De la fermeture de la station du Port pétrolier de Sèmè et de la réouverture des frontières : le décryptage de Moïse Kérékou

D’emblée, je voudrais préciser que le but de cette réflexion n’est pas de donner raison ou tort à un État, mais de donner un point de vue objectif sur le tableau actuel. Combien est-il si difficile de gérer un État !

Différend qui oppose le Bénin  et le Niger  : Ma contribution à la résolution de la crise.

Deuxième et dernière partie : De la fermeture de la station du Port pétrolier de Sèmè et de la réouverture des frontières

D’emblée, je voudrais préciser que le but de cette réflexion n’est pas de donner raison ou tort à un État, mais de donner un point de vue objectif sur le tableau actuel. Combien est-il si difficile de gérer un État !

À problème politique, solution politique. À problème économique, solution économique.

A problème diplomatique, résolution diplomatique. Il ne faut pas chercher midi à quatorze heure, le différend qui oppose le Bénin au Niger est purement et simplement un problème diplomatique, donc solution diplomatique aussi.

J’ai la chance depuis quelques années de travailler avec un consortium arabe dans l’industrie minière. En ma qualité de Consultant senior et Représentant Afrique du Groupe, je sillonne et explore les États africains à la recherche d’opportunités d’investissements dans le secteur. De ma position, je prend systématiquement part aussi chaque année au plus grand événement mondial en matière d’investissement dans le secteur minier, le Indaba Mining, qui réunit à Cape town en Afrique du Sud, tous les acteurs et opérateurs du secteur, et bien évidemment les États pourvus de mines, en quête d’investisseurs. C’est un grand rendez-vous du donner et du recevoir, et un moment exceptionnel d’échanges et de partage d’expériences de nouvelles techniques d’exploration, de nouveaux procédés d’exploitation, de nouvelles normes de régulation, etc… J’en ai donc beaucoup appris car j’ai vu, j’ai parcouru et j’ai lu une dizaine au moins de codes miniers. Les hydrocarbures, bien que n’étant pas considéré comme des minerais (roche), sont considérées dans certains pays comme faisant partie intégrante des ressources minières, puisqu’ils proviennent du sous-sol, comme les minerais ; elles vont de paires. Dans d’autres pays, les États font une nette démarcation entre les deux.

En tout état de cause, ce qui est valable pour les mines est aussi valable pour les hydrocarbures car les procédés d’exploitation sont pratiquement les mêmes, à quelques différences près, que ce soit minerais ou hydrocarbures : c’est l’extraction. Et ce n’est pas sans dommages sur les populations et l’environnement.

C’est dans le souci de protéger les populations et de préserver l’environnement qu’une gouvernance minière mondiale a vu le jour ! Elle consiste en l’adoption par les États miniers de principe de transparence et de bonnes pratiques de la gestion de leurs ressources. À côté, il y’a aussi un certain nombre de normes et standards internationaux auxquels les États sont soumis, mais basés sur le volontariat. Le processus Kimberley (SCPK) est certainement la certification et le label le plus connu, pour la commercialisation du diamant brut. La gouvernance internationale est très importante car elle vise en général la mise en place de structures et de mécanismes de surveillance et de contrôle du secteur minier pour une plus grande transparence au profit des populations et pour la préservation de l’environnement, partant des deux principes que les ressources naturelles d’un pays appartiennent aux citoyens de ce pays, et que leurs extractions causent des dommages à l’environnement et aux populations environnantes.

Prenons le cas du Niger, on peut déjà lire ceci dans son document de politique minière : les principes directeurs de la politique minière nationale (Niger) sont, l’appartenance au peuple nigérien des ressources minérales situées dans le sol et le sous-sol du Niger, le respect de l’environnement, la durabilité, la non-discrimination des investisseurs, etc… Ceci est valable aussi pour les hydrocarbures. Lorsque l’extraction des ressources est bien gérée, la richesse générée peut contribuer à la croissance de l’économie et au développement social. Cependant, si le secteur extractif souffre d’une mauvaise gestion, celui-ci peut être source de corruption, de conflits et même de guerre, comme cela est légion en Afrique. La gouvernance mondiale s’en préoccupe et impose donc des principes et des normes obligatoires à respecter par les États adhérents ou signataires.

Toutefois, il faut souligner que c’est basé sur le volontariat.

Après cette généralité, examinons maintenant d’un peu plus près notre dossier le pétrole brut du Niger et la fermeture du Port de Sèmè à la lumière de la gouvernance mondiale dans le secteur minier. Au-delà des accords économiques entre les différentes parties ici le Niger, le Bénin et la Chine, il faut tenir compte du fait que dans le cadre de la gouvernance minière mondiale, le Niger, longtemps pays producteur d’uranium, a adhéré à plusieurs cadres de référence, d’importants dispositifs normatifs, ainsi que bien d’autres standards qui imposent de facto (et non de jure) aux parties impliquées, notamment le Bénin et la Chine, le respect des dispositions. Attention donc, attention au Bénin ! On peut citer au nombre des cadres de reference, entre autres : le Pacte Mondial des Nations Unies, les Objectifs de Développement Durables (ODD), l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE, 2003), la Convention de Minamata (2013), etc… Au nombre des normes on peut citer la norme ISO 26000 sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE), la norme 14001 sur la protection de l’environnement, la certification ITIE, pour ne citer que celles là. Et enfin au titre des standards, on peut retenir sur le PCQVP (Publiez Ce Que Vous Payez), le plus important à mon avis. C’est au minimum à 12 cadres de références, normes et standards que le Niger a adhéré. Ici, attention au Niger, à la junte !

Nous ne pouvons pas aborder tous les cas un à un. Prenons seulement l’exemple de l’ITIE. La gouvernance mondiale impose non seulement au Niger mais aussi aux pays parties prenantes le respect des engagements pris par le pays ressources, c’est à dire d’où la ressource est tirée. Ils sont tenus de communiquer sur les exploitations en termes de volume ainsi que les recettes engrangées afin de garantir au mieux la transparence dans la gestion du pétrole brut exploité. Bien que n’étant pas membre de l’ITIE, cette convenance interpelle le Bénin en tant que partie prenante. En effet, avec l’Accord signé avec le Niger pour le transport de son pétrole, le Bénin devient de facto, une tierce partie prenante. Sa responsabilité n’est pas des moindres puisqu’il a un œil sur la majorité du pétrole brut extrait (90.000 barils/jour à exporter), transporté et exporté via sa côte maritime. En tant donc que pays regardant, il doit pouvoir contribuer efficacement au respect du principe de transparence et de la norme évoquée plus haut ainsi qu’aux standards s’il arrivait qu’on le lui demande. Il doit aider et encourager les autres parties prenantes à jouer pleinement leur rôle en toute responsabilité et à respecter leurs signatures afin d’éviter que les organisations de la Société Civile (OSC) en premier, celles du Niger, n’en viennent à l’accabler et à l’accuser de complicité de détournement d’hydrocarbures et de faits de corruption. N’oublions pas surtout que la société civile au Niger est très active. Elle avait déjà dénoncé dans un passé récent l’opacité du contrat sur le minerai d’uranium liant le Niger à la société française Areva. C’est encore elle qui avait juste avant le dernier coup d’État de la junte militaire aussi dénoncé l’opacité dans la passation de marché d’exploitation du pétrole brut.

Venons calmement maintenant au fait principal ! Au moment où le premier chargement de pétrole brut du Niger a lieu, les frontières entre le Bénin et le Niger sont fermées, du moins du côté du Niger, et ce de façon officielle. Ce qui sous-entend qu’aucune activité commerciale, économique, d’import-export, ne peut être déclarée dans les cahiers officiels des deux pays, notamment dans les livres de la douane ; donc, pas de statistiques non plus. Par conséquent, en termes juridiques, cette opération ainsi que toutes celles qui vont suivre n’existent pas. Disons-le clairement, en d’autres mots il s’agit d’opérations clandestines, opaques ou illicites puisqu’aucune statistique, en tout cas du côté du Niger, ne peut démontrer ou justifier le volume transporté à l’international. Quant au Bénin, il ne pourrait expliquer et justifier le passage de marchandise en provenance du Niger ou en partance sur le Niger. Comment justifier alors le transit par le Bénin de cet important volume de pétrole brut en provenance du Niger alors que la frontière reste fermée. Pour mieux comprendre la situation, pensons aux camions citernes pour le transport des hydrocarbures comme l’essence et le gasoil et admettons qu’il n’y avait pas un oléoduc. Alors que la frontière est fermée du côté Niger, l’entreprise chinoise aurait-elle pu faire transiter par voie terrestre jusqu’au terminal de Sèmè ces camions ? Chacun peut répondre à cette question. Il lui aurait fallu un détour, par exemple du Niger au Bénin en passant par le Nigeria ou le Burkina. Avec cet exemple simple que tout le monde peut comprendre, il faut retenir qu’en l’état actuel de la fermeture de la frontière, aucune goutte de pétrole ne peut transiter par le Bénin depuis le Niger, encore moins échouer au Terminal pétrolier de Sèmè. À qui la faute !

Ce qui revient à dire quoi ! Exploiter le pétrole du Niger dans ces conditions de fermeture de frontière et de crise serait non seulement dommageable mais aussi préjudiciable au Bénin qui pourrait être accusé de complicité de détournement et de faits de corruption avec l’entreprise du Niger. Ce dernier aussi n’est pas à l’abri des dommages et préjudices. Non, seulement l’image de marque du nouveau label nigérien en prendrait un coup, mais l’Etat devrait en répondre devant les juridictions internationales s’il arrivait que la junte utilise la manne pétrolière à des fins personnelles, ce qui se susurre dans le milieu diplomatique, au détriment du peuple à qui appartiennent les ressources.

