Bénin : Colère et exigences des Avocats de Reckya Madougou (communiqué)

Dans l’après-midi de ce mercredi 08 février 2023, monsieur Noureni ATCHADE Vice-président et député élu du parti ´´ Les Démocrates ´´ ainsi que monsieur Allassane TIGRI, ancien ministre, tous deux membres de la coordination dudit parti, ont été refoulés par les autorités pénitentiaires de la prison civile d’Akpro-Missérété.

Communiqué du Collectif des Avocats de Madame Reckya MADOUGOU

Objet: Vive protestation

Dans l’après-midi de ce mercredi 08 février 2023, monsieur Noureni ATCHADE Vice-président et député élu du parti ´´ Les Démocrates ´´ ainsi que monsieur Allassane TIGRI, ancien ministre, tous deux membres de la coordination dudit parti, ont été refoulés par les autorités pénitentiaires de la prison civile d’Akpro-Missérété.

Comme motif avancé par les agents de ladite prison, toute visite à la Présidente Reckya MADOUGOU est dorénavant subordonnée à une permission spéciale délivrée par le procureur spécial de la CRIET en vertu du décret Numéro 73-293 du 15 septembre 1973 portant régime pénitentiaire. Cette mesure fait suite à la visite des députés du parti « Les Démocrates » rendue à madame Reckya MADOUGOU le dimanche 5 février 2023.

Le collectif des Avocats de la Présidente Reckya MADOUGOU arbitrairement détenue, dénonce et condamne cet énième acharnement qui ne vise qu’à l’empêcher de continuer à exercer ses droits civils et politiques.

En effet, non seulement ledit décret est tombé en désuétude mais en plus il tire son fondement de textes législatifs abrogés ou devenus caducs de sorte qu’il ne saurait donc produire quelque effet de droit.

Le collectif des avocats de Madame Reckya MADOUGOU rappelle aux autorités pénitentiaires et judiciaires qu’elles ne peuvent s’ériger en bras armé d’un pouvoir politique et aux autorités politiques du Bénin que depuis le 07 novembre 2022, date de la publication de l’Avis numéro 51/2022 du GTDA/ONU, leur cliente est censée avoir été libérée sans condition et que chaque jour qui passe ne fait qu’empirer la situation des auteurs à divers niveaux de la chaîne pénale de cette détention que les Nations unies ont, dans leur avis contradictoire, jugée triplement arbitraire.

Devant cette institution des Nations Unies qu’est le GTDA, le gouvernement Béninois avait inexactement et de façon trompeuse affirmé que Madame Reckya MADOUGOU reçoit sans difficultés ses visites (outre celles de sa mère). Alors qu’en réalité à l’époque déjà, toutes les fois que ses amis politiques de l’opposition cherchaient à la voir, soit les agents les empêchaient d’entrer dans la prison, soit au jour de visite suivant, ses hôtes sont simplement éconduits avec pour motif « ce sont les instructions du haut ».

Le fallacieux prétexte du permis de visite avancé aujourd’hui pour refuser désormais et de nouveau à la Présidente Reckya MADOUGOU toute visite de ses proches (en dehors de sa mère de 73 ans) n’est qu’une confirmation surabondante que sa détention ne relève que de motivations strictement politiques.

Pendant ce temps et dans toutes les prisons du Bénin, tous les autres détenus recevaient et continuent de recevoir des délégations de leurs collègues ou amis et sans production de permis spécial de visite.

Cet état de fait est d’une extrême gravité au regard des circonstances de pression permanente et de torture morale. Puisque, déjà privée depuis deux ans des droits élémentaires d’un déténu – contrairement aux autres détenus des prisons du Bénin – voici que les autorités viennent de rajouter une interdiction de visite à peine voilée. Car le même procédé lui avait été infligé pendant les premiers mois de sa détention et le procureur spécial n’avait jamais donné suite à ceux qui l’avaient saisi à cette fin.

Il ne fait point l’ombre d’aucun doute que cette situation aggravée participe d’une stratégie d’isolement de la Présidente Reckya MADOUGOU pour l’amener à renoncer à ses droits civils et politiques avant d’espérer recouvrer une forme de liberté. Ce qui est un scandale politique et judiciaire inédit.

