Montée du Djihadisme dans le nord Bénin : Ouorou écrit à Talon, lire son diagnostic et ses propositions

Nos conceptions respectives du développement sont différentes, mais je ne peux vous reprocher d’être volatile. Vous vous êtes convaincu que le néolibéralisme est un tremplin absolu pour la croissance du Bénin et vous dirigez le pays en conséquence. Bien qu’enlaidie par les entorses aux droits de l’Homme, dont votre gouvernement est responsable, votre constance est assez remarquable à ce sujet.

Monsieur Patrice TALON

 

Président de la République

 

Présidence de la République du Bénin

 

Palais de la Marina, Cotonou-Bénin

 

Objet:      Le Bénin à l’heure du djihadisme : en être efficacement protégé grâce à un État progressiste et responsable.

 

Monsieur le Président,

 

Nos conceptions respectives du développement sont différentes, mais je ne peux vous reprocher d’être volatile. Vous vous êtes convaincu que le néolibéralisme est un tremplin absolu pour la croissance du Bénin et vous dirigez le pays en conséquence. Bien qu’enlaidie par les entorses aux droits de l’Homme, dont votre gouvernement est responsable, votre constance est assez remarquable à ce sujet.

 

Rassurez-vous, Monsieur le Président, l’objectif n’est pas de peindre en noir vos actions, même si par le passé, mes critiques et autres propositions ont été lues et comprises sur la défensive. De manière constructive et explicative, je voudrais plutôt, cette fois-ci, m’employer à vous suggérer quelques pistes de solutions pour désamorcer une crise — une autre — en devenir au sein de notre société. Cette crise qui menace la stabilité, la sécurité et l’économie du Bénin (sans lui être propre), c’est celle produite par l’extrémisme religieux de type djihadiste.

 

Ailleurs en Afrique, particulièrement chez nos voisins, la réponse traditionnelle des gouvernements aux actes motivés par cette idéologie pro-violence a été strictement militaire, mais sans grands succès. On peut tout simplement en retenir que face à la réalité sociologique complexe du djihadisme, ces opérations simplement réactives et policières sont déficientes et inefficaces. Elles n’appréhendent pas le phénomène dans sa globalité, excluant notamment sa genèse. De surcroît, la répression militaire ne fait souvent que déplacer le problème, au sens propre, dans la mesure où les groupuscules radicalisés vont s’installer dans les pays limitrophes, là où ils sentent qu’ils sont moins entravés dans la réalisation de leurs « devoirs ». Le Nord du Bénin, on le sait, fait partie des régions choisies. Ai-je besoin, Monsieur le Président, de vous rappeler ce qui s’est passé au Parc national de la Pendjari et ce qui hante toujours l’aire protégée du Parc W?

 

Bien sûr, le Bénin n’est pas à la veille de basculer politiquement au profit d’un État islamisé. Et, il ne faut pas s’imaginer que je suis parti en croisade contre un supposé grand complot religieux grenouillant dans nos terres. Tous ceux et toutes celles qui me connaissent savent d’ailleurs que j’ai depuis longtemps adopté une manière pluraliste, inclusive et équilibrée, d’envisager les faits sociaux et économiques. La diversité et la liberté sous toutes leurs formes dans le respect du Droit et de la Constitution, font partie de ce que je crois essentiel au progrès du pays. Non, ce qui me préoccupe et qu’il faut que vous l’ayez à l’esprit, Monsieur le Président, c’est cette réalité d’un Bénin coupé en deux (le Nord et le Sud). Une réalité qui n’est pas favorable à l’épanouissement de l’ensemble de la population et, au demeurant, qui est en cause relativement aux percées djihadistes dans les localités septentrionales.

 

Il est clair pour moi que l’orientation néolibérale de vos politiques économiques et de développement a joué dans l’aggravation de ce clivage déjà problématique. Celui d’un Nord qui s’use et se souille les mains aux champs sans possibilité de sortir de sa pauvreté, orphelin de pouvoirs décentralisés qui auraient atténué sa frustration, abandonné par l’État central, de surcroît, exposé aux chants (et aux armes) des sirènes djihadistes. En revanche, nous avons un Sud connaissant une urbanisation inhérente, enclin à ses difficultés évidemment, mais plus diversifié, considérablement plus prospère, et bien à l’abri de la barbarie, tout ceci sous la protection manifeste du pouvoir central surtout avec des autorités étatiques qui y sont établies. J’ai une certitude, vous n’avez pas créé un tel clivage géo-sociologique, Monsieur le Président, vous pensiez même sincèrement, -sauf erreur-, pouvoir changer cette donne historique. Mais par un effet cobra, les conséquences sociales de vos décisions ont été contraires à vos bonnes intentions.

