelle nous devons vérifier si chaque plateforme permet de trouver l’infection dans ce type de prélèvement [salivaire] », explique la Dre Judith Fafard du LNSPQ.

Résultats comparables

L’analyse des données n’est pas terminée, mais il apparaît déjà que le prélèvement de salive « fonctionne assez bien, affirme Mme Fafard. Il aurait peut-être une sensibilité légèrement inférieure au prélèvement nasopharyngé selon la façon dont on analyse les données. Si on ne prend que les gens qui ont eu un prélèvement nasopharyngé positif et qu’on fait la comparaison avec la salive, on peut avoir des sensibilités inférieures. Nous nous sommes rendu compte que quand les virus étaient présents dans le nez, on en retrouvait de 85 à 90 % du temps dans la salive aussi ».

« Mais il peut arriver qu’une personne atteinte de la COVID-19 ait un prélèvement salivaire positif alors que le test nasopharyngé est négatif, on se retrouve alors avec des sensibilités comparables. Si c’est inférieur, c’est légèrement inférieur, pas suffisamment pour que ça soit préoccupant. Il n’y a aucune des méthodes de prélèvement qui est sensible à 100 % [ni même celle par prélèvement nasopharyngé] », précise-t-elle.

« Dès le début de la pandémie, on s’est rendu compte que chez certaines personnes qui avaient une pneumonie, on ne trouvait la présence du virus que lors d’une bronchoscopie avec une caméra descendue dans les poumons. Cela s’explique peut-être par la cinétique particulière du virus. Cela peut aussi dépendre de la technique de prélèvement, qui est assez délicate dans le cas des prélèvements nasopharyngés, qui ferait en sorte que ceux-ci seraient parfois de moins bonne qualité », poursuit la spécialiste.

« On obtiendrait probablement une meilleure sensibilité si on pratiquait les deux types de prélèvements, mais cela nous ferait perdre une partie de notre capacité d’analyse. De toute façon, quand on a une forte suspicion clinique, comme lorsqu’il s’agit d’une personne qui a été en contact avec un cas de COVID-19 ou qui a des symptômes compatibles, on recommande toujours, en cas de résultat négatif, de répéter le prélèvement pour en être certain », précise la Dre Fafard.

Moins invasif et plus simple

Chose certaine, les tests salivaires seront sûrement mieux acceptés, car ils sont moins invasifs que les tests nasopharyngés, qui ne sont pas agréables pour la personne qui le subit. « Les tests nasopharyngés ne font pas mal, mais ils sont dérangeants. En plus, ils requièrent du personnel spécialisé, comme une infirmière, une technologue ou une hygiéniste dentaire, qui a été formé pour effectuer le prélèvement. On manque aussi parfois de matériel de prélèvement, soit d’écouvillons ou de milieux de transport dans lesquels on met l’écouvillon. Les tests salivaires permettent de contourner ce problème de pénurie de matériel », souligne la spécialiste.

Qui plus est, le patient fait lui-même le prélèvement — il doit cracher dans un petit contenant stérile —, ce qui ouvre la porte à un prélèvement autonome. « Jusqu’à maintenant, on a procédé à des tests autonomes sous supervision d’une personne qui donne des instructions au patient, mais on pourrait envoyer un tube accompagné des instructions à un individu qui pourrait faire le prélèvement chez lui et aller le porter dans un centre d’analyse », fait savoir la Dre Fafard, tout en affirmant que l’utilisation de ces tests sera probablement autorisée sous peu, au Québec.

Par Pauline Gravel/Le Devoir/msn

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