En conséquence :

1- Le collectif exige la cessation immédiate de l’interdiction sans fondement de visite à madame Reckya MADOUGOU;

Ensuite, tel que demandé par les experts de l’ONU dans l’Avis sus-cité du GTDA:

2- La libération sans condition de madame Reckya MADOUGOU ;

3- L’ouverture d’une enquête approfondie pour faire la lumière sur les auteurs de sa détention arbitraire et la prise de sanction appropriée ;

4- Le dédommagement en la forme d’indemnisation au profit de madame Reckya MADOUGOU

5- L’interpellation de tous les agents qui ont refusé à madame Reckya MADOUGOU de recevoir ses visites sans un permis spécial du procureur au mépris de ses droits;

6- La mise en conformité des pratiques carcérales du Bénin au droit international;

7- Le collectif demande à l’administration pénitentiaire de rester dans sa mission régalienne et d’éviter toutes politisation, discrimination et torture multiforme sur madame Reckya MADOUGOU.

Pour le collectif des Avocats de Madame Reckya MADOUGOU:

A signé Maître Renaud Agbodjo

Cotonou, le 10 février 2023

Verdict du Groupe de travail de l’ONU : Boni Ouorou invite Talon à saisir la balle au bond et ironise, « Qu’on nous permette encore de manger du Wassa, Dakouin, de l’igname pilée… »

A travers un  Avis adoptés, le Groupe de travail sur la détention  arbitraire a appelé les autorités béninoises à libérer immédiatement et à indemniser l’opposante Réckya Madougou, incarcérée à la prison civile d’Akpro-Missérété. Réagissant au verdict de GTDA, Richard Boni Ouorou a invité Patrice Talon à « redonner espoir aux populations en libérant de nos prisons ceux et celles qui n’ont pas leur place là-bas ». Connu pour son humour légendaire, le Politologue a laissé entendre que cela permettra aux béninois privés de leurs libertés ou en exil de « manger du Wassa à Parakou, de l’igname pilée à Djougou, du Dakouin à Grand-Popo.

A travers un  Avis adoptés, le Groupe de travail sur la détention  arbitraire a appelé les autorités béninoises à libérer immédiatement et à indemniser l’opposante Réckya Madougou, incarcérée à la prison civile d’Akpro-Missérété. Réagissant au verdict de GTDA, Richard Boni Ouorou a invité Patrice Talon à « redonner espoir aux populations en libérant de nos prisons ceux et celles qui n’ont pas leur place là-bas ». Connu pour son humour légendaire, le Politologue a laissé entendre que cela permettra aux béninois privés de leurs libertés ou en exil de « manger du Wassa à Parakou, de l’igname pilée à Djougou, du Dakouin à Grand-Popo. Lire sa réaction.

« Une exigence du moins —régulière— est faite pour la libération de notre sœur Reckya Madougou.

Cette exigence dont la régularité est démontrée par des instances supranationales est la preuve que la détention de cette dernière et de milliers d’autres détenu.e.s politiques viole la paix et la stabilité que les prédécesseurs de M Patrice Talon ont préservé parfois au détriment de leurs ambitions présidentielles.

M Nicephore Soglo après un mandat et malgré qu’il avait incarné l’essor démocratique et avait une vision politique et économique avec un début d’exécution, a respecté le verdict des urnes malgré un premier assaut contre celui-ci, il s’est rétracté et s’est raisonné au bénéfice de la stabilité politique et sociale. Il a fait preuve de patriotisme et de respect pour ses Concitoyen.ne.s. Il est d’ailleurs dommage qu’un Joseph Djogbenou le traite de marginal parce qu’il a cédé le pouvoir —démocratique– et éviter un bain de sang .

Yayi Boni aussi nourrissait peut-être le dessein ou l’ambition d’un troisième mandat direct ou indirect au travers de Lionel. Mais face à l’évidence, il s’est plié à la règle de la majorité et s’est refusé de détourner de son chemin, le destin du pays qu’il a géré pendant 10 ans; Djènontin en fait encore les frais aujourd’hui. Fidèle des fidèles, il a refusé de s’allier et tôt ou tard, Dieu le réinstallera à la place qui lui convient.

Autour de M Patrice Talon, je veux avoir encore la naïveté de croire qu’il fera maintenant le bon choix, celui de s’assurer de baisser la tension populaire et se préparer une bonne sortie. Il n’est jamais tard pour prendre les bonnes décisions et le moment est plus que jamais venu de redonner espoir aux populations béninoise en libérant de nos prisons ceux et celles qui n’ont pas leur place là-bas.