En conclusion, l’attitude adoptée par le Bénin au-delà des considérations géopolitiques d’ordre régionales et internationales répond parfaitement aux principes de transparence, de surveillance et de contrôle que recommandent la gouvernance minière mondiale. Le Niger ne peut pas exporter incognito son pétrole alors qu’il maintient sa frontière fermée. Des rapports et des statistiques économiques doivent être clairement établis et mis à la disposition de tous. Cela offre d’une part un avantage certain au capital notoriété du <made in Niger> ainsi qu’en la confiance du peuple en ses dirigeants, toute chose indispensable plus tard pour une entrée et une capitalisation boursière, étape incontournable dans le secteur si on veut maintenir le niveau de performance (le matériel et les infrastructures s’usent vite entraînant une diminution de la production). Ce n’est pas tout, c’est du <tout bénef> pour le Niger puisque d’autre part, la question de monétisation aussi est réglée grâce à la transparence dans la gestion des ressources financières ainsi que leurs traçabilités.

En conclusion, j’estime l’attitude du Bénin responsable, mais mal justifiée. Cette attitude est à saluer car elle est d’un avantage pour toutes les parties prenantes qui doivent dorénavant revoir et reconsidérer leurs positions. La Chine bien que n’étant pas membre de l’ITIE est obligée de produire (entreprises chinoises) des rapports sur les ressources extraites des pays où ses entreprises sont implantées. La Chine a même exprimé son soutien à l’ITIE lors de plusieurs forums internationaux, a soutenu récemment la Résolution de l’Assemblée Générale des Nations Unies, qui a souligné le fait que la transparence devrait être préconisée par tous les États Membres.

C’est ainsi que le Bénin devrait clarifier et expliquer sa position au Niger et à la communauté africaine qui ne comprend pas son attitude taxée à tort de belliqueuse ; et non par la coercition. En diplomatie, il existe bel et bien une stratégie de coercition qu’on appelle coercitive diplomacy (diplomatie coercitive). Elle peut donner de bons et rapides résultats, mais à condition que le rapport de force soit en faveur de celui qui l’applique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le port de Cotonou, déjà délaissé par ailleurs et les céréales du Bénin qui contribuent à la sécurité alimentaire du Niger, pays à 80% désertique, ne pèseront pas grande chose sur la balance puisqu’il y’a respectivement une autre alternative, le port de Lomé, et les nigériens, on les voit un peu partout à Cotonou, sont déjà résiliants et ont l’habitude de supporter des conditions climatiques extrêmes.

Longtemps, classés parmi les pays les plus pauvres d’Afrique, ils peuvent toujours encore attendre 1 ou 2 ans pour s’adapter complètement à la nouvelle donne. Je l’ai écrit dans la première partie, le pétrole a été découvert en 1969, mais le Niger ne s’est pas précipité à l’exploiter. Bien qu’ayant besoin sérieusement de ressources en ce moment, pour asseoir son pouvoir, la junte peut toujours patienter. Par ailleurs, tenant compte de du mode d’accès au pouvoir de l’équipe actuelle, de la profession du nouvel homme fort du Niger, de l’appartenance à une Alliance (AES, avec le Burkina et le Mali) soutenue par une puissance militaire mondiale, pas des moindres, la Russie, de la culture de résilience développée au fils du temps par les Nigériens, et last but not least, du fait que certains pays voisins, dont j’évite de citer le nom, sont aux aguets pour récupérer le transit du pétrole du Niger sur leur territoire, on peut dire que le rapport de force aujourd’hui n’est pas du tout en faveur du Bénin mais plutôt du Niger.

Maintenant, il faut cerner bien le problème et aller à l’essentiel. Pour moi, le problème n’est pas l’écoulement du pétrole, la Chine est assez puissante pour régler ce problème. Je l’ai dit en première partie la CNPC est une entité plus forte que les deux États réunis en terme de capitalisation, de chiffre d’affaires ou même de résultat net ; c’est vraiment un géant. Seule, elle peut se sortir déjà d’affaire. L’Etat chinois s’impliquerait qu’au dernier moment seulement s’il constate l’implication d’autres États puissants comme les USA et la France, si les choses prennent une autre tournure, ou une autre allure. Aussi bien le Bénin que le Niger sont redevables et bénéficient d’énormes avantages et de largesse de la Chine ; ne serait-ce qu’à travers le financement des projets d’infrastructures. Donc, c’est une petite affaire comme on le dit, une affaire de 24h, si la Chine le veut réellement. Mais, je ne crois pas qu’en l’état actuel la CNPC fasse appel à l’Etat. Pour le moment, 90.000 barils/jours, c’est une goutte d’eau (une goutte de pétrole) dans la consommation nationale de la Chine.

Le Bénin a encore plusieurs cartes à jouer amis et dispose encore de quelques leviers pour juguler la crise. N’oublions pas, au haut septentrion c’est le même peuple avec le Niger. Les acteurs politiques et opérateurs économiques se fréquentent et entretiennent de bons rapports aussi, toutes choses positives sur lesquelles on peut <surfer>. Tout dépendra du but visé par le Bénin, souhaitons-nous réellement la réouverture des frontières et le rétablissement du corridor Bénin-Niger ! Si oui, il faut d’abord et avant tout opter pour une diplomatie douce et apaisante (soft diplomacy) et ce au nom de notre principe sacro-saint de bon voisinage. La diplomatie <décomplexée> n’est pas antinomique au principe de bon voisinage qui a fait ses preuves avec les anciens régimes. Ensuite, je recommande du <step by step> diplomacy (diplomatie à petits pas) car il faut déjà s’asseoir sur une même table, avant de chercher à régler quoi que ce soit, et se parler avec le Niger, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Une fois qu’on est arrivé à mettre les deux parties à table, la négociation peut commencer. Avec le pas précipité dans l’exécution rapide de la décision de la CEDEAO, c’est petit à petit qu’on aplanit les différences et qu’on normalise les relations. Il faut du temps et, en un mot, de la patience. Il est illusoire de vouloir faire du chantage ou d’imposer au Niger l’ouverture de sa frontière alors qu’il a été menacé d’invasion il y’a quelques mois, mettons-nous à sa place. Ce n’est pas des civiles qui sont au pouvoir au Niger mais des militaires, il faut grandement en tenir compte, des militaires en état d’alerte. Et le Niger n’est pas passé par quatre chemins pour exprimer le plus clairement possible sa positon et son inquiétude de voir à ses portes une base militaire française. Il revient au Bénin de démentir ces accusations et d’autoriser la communauté régionale, dont fera partie le Niger, à mener des enquêtes sur son territoire.

Je voudrais aussi recommander du shuttle diplomacy (diplomatie de navette) en impliquant Bamako, Ouagadougou, Abuja, Lomé, Pékin, Moscou et Paris, dans la résolution de la crise, pour deux raisons principales. D’abord pour prévenir toute escalade. Il faut anticiper. Ensuite, pour rassurer les uns et les autres que la menace d’invasion évoquée par le Niger n’est plus d’actualité et ne tient pas. C’est très important.

Mais un conflit, c’est au minimum entre deux parties. Et toute résolution de conflit, implique un effort de part et d’autre, donc pas seulement du Bénin. Je voudrais demander au Niger de se baser sur notre tradition séculaire et les souvenirs de réussite commune pour assouplir sa position. Il faut lui rappeler cette tradition et ces experiences communes. Seules les montagnes ne se rencontrent point, dit-on, les hommes se rencontrent. Nous avons besoin de paix et de coopération pour construire une Afrique forte. Il sera difficile à la diplomatie béninoise en double crises de confiance et de <personnalité>, au moral bas et en perte de vitesse, d’être au devant des négociations ; pourtant elle regorge de potentiels, de talents et surtout d’expériences, il suffit juste de lui faire confiance pour en tirer le meilleur.

Il faut donc forcément un intermédiaire pour porter les messages et conduire les négociations. Il faut un médiateur expérimenté, neutre et impartial. La dernière décision de bannir les camions immatriculés au Bénin de transporter les marchandises du port de Lomé, montre à suffisance que le Niger est en train de durcir sa position et rien ne le fera reculer même pas de l’épaisseur d’un cheveux, à moins d’un changement de régime, ce qui n’est pas pour demain. Il faut voir loin, anticiper et prévenir toute escalade, ce que la Communauté internationale a manqué de faire avec l’Ukraine et la Russie. J’ai en tête un plan de sortie de crise en 7 points avant que les diplomates des deux pays ne prennent la relève et ne jouent convenablement leur rôle. Mais je préfère m’en arrêter là pour ne pas être encore plus long. J’ai foi que cet incident sera surmonté et je reste confiant en l’avenir.

Moïse Kérékou

Crise Bénin-Niger : Moïse Kérékou fait la Genèse de l’idée du Projet d’oléoduc

Des commentaires et critiques fusent de toute part depuis la décision du Bénin de fermer la vanne et la station d’écoulement de Sèmè, du pétrole brut provenant du Niger (gisement d’Agadem), empêchant ainsi les tankers (bateaux pétroliers) de charger au port pétrolier de Sèmè. Une extrême confusion et de nombreuses contradictions règnent aussi autour de ce dossier. Mais il ne fait l’ombre d’un doute qu’il s’agit visiblement du prolongement et de l’une des conséquences collatérales du différend qui oppose notre pays le Bénin et la République sœur du Niger depuis l’arrivée de la junte militaire et la décision subséquente, fortement critiquée et contestée, de la CEDEAO de fermer les frontières avec le Niger ; décision appliquée avec enthousiasme par le Bénin. Toutefois, il est important de souligner ici que juridiquement, selon le principe de primauté du droit communautaire, la norme juridique de la CEDEAO prévaut sur le droit national de chaque État membre. Autrement dit, le droit communautaire s’impose au droit national. En ce qui concerne le bien-fondé ou le mal-fondé de la décision de la CEDEAO, c’est un autre débat.