 

Monsieur le Président, je voudrais encore une fois attirer votre attention sur le manque de démocratie, le laisser-faire économique, le bafouement des droits de l’Homme et j’en passe. Je comprends que l’on puisse hausser les épaules chez vos laudateurs politiques, lassés par mes sempiternelles remises en question. Des notions qui s’appliquent à tout sont vides de contenu, prévenait déjà Aristote. J’en suis conscient. Aussi ferai-je maintenant les liens qui s’imposent en vous proposant, Monsieur le Président, une approche globale et des initiatives contextualisées pour contrer le surgissement de l’extrémisme islamique dans notre pays.

 

Il est crucial de ne pas minimiser l’insécurité résultant de la menace djihadiste ; et il est impérieux de bien comprendre son étendue. Afin de dissiper cette insécurité, il est essentiel qu’un État responsable et efficace agisse sur plusieurs fronts, à court, moyen et long termes. Cela implique que votre gouvernement planifie et supervise des mesures en se basant sur quatre axes stratégiques : le dépistage, le contrôle, la prévention et la responsabilisation.

 

Le dépistage est lié à la sécurité nationale et aux renseignements. Il est essentiel d’allouer des ressources financières et logistiques adéquates aux centres, corps et ministères concernés afin de contrer les groupes extrémistes dans leur organisation et leurs projets. Il est crucial d’avoir des capacités de collecte de renseignements, en l’occurrence l’utilisation de drones, la surveillance électronique et des échanges avec les communautés locales. La collaboration avec les instances des pays voisins ainsi qu’avec des organisations internationales est aussi essentielle (vos soutiens diront, que c’est déjà le cas et qu’il existe un canal de transmissions d’informations relatives. Je voudrais néanmoins poser la question suivante: quel est le niveau des relations diplomatiques et fraternelles avec nos voisins pour espérer une franche et spontanée collaboration dans le domaine des renseignements transnationaux ?). Face au djihadisme, un pays de taille modeste comme le Bénin ne peut se priver des informations et du soutien technique que peuvent proposer les grandes agences de surveillance. Pour cela, faudrait-il que nous soyons ouverts à collaborer dans un esprit désintéressé qui met de côté vos intérêts économiques et privilégie la sécurité nationale.

 

Le contrôle fait référence à la gestion de crise sur le terrain par les Forces armées officielles advenant des exactions, méfaits et/ou actes terroristes. Les agents spéciaux et les militaires béninois, par exemple, doivent être réellement en mesure d’intervenir pour sécuriser des périmètres ainsi que pour protéger et sauver les citoyens. Des données, des matériels et équipements en quantité suffisante leur sont nécessaires. Le contrôle implique aussi une présence accrue des forces de sécurité dans les zones les plus touchées par l’insécurité. La mise en place de postes de vérification, notamment à l’orée des passages clandestins et aux frontières, fait partie des moyens rapidement déployables.

 

Autre axe stratégique : la prévention. Celle-ci, Monsieur le Président, n’est pas à négliger, bien au contraire. Par prévention, j’entends la création et la mise en place de mesures sociales et économiques permettant, en amont, de désamorcer les processus de radicalisation (chez les jeunes notamment) et même d’éviter carrément que le terrorisme devienne une option chez des populations isolées.

 

Pour reprendre le cas du Bénin septentrional, et sans jeter le blâme sur les gens exposés aux discours extrémistes — c’est aussi sous la menace de djihadistes armés qu’ils se font embrigader —, la pauvreté, la discrimination, l’exclusion sociale et les frustrations individuelles résultantes qu’on y retrouve sont des facteurs de risque. Qu’on puisse alors y voir davantage de « sympathisants » (de victimes) n’est qu’une question de temps quand la gouvernance continue d’ignorer cette réalité. À l’inverse, un pays est à l’abri du djihadisme lorsque l’État est présent, investit dans l’éducation et dans la formation professionnelle partout sur le territoire. Lorsqu’il travaille à réduire les inégalités socioéconomiques en y créant des opportunités d’affaires, commerciales, des stages, des formules coopératives, etc. Et, il ne s’agit pas toujours d’investir de grosses sommes d’argent. Je pourrais vous parler, Monsieur le Président, du grand impact positif qu’a eu la simple installation d’un lampadaire à énergie solaire dans le petit village de Benahou, à mon initiative.