Je garde espoir que le moment est plus que venu pour nous revoir et reprendre le cours normal de notre vie béninoise. Qu’on nous permette encore de manger du Wassa à Parakou, de l’igname pilée à Djougou, du Dakouin à Grand- Popo sans compter les nuits sous les lampadaires de Jonquet.

Dieu soit avec nous et évite aux enfants de notre pays le bras de fer.

Prenez soin de vous ».

 Richard Boni Ouorou

 

Madougou : Le GTDA juge « arbitraire » sa détention et donne « six mois » au Gouvernement pour « libérer et indemniser» la ‘‘réserve minière’’ de l’opposition, sinon

Réckya Madougou, la ‘‘réserve minière’’, comme l’appelle le député de la mouvance, Dakpè Sossou ne peut et ne doit plus rester en prison. C’est ce qu’il faut retenir du verdict du Groupe de travail sur la détention de l’Organisation des Nations Unies (GTDA).

Réckya Madougou, la ‘‘réserve minière’’, comme l’appelle le député de la mouvance, Dakpè Sossou ne peut pas et ne doit plus rester à la prison civile d’Akpro-Missérété. C’est ce qu’il faut retenir du verdict du Groupe de travail sur la détention de l’Organisation des Nations Unies (GTDA).

A effet à travers un  Avis adoptés par le Groupe de travail sur la détention  arbitraire à sa quatre-vingt-quatorzième session, 29 août-2 septembre 2022, l’organisation « considère que la détention de Mme  Madougou est dépourvue de base légale, contraire à l’article 9 de la Déclaration universelle  des droits de l’homme et à l’article 9 du Pacte et donc arbitraire au titre de la catégorie I » et est « contraire aux articles 19, 21, 22 et 25 du Pacte et aux articles 19, 21 et 22  de la Déclaration universelle des droits de l’homme, et donc arbitraires au titre de la catégorie  II ».

Le GTDA s’est basé sur les informations fournies par les avocats de Réckya Madougou et les clarifications apportées par le Gouvernement du Bénin pour rendre son verdict.

Face à cela, le Groupe de travail sur la détention  arbitraire « demande au Gouvernement du Bénin de prendre les mesures qui  s’imposent pour remédier sans tarder à la situation de Mme Madougou et la rendre  compatible avec les normes internationales applicables, notamment celles énoncées dans la  Déclaration universelle des droits de l’homme et dans le Pacte », estimant que « compte tenu de toutes les circonstances de l’espèce,  la mesure appropriée consisterait à libérer immédiatement Mme Madougou et à lui accorder  le droit d’obtenir réparation, notamment sous la forme d’une indemnisation, conformément  au droit international ».

Et d’être beaucoup plus précise : «  Dans le contexte actuel de la pandémie mondiale de maladie à  coronavirus (COVID-19) et de la menace qu’elle représente dans les lieux de détention, le  Groupe de travail appelle le Gouvernement à prendre des mesures urgentes pour assurer la  libération immédiate de Mme Madougou ».

Mais ce n’est pas tout. Le Groupe de travail réclame également « une  enquête approfondie et indépendante  sur les circonstances de la privation  arbitraire de liberté de Mme Madougou » afin  « de prendre les mesures qui s’imposent contre les  responsables de la violation des droits de celui-ci ».

Désormais, le Gouvernement du Bénin a « six mois » pour  « fournir les informations  demandées suivant la communication du présent avis ».

En cas d’entêtement, le GTDA prévient avec une piqure de rappel au passage « Il se réserve  néanmoins le droit de prendre des mesures de suivi si de nouvelles informations préoccupantes concernant l’affaire sont portées à son attention. Cela lui permettra de faire  savoir au Conseil des droits de l’homme si des progrès ont été accomplis dans l’application  de ses recommandations ou si, au contraire, rien n’a été fait en ce sens.  Le Groupe de travail rappelle que le Conseil des droits de l’homme a engagé tous les  États à coopérer avec lui et les a priés de tenir compte de ses avis, de faire le nécessaire pour  remédier à la situation de toutes personnes arbitrairement privées de liberté et de l’informer  des mesures prises à cette fin2 ».

Le Gouvernement est donc prévenu.

Manassé AGBOSSAGA 

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