Différend qui oppose le Bénin  et le Niger  : Ma contribution à la résolution de la crise.
Première Partie : Genèse de l’idée du Projet d’oléoduc Niger-Bénin_

 

Des commentaires et critiques fusent de toute part depuis la décision du Bénin de fermer la vanne et la station d’écoulement de Sèmè, du pétrole brut provenant du Niger (gisement d’Agadem), empêchant ainsi les tankers (bateaux pétroliers) de charger au port pétrolier de Sèmè. Une extrême confusion et de nombreuses contradictions règnent aussi autour de ce dossier. Mais il ne fait l’ombre d’un doute qu’il s’agit visiblement du prolongement et de l’une des conséquences collatérales du différend qui oppose notre pays le Bénin et la République sœur du Niger depuis l’arrivée de la junte militaire et la décision subséquente, fortement critiquée et contestée, de la CEDEAO de fermer les frontières avec le Niger ; décision appliquée avec enthousiasme par le Bénin. Toutefois, il est important de souligner ici que juridiquement, selon le principe de primauté du droit communautaire, la norme juridique de la CEDEAO prévaut sur le droit national de chaque État membre. Autrement dit, le droit communautaire s’impose au droit national. En ce qui concerne le bien-fondé ou le mal-fondé de la décision de la CEDEAO, c’est un autre débat.

Ce n’est pas l’objet de cet article.

Pour deux raisons, je voudrais intervenir dans ce dossier. La première raison est par devoir de restituer la vérité sur le peu que je connais de ce dossier afin d’éclairer l’opinion publique nationale de la genèse du Projet d’oléoduc en lui-même. La seconde raison tient du souci que je me fais du Panafricanisme et de l’un de ses instruments de réalisation qu’est l’intégration économique régionale aujourd’hui mise à mal par la fermeture de la frontière du Niger et le bras de fer qui oppose les deux pays. Ayant acquis depuis bientôt 3 ans une nouvelle expérience dans le secteur minier, je procéderai à une analyse pointue de la situation qui prévaut. J’espère en fin de compte, que cette réflexion sera utile et pourra orienter les décideurs des deux pays vers une issue plus prometteuse et un dénouement heureux de la crise dont fait partie, un puissant acteur économique transnational et pas des moindres – un acteur plus puissant que les deux États réunis, au regard de sa capitalisation, son chiffre d’affaires et même son résultat net – de la deuxième puissance mondiale, la Chine, qui aura forcément son mot à dire, la Chinese National Petroleum Corporation (CNPC).

Première raison :

En effet, l’idée du Projet de Pipeline est apparue lors de mon séjour en Turquie en tant qu’Ambassadeur. Il ne date pas d’aujourd’hui, ni de 2021 comme beaucoup pourraient le penser à la date de démarrage des travaux du pipeline, encore moins de 2019, date de la signature de l’Accord entre l’État du Niger et la CNPC, mais depuis 2015 lorsqu’un après-midi, au cours d’une réception offerte par l’Ambassade des Pays-Bas en Turquie a laquelle j’ai naturellement pris part, j’ai intercepté une vive discussion entre mes collègues du Niger et du Nigeria. La discussion tournait autour de l’exportation du surplus du brut nigérien via le réseau d’oléoduc du Nigeria.

Pour mémoire, c’est depuis 1969 que le pétrole a été découvert à Agadem par la société américaine Texaco. En 2008, l’État du Niger a signé une Convention de Partage de Production (CPP) pour ce champ pétrolier avec la CNPC, une entreprise pétrolière appartenant à l’État chinois ; convention qui a conduit à la création de la Société de Raffinage de Zinder (SORAZ), bien connue. Petrochina, qui est plus connue dans les affaires internationales, n’est que la filiale cotée en bourse de la CNPC. Pourquoi le pétrole nigérien est resté longtemps inexploité et pourquoi la CNPC, et non Texaco qui a découvert le pétrole, a été choisie, on peut se poser ces questions ! C’est juste parce que le Niger demandait que son exploitation soit couplée à la construction d’une raffinerie.

Les compagnies pétrolières ont refusé, arguant que la raffinerie serait non rentable, jusqu’à ce que la CNPC accepte cette condition en 2008. Dès lors, tout s’est accéléré.

L’année 2011 a marqué le début de la production de pétrole dans le champ d’Agadem ainsi que l’inauguration de la raffinerie de Zinder située à moins de 500 km du puit d’Agadem. Seulement 20 000 barils/jour étaient raffinés en Super, Gasoil, GPL et essentiellement destinés à la consommation nationale. Et ce n’est pas tout, la CNPC a consacré d’importants investissements de l’ordre de plus de six milliards de dollars pour d’une part développer d’autres champs pétroliers dans l’Agadem. Ces investissements ont permis de porter la production pétrolière du Niger à 110.000 barils par jour, sur lesquels 90.000 barils doivent être exportés. C’est la raison pour laquelle il fallait construire un oléoduc (pipeline) pour l’exportation, le Niger étant un pays enclavé ; un investissement supplémentaire d’un milliard de dollars a été engagé pour le transport du Pétrole brut vers un port pétrolier d’exportation, celui du Bénin.

Aujourd’hui, les réserves de pétrole du Niger sont estimées à deux milliards de barils. Et selon les projections officielles, le pays produira 200.000 barils/jour en 2026. À partir de cette année 2024, le Niger s’attend à un taux de croissance à deux chiffres. Ceci n’était qu’une digression.

Ayant donc eu l’information à chaud ce jour-là, que le Niger cherchait un débouché pour son surplus de brut, je n’ai pas pu fermer l’œil cette nuit-là. Comment le Bénin pouvait-il capter les fruits de cette importante manne pétrolière du Niger ! Ayant bénéficié d’une solide formation de trois mois dans le domaine avec la National Oil Corporation (NOC) en Libye en 2003, j’ai rapidement entrevu l’opportunité économique (investissements directs et droit de passage) et sociale (emplois directs et indirects) à saisir par mon pays. Il y’avait aussi longtemps qu’on parlait aussi du Port minéralier de Sèmè sans jamais pouvoir le réaliser, peut-être que l’heure a enfin sonné. C’était donc une aubaine.

Le lendemain, je n’ai pas attendu l’ouverture des chancelleries à 9h pour appeler mon collègue et frère l’Ambassadeur Dan-Maradi avec lequel j’entretenais des relations des plus cordiales, nos épouses se visitaient régulièrement aussi, pour lui rendre une visite de courtoisie. À 10h, j’étais déjà pointé devant la Chancellerie du Niger, à quelque encablure de celle du Bénin. J’ai été chaleureusement accueilli comme d’habitude. Après quelques compliments d’usage propres au métier de diplomate, je suis allé directement au sujet de préoccupation sans tergiverser. J’ai pu tirer de mon collègue que le gouvernement nigérien d’alors avait un gros souci pour écouler son surplus de production compte tenu de la situation géographique du pays. Deux solutions s’offraient au Niger. Soit se connecter au réseau existant d’oléoduc du Tchad-Cameroun, solution la moins coûteuse, soit se connecter au vaste réseau du Nigeria. Les négociations étaient engagées mais aucune solution ne pointait à l’horizon. Alors que le Tchad était favorable, le Cameroun faisait monter les enchères en doublant la moyenne du droit de passage, c’était à prendre ou à laisser selon Yaoundé. Quant au Nigeria disposant d’un vaste réseau de pipes, il se posait un problème de sécurité, avec Boko Haram qui sévissait au nord, les sabotages des oléoducs existants et l’instabilité dans la région du Delta du Niger. Niamey ne pouvait pas se permettre de passer son pétrole par le port de Port Harcourt ; le risque encouru était énorme. Après ce développement, j’ai tout de suite rassuré mon collègue qu’il existait une autre solution qui prendra certes du temps, mais c’est quand même une solution. Je lui ai d’abord fait un petit exposé de comment ça fonctionne dans le secteur et je n’ai pas manqué de lui donner quelques exemples pour le rassurer que c’est bel et bien faisable ; c’était juste une question de financement. Je me rappelle comme si c’était hier avoir même donné l’exemple des infrastructures dont le long pipeline que Kaddafi a fait construire en plein désert pour désaliniser et transporter l’eau mer dans le fond du pays, en plein désert. Nous avions tous deux regretté ce jour là l’assassinat crapuleux de ce grand homme qui aurait pu d’un claquement de doigts régler notre problème de débouché pour le Niger via le Bénin.

Bref, nous avions décidé de nous mettre à la tâche et d’en parler à nos gouvernements respectifs de cette possibilité. La question de financement devant se poser d’une manière ou d’une autre, nous avons aussi notre petite idée : un financement Turquie Eximbank. Et voilà le problème était réglé !