 

La prévention, c’est donc aussi de développer des infrastructures et des programmes adaptés afin de stimuler les investissements, l’entrepreneuriat local et la création d’emplois gratifiants. Des communautés prospères, instruites et fières de participer à l’essor du pays ne sont pas enclines à prendre le maquis djihadiste.

 

Cela m’amène, en terminant, au quatrième axe qui est en quelque sorte lié au précédent : la responsabilisation. Au sens large, celle-ci renvoie à la prise en main partielle par les communautés de leur développement. Un développement adapté à leurs réalités et soucieux de l’inclusion de tous et de toutes aux projets qui y prennent naissance. Or, cela n’est possible que si l’État accepte une certaine décentralisation. Je rappelle que décentraliser signifie transférer le pouvoir de décision et les ressources du gouvernement central aux autorités locales. Là où les communautés ont des besoins spécifiques, la décentralisation est habituellement bénéfique (principe de subsidiarité).  Même que la gouvernance générale s’en trouve bonifiée par le fait que les citoyens participent activement aux prises de décision un peu partout sur le territoire. Une plus grande efficacité démocratique, donc, et une nette diminution de l’isolement tant collectif qu’individuel, deux antidotes aux poussées extrémistes.

 

Une telle participation économique, civique et politique (en particulier des jeunes) a également un effet bénéfique en termes de cohésion sociale globale. Aidées à faire face aux défis de la vie sans passer par des phases de déprime ou de la violence grâce aux ressources déployées, les populations régionales se sentiront également intégrées à quelque chose de plus vaste, la patrie, ce qui tend à réduire les tensions communautaristes et à faire essaimer des valeurs républicaines et sociales comme le respect du droit et des libertés, la tolérance, l’entraide et l’honnêteté. Tout cela est à considérer sérieusement, ‘’car là où il n’y a pas d’espoirs, il ne peut y avoir d’efforts’’(Samuel Johnson).

 

Avec le respect dû à vos fonctions,

 

Richard Boni OUOROU

 

Politologue et consultant

Probables candidats de l’UP le Renouveau, c’est l’heure de faire les prières : Djogbénou vient de faire une grande annonce

L’Union progressiste le Renouveau (UP le Renouveau) n’a pas encore sa liste des 109 candidats titulaires et suppléants alors que la Céna a donné, depuis vendredi 28 octobre dernier, le top de la réception des déclarations de candidatures pour les législatives du 08 janvier 2023. Et c’est maintenant que le parti s’apprête à tamiser les 1236 dossiers de candidatures enregistrés. C’est du moins ce qu’il faut retenir de la lettre de Joseph Djogbénou adressée  aux militants et militantes de l’UP le Renouveau, ce dimanche 30 octobre 2022.

L’Union progressiste le Renouveau (UP le Renouveau) n’a pas encore sa liste des 109 candidats titulaires et suppléants alors que la Céna a donné, depuis vendredi 28 octobre dernier, le top de la réception des déclarations de candidatures pour les législatives du 08 janvier 2023. Et c’est maintenant que le parti s’apprête à tamiser les 1236 dossiers de candidatures enregistrés. C’est du moins ce qu’il faut retenir de la lettre de Joseph Djogbénou adressée  aux militants et militantes de l’UP le Renouveau, ce dimanche 30 octobre 2022.

En effet, il a confié que   les  « choix seront effectués dans les heures qui suivent».

« Pour l’Union progressiste le Renouveau, ces choix seront effectués dans les heures qui suivent pour établir la liste des candidats à la dignité et aux fonctions de député à l’Assemblée nationale », a confié le président du parti, ce dimanche 30 octobre 2022.

Joseph Djogbénou a semblé laissé entendre que l’UP le Renouveau fera des « choix audacieux, pertinents et nécessaires ».