À l’époque, je sais le Président Yayi Boni très préoccupé du maintien du niveau de croissance nationale. Je dirais même qu’il en était très soucieux, voyant le taux d’accroissement de la population supérieur à celui de la croissance économique. Il disait toujours que si on ne découvrait pas du pétrole ou un minerai à exploiter au plus tôt, on ne pourrait pas maintenir notre niveau de croissance pendant longtemps. En plus de ma fonction hautement politique, j’avais aussi pour mission de saisir toutes les opportunités d’affaires et économiques que pouvait offrir la Turquie. J’étais dans mon bain et totalement à l’aise grâce à ma double formation en sciences de gestion et en sciences politiques. C’était donc avec beaucoup d’excitation et d’empressement que dès mon retour à la Chancellerie du Bénin, j’ai envoyé un câble diplomatique directement à la Haute Autorité et estampillé <confidentiel>. Il ne s’est pas écoulé plus d’une heure pour que mon téléphone sonne. À son habitude, pour certains sujets specials, le President Yayi Boni me demande si la ligne est sécurisée. J’ai répondu : affirmatif Excellence. Ensuite, il dit, j’ai ton papier sous les yeux, quelle est la source de ton information, ce que j’ai eu plaisir à lui dire tout en remontant aux échanges captés la veille…

Depuis ce jour, je n’ai plus suivi ce dossier. Je ne sais non plus le traitement qui en a été fait par la Haute Autorité. J’ai seulement suivi sur les ondes de la télévision nationale, qui transmettait fraîchement par satellite, le lendemain, dans le JT de 20h de l’ORTB, l’audience que le Président de la République a accordée à l’Ambassadeur de Chine près le Bénin. La semaine qui a suivi, le President a aussi effectué un aller-retour au Niger pour une visite de travail selon le Communiqué du Ministère des Affaires Étrangères. À l’époque, les rapports entre les deux Hommes d’Etat, le Président Yayi Boni et le Président Mahamadou Issoufou du Niger étaient fraternels et les relations au beau fixe, au point où le Président Yayi l’appelait par son prénom <Issifou>, j’en fus (je fus) témoin lors du Sommet Turquie-Afrique à Malabo en Guinée Equatoriale.

Suite à ces deux développements, j’ai pensé à notre dossier et ma joie était immense.

Mais c’était de courte puisque le retour de mon collègue n’allait pas dans le même sens, Niamey estimait l’investissement très lourd, le Bénin n’était pas dans l’agenda et ne constituait pas une option sur la table. Entre temps, le dossier a évolué. Le Cameroun n’ayant pas montré de signe d’ouverture et avec la pression du Nigeria qui tenait coûte que coûte à capter cette manne financière, c’était l’option du passage par le Nigeria qui était en train d’être retenue par Niamey. Abuja a donné toutes les garanties possibles de sécurité et s’est même engagé pour compenser chaque baril de pétrole perdu par le Niger. Mais, le connaissant, c’était sans compter sur la détermination du Président Yayi qui, lors de sa visite officielle en Turquie, la dernière je pense en 2015, m’a rassuré qu’il n’a pas désarmé et qu’il était sur le dossier. J’ai aussi compris qu’avec son homologue du Niger des démarches ont été menées envers les bailleurs de fonds, notamment la Chine, pour le financement de la construction de l’oléoduc. J’ai été rappelé de mon poste fin 2016 et je ne sais plus ce que ce dossier est devenu. L’État étant une continuité, je suppose que les négociations ont continué avec l’avènement du nouveau régime en 2016, le Président Mahamadou Issifou étant resté au pouvoir jusqu’en 2021, ce qui a abouti à la signature de l’accord de construction en 2019 et au démarrage des travaux deux ans plus tard en raison du Covid-19, en 2021.

J’ai été quand même très heureux et satisfait d’apprendre d’un officiel nigérien plus tard en 2020 que les négociations ont été ardues entre le Niger et la Chine, et que le processus a duré banalement cinq ans, ce qui nous ramène à 2015. Toute chose qui corrobore mes propos.

À suivre…

Moïse Kérékou 

Quand la phytotechnie nous enseigne la géopolitique et le bon voisinage!

Nul n’est une île nous enseigne le spiritualiste Thomas Merton.

Quand la phytotechnie nous enseigne la géopolitique et le bon voisinage!

Nul n’est une île nous enseigne le spiritualiste Thomas Merton.

Pour attirer la paix, il faut un état d’esprit qui aime la paix.

Parfois, nos prédispositions nous en éloignent et le rapport de force que nous prenons l’habitude d’entretenir peut se transformer en un os à travers la gorge.

Bien souvent, la force de l’homme est dans sa faiblesse qui l’aide à réfléchir pour trouver le chemin pour dénouer une crise.

Dans une situation de tension, il faut se méfier des gongonneurs, des flatteurs et des profiteurs hypocrites, ceux-là dans leurs parfaits états d’esclaves de champs de cannes à sucre ou de coton seront toujours dans un soutien opportuniste sans appréhender le risque systémique qui peut faire chavirer le navire. Qui banalise les griefs et prend une crise majeure pour une scène qui se joue à travers les bavardages dans les écrans de télévision se trompe. Quand un mal est très profond, il faut éviter trop de bavardages des apprentis sorciers. Il convient de les mettre de côtés pour travailler avec des gens sérieux non habitués à la manipulation pour leur valorisation. Un facilitateur ou un médiateur n’est pas un chasseur d’actes gratifiants, c’est le désintéressement qui fait la force du médiateur. Parvenir à construire des compromis acceptables pour les parties en conflits n’est possible que si le médiateur à la confiance de tous les camps. Il faut arrêter d’envoyer des menaces et des invectives à peine voilées. C’est indécent!

Tout le monde n’a pas appris à voir et à dire la vérité. Beaucoup sont des marchands d’illusions et il n’y a point d’espace pour un collaborateur qui calcule comme un épicier ses intérêts entre le bavardage inutile pour préserver son poste dans une crise et le futur de sa carrière.

Il y a des solutions de sortie pour toute crise mais il faut prouver sa bonne foi à travers une vérification par un organisme indépendant dont les protagonistes sont membres ou non avant d’ouvrir une médiation.

Tout le monde n’est pas un bon diplomate et tous les diplomates ne sont pas non plus de bons médiateurs, sinon il n’y aurait pas tant de crises qui empêcheraient les armes de se taire en Afrique.

Quand vous êtes un arbre, faites en sorte que les autres arbres qui vous entourent ne soient pas perturbés à cause de vos ambitions de paraître le plus forts au point d’être cet arbre répulsif comme le filao, un arbre très jaloux et suffisant. C’est le propre des résineux. Visitez maintenant des haies ou une plantation de filao pour comprendre ce qu’est la géopolitique. Il y a heureusement beaucoup d’arbres dans la nature qui vivent en association, et chacun connaît sa place et ses devoirs d’interaction positive ou la synergie.

Simon-Narcisse TOMETY

Les fleurs fanées des dictatures africaines : le piège des compromissions permanentes

« Un chef qui garde des clowns autour de lui pour  recevoir des conseils dans ses oreilles en tolérant la puanteur de leurs bouches finira par être intoxiqué. » Simon-Narcisse TOMETY

« La confiance est la force principale des hommes. » Choguel Kokalla MAÏGA

« Quel que soit le niveau social de ceux qu’un chef a sous ses ordres, il ne doit jamais oublier qu’ils ne sont pas ses serviteurs à lui, mais, à leur rang, les serviteurs avec lui d’une entreprise, d’un idéal, d’une cause qui les dépasse ensemble». G. COURTOIS, l’Ecole des Chefs

« Le manque de courage pour dire la vérité à son supérieur fait de vous un imbécile qui n’a pas sa place dans un dispositif d’instruction de dossiers. »

Simon-Narcisse TOMETY

« Si la fonction politique s’arrêtait à un bilan physique, la politique pourrait être la seule affaire des sauvages », Tomèty (Tribune)

En politique, les gens aiment la litanie des réalisations physiques et des statistiques. Oui, le peuple a besoin de routes, de points d’eau, de pains, d’instruction. Si la fonction politique s’arrêtait à un bilan physique, la politique pourrait être la seule affaire des voleurs, des braqueurs, des prétentieux et des sauvages.

En politique, les gens aiment la litanie des réalisations physiques et des statistiques. Oui, le peuple a besoin de routes, de points d’eau, de pains, d’instruction. Si la fonction politique s’arrêtait à un bilan physique, la politique pourrait être la seule affaire des voleurs, des braqueurs, des prétentieux et des sauvages.

C’est la dimension polluante de la politique que Nicolas Machiavel dénonçait en invitant le politicien à polir son cœur, son discours, son comportement par la vertu donc des valeurs. Combien le font ou incarnent réellement des valeurs nobles constitutionnalisées.

Le philosophe Kant a raison de rappeler l’importance de l’éthique dans la conduite des affaires publiques.

Peu de politiciens se servent de miroir!

Simon-Narcisse Tomety

« Léandre Houngbédji devra nous dire qui il sert ? Le Bénin ou son président ? », Tomèty s’interroge

“Ne comptez pas sur moi pour critiquer le clergé catholique. […] Par contre, je peux vous dire ce que je trouve de critiquable et de condamnable. […]. Wilfried HOUNGBEDJI, le 25 avril 2025 sur le plateau de l’ORTB, journal de 20h.

Wilfried HOUNGBEDJI est descendu très bas sur l’échelle de mon estime : TOMETY parle

Partie I : La grandeur de l’homme dépend de sa conscience de l’humilité

“Ne comptez pas sur moi pour critiquer le clergé catholique. […] Par contre, je peux vous dire ce que je trouve de critiquable et de condamnable. […]. Wilfried HOUNGBEDJI, le 25 avril 2025 sur le plateau de l’ORTB, journal de 20h.

Pour répondre à monsieur Wilfried HOUNGGBEDI dans cette première partie, je tiens à lui rappeler une sagesse du président Général Mathieu Kérékou qui est une formule valable à tout processus de changement social.
Lorsqu’une réforme publique de haute dangerosité peut menacer la stabilité d’un pays sous l’effet cumulatif de frustrations collectives banalisées par un pouvoir d’État sur plusieurs années, il faut aller prudemment comme la marche du caméléon.

Une telle réforme comme celle relative au système partisan et le code électoral suffit pour embraser un pays comme le Bénin dont la superficie est déjà suffisamment étroite pour stimuler la propagation du feu.

C’est pourquoi, il ne faut jamais associer dans leur conception et mise en œuvre des réformateurs pyromanes, trop sûrs d’eux-mêmes et manquant de base méthodologique en modélisation institutionnelle et de cœur apprenant pour se remettre en cause avec la souplesse requise après des erreurs de conduite du changement.

Gouverner c’est aussi savoir faire de la pédagogie de la prudence méthodologique car l’homme n’est pas une bête sauvage qu’il faut que le braconnier attrape aux moyens de ses guet-apens.

Ces réformateurs braconniers sont spécialisés dans les réformes conduites avec agitations et intéressements alors qu’une réforme publique ne vise que le bonheur partagé et non la victoire d’un camp sur  un autre. Il faut avoir à l’œil les réformateurs pyromanes et réagir chaque fois que leurs propos relèvent d’une certaine arrogance. Et je comprends aisément aujourd’hui pourquoi monsieur Pascal Irénée KOUPAKI n’avait pas intégré Wilfried Houngbédji dans l’équipe centrale de rédaction du projet politique de la nouvelle conscience pour les joutes électorales de 2016.

Ce monsieur est un manipulateur professionnel dont je me souviens encore de ce qu’il me soufflait à l’oreille le jour de présentation du projet politique du candidat de la nouvelle conscience à la presse. J’ai compris les motifs de sa mise à l’écart et  ce jeudi 25 avril 2024 m’a édifié sur la personnalité de Wilfried.

Nos maîtres nous ont appris que l’arrogance ne fait pas le vrai réformateur dont sa première qualité doit être l’ouverture d’esprit et l’honnêteté intellectuelle de reconnaître qu’il s’est trompé ou même de ne pas être la bonne personne. *Le mauvais réformateur fuit le dialogue et attendez-vous à l’échec de ces réformes de magiciens et pourquoi il en est ainsi?

Il vaut mieux perdre le temps et trouver une solution juste à ses problèmes que de vouloir gagner le temps et perdre sa vie ou fait perdre la vie aux autres. Moi qui vous parle, vous me considérez  comme votre président, le président de la république du Bénin, le porte-parole du Peuple béninois tout entier, vous ne me servez pas, c’est moi qui vous sers.” Général Mathieu Kérékou

Léandre Houngbédji devra nous dire maintenant qui il sert ? Le Bénin ou son président ?

La paix est le passage d’un rapport de force (échanges de violences et rapport dominant/dominé) à un rapport de flux (échange de paroles et de civilités) appelant la tolérance et le pardon par le dialogue. L’autre nom de la paix est “NE PAS NUIRE”. Sachez-le pour modérer vos pulsions d’orgueil.

La paix n’est jamais un état permanent et acquis de quiétude et elle dépend de la dualité entre le bien et le mal qui se manifeste en tout en Homme. Sachez que la sécurité et l’insécurité font partie l’état d’esprit.

La paix est une semence à fort ou faible pouvoir germinatif, et cet effort pour son entretien au quotidien est un devoir primordial qui incombe à chaque citoyen-électeur, quelles que soient ses croyances religieuses et son appartenance politique ou son non-alignement idéologique. Un code électoral devient alors un contrat moral et éthique entre le citoyen-électeur, le candidat à l’élection, l’élu proclamé et l’élu délivreur de services publics.

L’élection politique est le plus important rituel institutionnel qui consacre une délégation de pouvoir pour agir dignement et avec redevabilité au nom d’un peuple grâce à l’éducation citoyenne des électeurs. Une élection n’est pas un champ de bataille où il faut aller faire couler le sang pour bomber son torse de victorieux. Nous autres, nous n’avons pas besoin de ça pour notre pays et nous n’avons pas un autre pays. Que cela soit clair. C’est pourquoi nous ne permettrons pas à des prétentieux de faire de nous leurs chairs à canons. C’est finit l’époque des tirailleurs sénégalais.

Les Béninois ne veulent pas d’une guerre des victoires mais d’une élection de la fête de la fraternité parce que chaque électeur est heureux de vivre une élection libre, transparente, et sans vengeance.

En assistant au colloque sur le code local c’est ce que j’ai retenu. Je suis fier de cette initiative de l’église. Tant pis pour ceux qui recherchent des poux sur la tête d’un chauve.

Que Wilfried Houngbédji qui nous dit qu’il est invité à titre personnel au colloque n’aille pas changer de veste pour parler comme un porte-parole du gouvernement à la télévision nationale le même jour du colloque à trois heures d’écart entre la clôture de cette rencontre à 17h et son passage à la télé à 20h. Il ne doit pas oublier qu’il doit son salaire et son niveau de vie aux contribuables béninois. Il leur doit du respect quand il parle car le civisme est aussi verbal surtout quand on porte la parole d’un gouvernement.

L’ORTB aurait pu lui demander si c’est à titre personnel ou en qualité de porte-parole du gouvernement avant de lui donner la parole. Parfois, il faut créer l’incident au risque même de son emploi pour faire réfléchir ceux qui sont dans l’excès de zèle.

Un porte-parole du gouvernement n’est l’autorité hiérarchique d’aucun organe de presse. Ce sont les pays où sévit un seuil élevé de mystification dans la chaîne décisionnelle de l’Etat que certains s’arrogent de faux droits du fait de leur goût démesuré pour les postures officielles.

Le code électoral ne peut pas être et ne doit pas être une affaire de couvent, de secret et d’opacité uniquement réservé à certaines catégories de politiciens*.

Le code électoral appartient aux habitants du pays et sa diaspora, et non aux partis politiques d’une mouvance présidentielle quelles que soient les prérogatives du parlement. Quand le Bénin aura basculé du fait d’un code électoral bâclé, j’attends de voir ce parlement de jouisseurs venir éteindre le brasier.

Après huit ans de gestion musclée du pays avec des stratégies d’exclusion, des élections bâclées, des déclarations tonitruantes de confiscation du pouvoir d’État faites par des députés assoiffés de pouvoir, agressifs et soutiens farouches des répressions ensanglantées perpétrées par les forces de défense et de sécurité, et après avoir constaté l’incapacité institutionnelle de la cour constitutionnelle et du médiateur de la république de jouer leurs fonctions de régulation de la société béninoise, devrait-on croiser  les bras et attendre que Dieu vienne nous sauver en 2026 d’une élection de tous les dangers?

Le Bénin est déjà dans une zone de turbulence avec ce code électoral en plus du terrorisme qui secoue le nord de notre pays sans compter la situation des répressions policières liées au non-port de casques, en plus des conséquences désastreuses de la fermeture de la frontière avec le Niger.

Comme trop souvent, le Bénin a cette lacune institutionnelle de banaliser la faisabilité de ses lois et décisions administratives ainsi que les moments propices pour passer à l’opérationnalisation. Il y a trop de va-t-en-guerre dans la chaîne décisionnelle de l’État et tout laisse penser que le parlement, la HAAC et la cour constitutionnelle sont des boulangeries de production de pains toxiques.

On multiplie sans arrêt les interdictions un peu comme si la brimade des citoyens est le seul moyen de faire régner l’ordre public et de transformer le Bénin en ce nouveau jardin d’Eden pour ce peuple de rupture et de nouveau départ qui naîtra.

Tous ceux qui ont la pratique de la dédramatisation du drame que constitue le dialogue doivent maintenant se réveiller. Ceux-là au moins permettent de se parler, de s’écouter, d’établir des compromis pour passer de l’exclusion à l’inclusion. Ils doivent aider à prévenir le drame en commençant déjà par le deuil du conflit banalisé jusqu’ici au nom des rapports de force.

Comment cela est-il possible sans des institutions et des personnes de bonne volonté qui s’engagent résolument à s’investir dans la cause du vivre-ensemble pour “NE PAS NUIRE”.

Quand on dirige un pays, il ne suffit pas de compter sur les hommes en armes et en toges pour prévenir ou ramener la paix dans la cité. Les casernes, les commissariats et les tribunaux sont rarement à l’avant-garde de la coproduction de la paix.

Ce n’est pas avec la théorie de “nul n’est censé ignorer la loi’’ qu’on désamorce les crises majeures avant le basculement dans la violence alors même qu’au Bénin, *le taux d’analphabétisme pour les personnes âgées de 24 ans et plus est de 65.6% sur le plan national et de 76,07% chez les femmes.

On est passé de financement occulte au financement public des partis politiques mais rien n’a changé alors que les radios de proximité sont partout sur le territoire national et ces partis politiques véreux sont incapables de créer des écoles de partis en associant ces radios pour éduquer et éveiller les populations dans leurs langues.

Paraît-il qu’il existe aussi un institut de la femme c’est bien mais je me pose aussi beaucoup de questions sur son efficacité. C’est important de travailler sur les violences basées sur le genre mais que faites-vous depuis qu’on parle de ce code électoral de tous les dangers au niveau de cet institut de la femme ou vous attendez les campagnes élections pour donner des mots d’ordre aux femmes pour qui doivent aller leurs voix?

La veille citoyenne est une pédagogie d’interaction entre un peuple et ses dirigeants visant à entretenir la flamme du vivre-ensemble. Les Béninois attendent beaucoup de vos initiatives déjà prises à propos de ce code électoral en direction des femmes.

Dans la philosophie 3D enseignée dans les écoles de guerre, les forces de défense et de sécurité (FDS) sont encadrées sur le plan de l’éthique par une devise de la paix à savoir (i) Dialoguer : un agent de sécurité qui n’est pas capable de conseiller, d’informer, de convaincre par son humanisme et d’aider, il n’a pas sa place sous le drapeau, (ii) Désamorcer :  un agent de sécurité qui ne peut pas jouer à l’apaisement des gens surchauffés dans un conflit, et chacun veut en finir avec l’autre, cet agent a sa place sous le drapeau mais il faut le former en techniques de médiation et du vivre-ensemble pour être un bon protecteur de la société, (iii) Défendre : s’il se trouve que malgré les efforts de dialogue pour désamorcer un conflit crisogène, la tendance est de défier les institutions et le vivre-ensemble, après une évaluation du risque systémique du péril, il faut alors défendre la patrie en danger, c’est le dernier recours.