Probables candidats, c’est l’heure de faire toutes les prières.

Manassé AGBOSSAGA

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Parrainage/Présidentielle de 2021 : Un candidat se plaint à Talon, « Vous avez tout planifié, tout réglé pour conserver vaille que vaille le pouvoir »

Daniel Edah qui fait partie des 20 candidats à avoir déposé son dossier de candidature à la présidentielle de 2021 au siège de la Commission électorale nationale autonome se plaint à Patrice Talon. A travers une lettre ouverte, il interpelle le chef de l’Etat sur le  parrainage. Il accuse le chef de l’Etat de dérouler son plan pour conserver le pouvoir.

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE BÉNIN 2021

LETTRE OUVERTE AU PRÉSIDENT DE LA REPUBLIQUE AU SUJET DU PARRAINAGE DE CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DE 2021

Monsieur le Président de la République,

Comme vous avez dû le remarquer, depuis la révision express de la constitution et le vote de la deuxième loi portant code électoral pour conforter l’exclusion malgré notre invitation des députés à éviter toute modification opaque de la constitution, nous n’avons émis jusqu’à présent aucun commentaire sur les dispositions nouvelles notamment sur celle liée au parrainage.

En effet, nous avons, en citoyen respectueux des lois et des institutions, décidé de mettre à l’épreuve votre sérieux lorsque vous annonciez il y a quelques semaines que les élections présidentielles de 2021 seraient inclusives, festives et que chaque élu pourrait parrainer le candidat de son choix.

Même si déjà une telle déclaration mettait à nu un subterfuge du parrainage en ce sens qu’elle exposait que c’est vous qui décidez qui peut être candidat ou non, nous avons décidé d’aller plus loin pour tester l’esprit républicain de vos deux blocs politiques qui détiennent 153 des 159 parrainages disponibles.

Monsieur le Président de la République,

Pour ce qui est du parrainage, le nombre disponible permettait le parrainage de neuf candidats.

À l’heure actuelle, dans le meilleur des cas, si rien n’est fait, il y aura au plus trois candidats du fait du parrainage que les autres candidats, y compris ceux présentés par des partis politiques, n’ont pas pu avoir.

Monsieur le Président de la République,

Pour avoir sollicité le parrainage, pour avoir échangé de correspondances et discuté avec vos blocs politiques et surtout pour avoir dépêché des émissaires auprès de certains élus dans toutes les régions du pays, nous savons et pouvons démontrer que le parrainage de candidat à l’élection présidentielle de 2021 a été tout sauf un acte républicain des élus.

Monsieur le Président de la République,

Contrairement à l’argument anticonstitutionnel avancé par l’un de vos blocs politiques de ne donner le parrainage qu’aux candidats soutenus par les partis politiques afin de consolider la réforme du système partisan, en vous emparant vous seul de 118 parrainages sur les 159 émis par la CENA au lieu des 16 nécessaires pour votre dossier de candidature selon les informations relayées dans la presse, sur les réseaux sociaux et non démenties par le directeur de la communication à la présidence de la République, intervenant sur le sujet lors de l’émission «90 minutes pour convaincre», vous avez manifestement confisqué le parrainage pour éviter la validation de candidatures comme la nôtre et celles émanant de partis politiques non soumis à votre volonté.

Vous avez tout planifié, tout réglé pour conserver vaille que vaille le pouvoir. Tout semble jusque-là se dérouler comme vous le souhaitez. Heureusement que le plan de Dieu vous échappe.

Monsieur le Président de la République,

À quelques heures de la publication de la liste provisoire des candidats par la CENA, pour votre propre bien, pour la paix et la stabilité de notre pays, nous vous demandons d’instruire les élus de vos deux blocs pour enlever le parrainage, réajuster le calendrier électoral et permettre à tous les candidats déjà enregistrés de prendre part à l’élection présidentielle de cette année.

Vous l’avez fait, par le passé, en plein processus d’installation des conseils communaux en 2020. Vous le pouvez à nouveau pour une élection présidentielle inclusive, ouverte et apaisée en 2021 si vous le voulez et nous vous encourageons à le vouloir.

Haute Considération

Fait à Pahou, le 9 février 2021,

Daniel Edah

Candidat à l’élection présidentielle 2021