Les conflits ont pour conséquence les crises dont les formes, les manifestations et l’amplitude sont variables selon qu’il s’agit des conflits interpersonnel, communautaire, intercommunautaire ou des conflits relevant de la géopolitique notamment avec des pays voisins ou lointains.

Le Bénin est confronté dans sa partie septentrionale à des attaques terroristes devenues récurrentes et son interaction dans la lutte antiterroriste avec ses voisins du nord comme le Niger et le Burkina Faso sont lacunaires en raison d’une méfiance dans les rapports avec les États du Sahel.

Les conflits qui dégénèrent viennent souvent des conflits de succession aux trônes dans les chefferies traditionnelles ou aux fauteuils présidentiels dans le cadre des conflits politiques.

Également sont inflammatoires, des conflits de contrôle de la chaîne décisionnelle de l’État par infiltration et corruption au titre des marchés publics au profit du pillage des ressources du sol et du sous-sol.

Tout conflit induit des rivalités ou conflits d’intérêt. Les conflits reposent sur des rapports de force avec souvent une dimension géopolitique qui mesure le pouvoir d’influence.

La dualité de l’existence humaine réside dans la bataille pour le bien et contre le mal.

La pudeur est la force des gens qui veulent quitter cette terre avec au moins un peu de dignité, tout au moins pour leurs familles.

Simon-Narcisse TOMETY

Qui n’est pas pardonnable sur cette terre? (Par Simon-Narcisse Tomèty)

Il n’existe pas de zèle pour l’homme de droit qui est  honnête envers lui-même, juste envers les justiciables et serviteur de la vérité pour faire grandir la cité dans paix. C’est le plus grand défi d’éthique pour un homme qui doit décider du sort de ses semblables en situation difficile.

Il n’existe pas de zèle pour l’homme de droit qui est  honnête envers lui-même, juste envers les justiciables et serviteur de la vérité pour faire grandir la cité dans paix. C’est le plus grand défi d’éthique pour un homme qui doit décider du sort de ses semblables en situation difficile.

Tout homme vit pour ses péchés et il a besoin de secours pour être pêché avant le naufrage

Je me suis toujours demandé les raisons pour lesquelles *les magistrats et les avocats prient beaucoup. J’ai surpris plusieurs d’entre eux dans cette réalité d’invocation du Dieu sauveur. Ils m’ont donné une réponse liée à leur fragilité de pécheurs et la complexité de toute décision de justice surtout, quand l’homme de droit doit faire face aux trafics d’influences qui trahissent sa vocation et son serment

Un ancien garde des sceaux d’un pays africain, magistrat de profession nous disait en 2019, qu’il pleure certains jours au réveil car il n’en pouvait plus avec tant de morts pour des règlements de comptes dans son pays : pour arriver au pouvoir le sang coule, pour exercer le pouvoir le sang coule et pour confisquer le pouvoir d’État le sang doit couler. Comment peut-on supporter un tel témoignage sans un traumatisme? 

L’homme de droit a besoin de se purifier sans cesse pour se pardonner en attendant le pardon de sa victime innocente. 

Les politiciens sont comme des cochons qui pataugent dans la boue et plus ils s’approchent du magistrat attaché à sa droiture, plus il doit tenir le cochon et sa cochonnerie à distance. 

Et pourtant, il n’y a rien de plus noble que de polir la cité par les valeurs. Je préfère cette représentation de la politique à celle des cochons sur les immondices

La vie humaine est un renouvellement incessamment du pardon* mais certains hommes ayant un égo surdimensionné, pardonner est très difficile pour eux, ils préfèrent crucifier sur le calvaire au lieu de sauver parce qu’ils ont le pouvoir de brimade et d’humiliation à portée main. 

N’est-ce pas Hitler et sa poule déplumée et ensanglantée qui continue de le suivre parce que le barbarie lui projetait quelques grains pour montrer à ses collaborateurs ce qui les attend dès la moindre insoumission ou trahison?

Faire peur à tout le monde pour écraser toutes les résistances et pourtant, Hitler a fini par le suicide; tellement qu’il avait peur lui-même de vivre le sort de la poule ensanglantée!

Aimé Césaire donne l’une des meilleures définitions de ce qu’est le pardon. Il faut être un Être de profondeur et de simplicité de cœur pour appréhender sa formule de sagesse : 

 [👉🏿] Le crayon de Dieu lui-même n’est pas sans gomme [👈🏿] .  Aimé Césaire 

Toi qui ne veut rien effacer, si l’on effaçait rien pour que tu saches que la dignité humaine est toujours l’épreuve de rattrapage de la vie*, serais-tu celui qui criminalise le pardon? Le pardon est une dette des hommes envers leurs semblables. 

Sans le pardon, on remplacerait la cité par la jungle. Qui pardonne est plus fort que celui qui se laisse ronger par la haine. 

Seul celui qui est honnête envers lui-même peut accorder le pardon sans faire des chantages. Le pardon qui attend qu’on se prosterne avant son obtention est malsain et indigne car il s’agit aussi d’un faux pardon sans effacement réciproque des injustices subies ou de la faute commises. Le pardon sans la réconciliation des cœurs pour tourner la page est une farce spirituelle. 

Le pardon c’est pour les hommes vrais qui ont la crainte de Dieu. C’est un problème de conscience empathique* et non ce mensonge qui conduit à se plaindre du voleur de la gomme qu’on a pourtant sous ses yeux et que tout le monde voit y compris les non-voyants. 

Endurcir son cœur et croiser ses bras par derrière afin de ne pas les ouvrir pour voir et accueillir vos semblables qui ont encore  les mains sur la tête, ne fera pas de vous un éternel qui traversera toutes les époques

Vos victimes, heureusement, n’ont  chacune pas une gomme mais plusieurs gommes pour pardonner vos abus

Simon-Narcisse Tomety

Hommage à Aimé Césaire

A la rencontre de deux Evêques béninois : une histoire sur la vérité (Tribune)

L’impudique a divorcé avec la vérité. Il choisit de dédier toutes ses stratégies et tactiques à la manipulation et à l’espièglerie pour arriver à ses fins. 

L’impudique a divorcé avec la vérité. Il choisit de dédier toutes ses stratégies et tactiques à la manipulation et à l’espièglerie pour arriver à ses fins.

Qui aime la vérité est l’ennemi de tous les menteurs, les manipulateurs et les faux silencieux ou les hypocrites.

La vérité est dans la nature humaine ce que l’oxygène représente pour la respiration. Et sans elle, l’homme s’éteint faute de souffle vital.

La vérité est la première nourriture de la vie de celui qui est admis dans un bloc opératoire. La vérité dérange par sa vocation de blesser et de soigner à la fois surtout les plaies puantes. C’est le douloureux diagnostic médical que le patient a peur d’affronter car elle est la seule évidence qui dérange sévèrement son esprit, peu importe qu’elle soit dite avec diplomatie ou sans détour.

Lorsque j’ai rencontré Monseigneur Sastre en 1991 dans un “tête à tête” sur les questions de développement au titre d’un programme de lutte contre la pauvreté dans le Mono ancien, il m’a fléché sans ménagement parce qu’il vit le quotidien des pauvres dans les villages. Il était à la limite révolté du gaspillage de la bureaucratie de l’Administration publique avec les ballets de véhicules 4×4 sans impact des projets qu’elle gère sur la vie quotidienne des populations de Lalo, de Toviklin, de Dogbo, de Lokossa, de Bopa, de Comé, de Grand-Popo… Il dénonce les cimetières de projets de développement et de leurs effets de pailles.

Ces projets n’avaient de projet de changement de conditions humaines qu’un effet éphémère alors que les paysans s’échinent sous le soleil, la pluie et dans la boue à produire sans la récompense du fruit de leur travail. Les périodes d’abondance des récoltes sont les pires moments de pertes post-récoltes faute d’unités de transformation et de dispositifs de conservation.

Les fruits et légumes qui pourrissent heurtent l’Evêque de Lokossa qui étaient à la limite de sévères remontrances et j’étais un encaisseur poli parce que l’Evêque avait raison d’être en colère lorsque je me souviens moi-même du travail que j’ai fait sur les relevés des décisions du conseil des ministres de janvier 1980 à mai 1984. Me parlant de notre cité des “amiwo-clubs”, ma conscience empathique se fortifiait de chacune de mes analyses. Je passais mon temps à poser des questions et noter des réponses démonstratives, peut-être cette attitude de garçon éveillé m’a motivé à garder le crachoir pour dire ce qu’il a sur le cœur. Je ne regrette pas d’avoir fait profil bas pour monter sur les épaules du vieil homme pétri de vécus.

La pire des hypocrisies, c’est le mode de vie de celui qui a pris l’habitude d’enfouir ses sentiments. Je sais que Monseigneur lisait à travers mes questions et mon regard, le style d’un homme direct peu habitué aux flatteries langagières.

Quand ça fait trop mal, il faut nommer le mal et c’est le début de la guérison.

Malade des injustices sociales, Monseigneur dénonce aussi les longues périodes de soudure alimentaire qui relayent les moments de gaspillages. Il s’énerve contre la différence faite entre les cultures de coton et de palmier à huile considérées comme des produits de rente et la négligence des cultures vivrières et la pêche qui sont négligées. Il vient ainsi de flécher le fait colonial et l’impuissance de l’élite à diversifier les chaînes de valeurs.

Monseigneur Sastre dénonce la paupérisation des paysans pour l’enrichissement des commerçants véreux et des cadres corrompus de l’administration agricole et des bureaucraties centrales.

Monseigneur Sastre a mis à nu l’escroquerie de nos modèles technologiques, économiques et sociaux héritées de la colonisation qui épuisent les sols, les eaux et les paysans sans un souci croissant d’amélioration des conditions de vie de ses paysans.

C’est par ses dénonciations du comportement des élites que j’ai compris l’importance de la souveraineté alimentaire et du sens réel de ce que devrait être le développement rural intégré.

Selon lui, ce type de développement a pour but la sécurité humaine et pas que pour le monde rural mais aussi pour le milieu urbain pour ne pas le condamner à vivre des importations de nourritures. Il aura fallu attendre 1994 pour que le rapport sur le développement humain du PNUD élabore une réflexion sur cette sécurité holistique. Monseigneur Sastre est un éminent intellectuel, rigoureux et sans rigolade quand il s’agit des questions de changement social.

Ce nom évoque un praticien de la doctrine sociale de l’église grâce à qui j’ai appris davantage sur le Nexus Foi – Politiques publiques – Développement. C’est par lui que j’ai su qu’un tel document existe pour encadrer le devoir de servir et l’obligation de respecter de la dignité humaine en toute circonstance.

Cet Evêque de terrain qui vit le quotidien des populations m’a tellement secoué dans tous les sens, que six années après notre rencontre, j’ai préparé et soutenu une thèse de doctorat de géographie sur l’efficacité de l’aide au développement du secteur rural ancrée dans un raisonnement d’anthropologie économique pour davantage comprendre les causes d’échec des politiques publiques du monde rural et des déterminants du maintien des ménages paysans dans le dénuement.

Et deux années avant cette soutenance de thèse, j’ai fait mes adieux à la fonction publique béninoise pour mettre mes convictions et mon parcours professionnels au service du militantisme paysan à travers la Fédération des Unions de Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin) et le Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA). Ce sont les deux effets directs que les propos de Monseigneur Sastre ont eu sur mon mental. Si j’avais pris sa vérité crue délivrée sans détour et sans ménagement pour une offense indélébile à ma petite personne, je me serais égaré dans un complexe d’idiot et j’aurais raté ma vraie mission sur terre. La rancune radicalise et égare, elle est inutile parce que c’est du poison.

La tolérance illumine et fait prendre du recul, l’effort de comprendre l’autre rehausse l’intelligence partagée et l’interaction positive sont utiles pour admettre la vérité non plus comme une insulte humiliante mais comme une délivrance des antagonismes violents et un salut de rassemblement. Pour ainsi dire, la vérité ne peut pas être un crime de lèse-majesté et tout chef qui refuse d’entendre le vrai sera alimenté de faussetés jusqu’à ce qu’il découvre un jour que ce qui le gonfle comme une turgescence n’est rien d’autre que des toxines.

N’eût été cette onde de retour comme le phénomène d’upwelling en océanographie, je n’aurais certainement pas bénéficié de deux bourses d’excellence de la Banque mondiale et du gouvernement français dans l’espace de trois ans et demi. L’orgueilleux est cet idiot malhonnête qui ne sait pas que la vérité élève l’homme et purifie son état d’esprit.
Merci Monseigneur Robert Sastre de m’avoir ouvert les yeux pour découvrir ce qui sommeillait en moi comme valeur. Ma rencontre avec cet Evêque fut un pèlerinage à bien des égards. J’ai compris après cette imprégnation un grand soulagement et j’ai compris relativement mieux qui suis-je, pourquoi j’agis d’une certaine manière qui dérange et surtout, pourquoi les gens malveillants évitent de m’introduire dans leurs cercles des secrets?

Ils se reconnaîtront ceux-là en découvrant ce témoignage sur ma rencontre avec Monseigneur Sastre en 1991. S’il ne m’a pas pulvérisé de vérités crues, on me compterait aujourd’hui peut-être parmi les vagabonds chasseurs d’actes gratifiants qui courent après les honneurs de posture et les rentes de corruption. J’en suis définitivement vacciné contre ce virus de l’immoralité et de la médiocrité. Je suis juste un peu mieux qu’un pauvre, mais un gros travailleur reconnu parfois par mes détracteurs et digne de ne pas tomber dans les excavations de l’exploitation de l’homme par l’homme.

Je ne suis pas un religieux mais je nourris mon état d’esprit de compassion et d’un seuil élevé de discipline afin de m’éloigner de la vanité. La compassion est un pouvoir, le pardon est une grandeur d’esprit, la vanité est une impuissance et l’orgueil est une faiblesse qui prépare sa chute. A la fin de la conversation, Monseigneur Sastre a découvert qu’il avait en face de lui un homme sensible mais aussi un militant de la justice sociale. Ce qui l’a rassuré.

Un Evêque peut en cacher un autre. Je suis un laïc libre d’esprit et libre de pensée. C’est mon plus grand péché que j’ai souvent assumé, chaque fois que j’évoque Dieu dans mes intentions, mes paroles et mes actes.

J’ai eu dans le cadre de mes activités professionnelles le privilège de rencontrer un certain nombre de fois Monseigneur Lucien Monsi Agboka, Archevêque d’Abomey. Les deux Evêques sont issus d’une civilisation d’eau à la seule différence que Monseigneur Sastre incarne l’Océan Atlantique, Monseigneur Lucien Monsi Agboka, la lagune côtière. Il y a forcément un hydrotropisme culturel qui a joué entre les deux personnalités et moi; l’on peut deviner aisément la symbolique que véhicule mon patronyme qui a été à la base de mes travaux de recherche en DEA sur les forêts de palétuvier de la lagune côtière.

La manière de dire la vérité dépend du tempérament de chacun. Mais elle doit être dite sinon, les populations risquent de prendre l’habitude de copier et de reproduire les mensonges des élites qui tordent le cou à la vérité comme une sagesse pour sauvegarder des intérêts claniques. La vérité est toujours piégée et il en sera toujours ainsi jusqu’à la fin des temps.

La migration de la société civile vers la société politique ou qu’un politicien porte les deux casquettes, cette tricherie datait d’avant 1990 et s’est renforcée dans les années 90 avant de subir une mue merdique dans les années 2000 à 2020.

Le goût du pouvoir et ses délices tentantes ont favorisé le nomadisme de certains acteurs de la société civile vers la société politique. Alors qu’on prenait certains leaders de la cette société civile pour de vrais démocrates et ardents défenseurs des droits humains, une fois en politique, on découvre qu’ils ne sont plus les mêmes idéologiquement et fonctionnellement. Ils sont méconnaissables et ce difficile lien qu’on peinait à nouer entre la société politique et la société civile a été rompu parce qu’ils sont dépositaires de toutes les stratégies et tactiques qu’utilisaient les ONG, les syndicats et associations identitaires…

Les partis politiques ont désormais une arme puissante pour atomiser et anéantir tout ce qu’il y de société civile avec sa vivacité combattante. Elle ne peut plus rien revendiquer et on peut anticiper et mater tout contestation populaire y compris dans le sang. Ils sont devenus plus politiciens radicaux que les politiciens modérés qu’étaient leurs Aînés.

Ce que nous constatons de plus en plus Bénin, c’est la haine, le guet-apens et la vengeance qui sont les armes du parfait politicien béninois de l’époque actuelle. Et il le fait sans scrupule en bombant le torse pour montrer que les rapports de force sont à son profit, que c’est lui qui est là jusqu’à nouvel ordre et que seule sa volonté prédomine.

N’avons-nous rien pu faire pour faire de la société civile un contrepoids de la société politique après la conférence nationale de février 1990?

Entre juillet et août 1991, j’étais mobilisé par le PNUD comme consultant d’appui au titre du projet BEN/87/001 basé à Lomé avec pour mandat de préparer et d’organiser un débat national sur la société civile mobilisant des ONG et associations assimilées au Bénin.

Le but de ce projet de renforcement de la société civile était de faire d’elle une véritable force de co-construction du développement post conférence nationale afin de consolider le processus démocratique au Bénin. Il fallait bien cette interaction société politique et société civile pour régénérer l’animation de la vie politique car la société civile a son rôle à jouer en matière d’éducation à la citoyenneté et de promotion de la bonne gouvernance.

On ne saurait faire le bilan politique, institutionnel, économique et social des acquis de la conférence nationale de février 1990 sans faire référence au premier forum sous l’ère du renouveau démocratique de l’avènement de la FENONG.

Je me souviens encore du passionnant débat entre le bureau du CONGAB et moi, concernant l’incompatibilité de la fonction politique de secrétaire général de la Renaissance du Bénin avec celle de président d’une faîtière d’organisation de la société civile. J’avais abordé la question sous l’angle de l’éthique. C’est un sujet fâcheux et difficile à aborder mais il fallait oser percer l’abcès.

A l’époque, on pouvait dialoguer encore même si ce n’est pas sans risque mais aujourd’hui, chacun parle et se parle sans dialoguer avec l’autre. Il y a plus d’animosité et d’animalité en 2024 qu’en 1991. Je tiens à rendre un hommage de gratitude à monsieur Nathanaël Bah pour avoir opté volontairement de quitter le CONGAB pour s’occuper de la RB.

Dans ces travaux préparatoires incluant le sondage sur quelques personnes charismatiques pouvant rassembler et fédérer la société civile, j’avais pensé à Monseigneur Agboka.

Lors d’une rencontre avec le vieux prêtre, nous avions découvert son cœur d’homme empathique et ses responsabilités sociétales à la tête de la CARITAS au niveau national.

Il fallait l’avis de sa hiérarchie avant sa participation à un forum sur la société civile et toute responsabilité qui en découlerait.

Au bout d’un mois et à l’occasion d’une seconde séance de travail, Monseigneur Agboka a formellement accepté de participer et d’être un accompagnateur de ce renouveau de la société civile au Bénin en prolongement des acquis de la conférence nationale président par l’Archevêque de Cotonou, Monseigneur Isidore de Souza.

L’information est restée entre lui et moi, même le PNUD n’était pas au courant des détails de nos échanges.

A cette rencontre en août 1991, Monseigneur Agboka fut élu président par choix démocratique du forum et reconduit comme premier président de la FENONG-Bénin avec pour mandat le renforcement de la collaboration entre le gouvernement et les mouvements associatifs. Docteur Jean-Baptiste Elias fut le premier vice-président. Dans notre esprit et selon l’entendement du PNUD au Bénin, la FENONG-Bénin faisait partie des acquis de la conférence nationale de février 1990.

Pourtant, peu de gens font référence à ce forum de 1991 qui a vu naître une force sociale pour le combat citoyen. Il ne fait aucun doute que notre statut de délégué à la conférence nationale avait influencé le choix porté sur Monseigneur Agboka. Il était néanmoins la bonne personne de l’Église catholique pouvant conduire les travaux de la renaissance de ce mouvement citoyen, il présidait les œuvres caritatives et est connu pour son calme majestueux.

L’homme vrai est celui qui pue pour le menteur impudique. Le mensonge c’est de l’injustice cautionnée par ceux à qui profite un rapport de force.

Dites la vérité pour blesser et servez du mensonge pour sauvez des vies si les circonstances vous l’exigent face aux imposteurs chevronnés qui font du mensonge une profession de foi dont ils ne peuvent pas s’en séparer.

Il fallait ce témoignage pour compléter les acquis de la conférence nationale qui sont en voie de démolissement.

Aucune valeur humaine ne supplante la vérité, et personne ne dit toutes les vérités qui jalonnent sa vie. Le mot secret a été inventé pour mettre un déguisement à la vérité et un maquillage au mensonge. Entre la vérité et le mensonge, un seul mot les relie, c’est la manipulation. Néanmoins, le désir d’être vrai avec soi-même est le point de départ de notre ouverture à la vérité. Être vrai ce n’est pas forcément avoir raison,  mais accepter de confronter sa part de vérité à celle des autres. Quand c’est le fort qui veut imposer sa vérité à tous les autres, ce type de vérité est inepte et prend l’étoffe d’un mensonge.

Simon-Narcisse TOMETY

Bénin : Colère noire de de Guy Mitokpè après l’arrestation de Rémy Gnambakpo, lire son coup de gueule

Depuis 8 ans, le régime actuel en République du Bénin multiple la transgression des normes dans tous les domaines.

LE NON DROIT COMME LA NORME…

Depuis 8 ans, le régime actuel en République du Bénin multiple la transgression des normes dans tous les domaines.

Dans tout État qui se respecte, on n’interpelle pas les citoyens en employant le mode opératoire des kidnappeurs, des preneurs d’otages ou des demandeurs de rançon.

Ce qui s’est passé avec le lanceur d’alerte Rémi GNAMBAKPO est une énième violation des droits du citoyen par ce régime policier.

Je ne sais pas ce qui est reproché à Monsieur GNAMBAKPO, mais ce qui s’est passé avec lui en ce jour de samedi 20 avril 2024, aux dires des témoins oculaires, est purement et simplement un enlèvement…

Comment se fait-il que ceux qui doivent nous protéger des enlèvements, en soient ceux qui en fassent la promotion aujourd’hui, dans un contexte où nous condamnons tous le terrorisme.

LIBÉREZ REMI GNAMBAKPO ET ARRÊTEZ DE RÉPANDRE LA SINISTROSE DANS LE PAYS…

Votre incapacité à gérer ce pays, augmente la souffrance du peuple jour après jour, n’en rajouter pas…

LIBÉREZ RÉMI GNAMBAKPO…

NOUS VAINCRONS…

Dr. Guy Dossou MITOKPE 

Tomèty invite « les personnes qui aiment humilier » à faire « attention » à ces « trois verbes d’action » (Tribune)

Le pouvoir d’État en Afrique minéralise l’orgueil et la vanité d’où un permanent conflit entre les dirigeants politiques et les populations. On note un déclin dangereux du patriotisme chez les hommes et un peu moins chez les femmes, souvent moins voraces.

Le pécheur-pêcheur au-delà de la vanité : le temps de la vérité

Le pouvoir d’État en Afrique minéralise l’orgueil et la vanité d’où un permanent conflit entre les dirigeants politiques et les populations. On note un déclin dangereux du patriotisme chez les hommes et un peu moins chez les femmes, souvent moins voraces.

Le pouvoir d’État ne se conçoit plus et ne s’active plus sans des rapports de force induisant volontairement l’élargissement de la pauvreté. Au pouvoir serviteur et sacerdotal au profit du peuple se substitue le pouvoir prédateur et vaniteux des politiciens. Et quel est l’impact sur la jeunesse de cette classe politique africaine pourrie?

Quand Dieu commence par agir, Ses sanctions relèvent d’une bénédiction et/ou d’une malédiction individuelles et/ou collectives. En somme, il n’existe de bénédictions que de récompenses pour les actes bienveillants tout comme il n’y a point de malédictions qui ne dérivent des dérapages malveillants consciemment perpétrés à l’encontre d’une personne ou d’une communauté.

Si l’impunité des abus est un salut immunitaire momentané pour les Hommes de pouvoir, la Nature ne reconnaît ni immunité ni impunité à vie pour quiconque exerçant une mission d’intérêt public.  C’est pourquoi, quels que soient la hauteur à laquelle vole un oiseau et le temps que durera son parcours dans les airs, il finit toujours sa trajectoire au sol. Tout se clôture par la chute, le déclin et l’abîme. Beaucoup d’hommes de pouvoir sont des volatiles qui ont rarement conscience de leur chute finale. Ceux qui les incitent à modérer leurs ardeurs font partie de leurs pires ennemis et pourtant! Devrait-on les laisser couler comme un bateau qui heurte un iceberg?

Ne pas nuire est devenu une exigence morale pour le vivre-ensemble dans ce monde clivant et corrompu où l’Homme doit faire face à tout instant à des rapports de force de plus en plus terrifiants fondés sur le mensonge, la jalousie et la chasse à l’homme.

Il y a de moins en moins de meilleurs amis avec qui on peut cultiver ensemble le jardin de la tolérance et de plus en plus de faux amis avec qui on est lié que par la loi de la trahison et de l’ingratitude.

Les relations humaines relèvent de l’instant de plaisir avec une prostituée,  et l’amour réel devient éphémère simplement parce que les hommes sont de plus en plus matérialistes et tout le reste de leur sourire n’est qu’une mise en scène.

Tout homme est de par sa nature un pécheur; lorsqu’il prend conscience de ses abus et se détermine à ne pas criminaliser le comportement des autres, il devient un pêcheur, celui qui sauve parce que chacun a ses qualités et ses défauts. C’est là tout le miracle du pardon qui n’est rien d’autre que le comportement compassionnel d’un pécheur-pêcheur.

Plus un homme est fort et vu comme une puissance difficilement invincible par les flatteries sociales et démagogiques des encenseurs qui le parfument, plus l’avidité du pouvoir le ronge, le ruine, le rabaisse et le ridiculise avant son enfoncement dans une profonde fragilité.

Les personnes qui aiment humilier doivent faire beaucoup attention aux  trois verbes d’action qui finissent toujours par les rattraper après l’inflation de leurs égos: Ronger, Ruiner, Ridiculiser.

Quand vous faites croire à quelqu’un que c’est lui le seul roi de la forêt, plus l’illusion de puissance le détermine et le galvanise vaniteusement comme le lion, et plus il cherche à vous écraser sans pitié.

Dès lors, son addiction à l’usage de la force brutale faisant de son Être une flèche empoisonnée, il finit par sa propre persécution en se faisant prendre à son propre piège.

Le chasseur qui multiplie la pose de ses pièges sans les géoréférencer en vue d’attraper tous ceux qu’il assimile à des animaux sauvages à capturer, finit par être lui-même l’un de ses propres captifs. Ce n’est qu’en ce moment qu’il réalisera qu’être le meilleur en tout et de tous est un leurre.

Le pouvoir qui permet de détruire la vie d’autrui, c’est le même qui finit par abîmer votre propre réputation.

S’honorer d’être une force tutélaire capable de dompter tout le monde par la peur, c’est multiplier autour de soi des pièges qui finiront par être plus forts que son poseur.

Seul et son clan contre tous, c’est pour un temps. Rien ne fait barrage à la volonté d’un peuple qui a atteint le seuil du ras-le-bol économique, social et politique.

L’homme vit d’espérance à condition que sa dignité soit respectée.

L’oppression par le militarisme qui assimile ses compatriotes à des envahisseurs, la justice  bricoleuse qui malmène les Droits de l’homme et l’érosion du pouvoir d’achat qui affame, c’est le seuil ultime où tout peuple met fin à la peur pour affronter le danger que les tyrans lui imposent. Il se trouve qu’un tyran est aussi une espèce de personnes dont la vue et  l’odorat ne fonctionnent plus.

L’histoire de l’humanité nous enseigne sur tous les continents et particulièrement en Afrique, que la fragilité de tout homme qui aime écraser les autres pour exister en maître absolu après avoir réduit les uns et les autres par les souillures de la corruption, n’est qu’une vie microbienne à ne pas récidiver tout le temps comme un mode opératoire et un modèle de réussite solitaire.

L’éléphant a beau être fort et gigantesque, la petite fourmi magnat le terrasse, l’anéantit puis l’achève. Sur cette terre des hommes, on a vu des gens qui ont tout gagné et cru qu’aucun descendant de leur lignée ne serait jamais dans l’indigence sur des siècles. Et pourtant, est survenue la ruine économique et financière car les biens mal acquis des riches en privation des patrimoines des pauvres sont des biens maudits par la vengeance spirituelle des pauvres. Il faut le savoir pour ainsi dire !

Simon-Narcisse Tomety