Décryptage: Tomèty relève les insuffisances du discours de Talon

Simon Narcisse Tomèty a décrypté le discours du président de la République sur l’état de la Nation. Avec un regard d’enseignant, d’Institutionnaliste, et autres, il a relevé les nombreuses insuffisances de l’adresse de Patrice Talon, tant dans la forme que dans le fond.

Simon Narcisse Tomèty a décrypté le discours du président de la République sur l’état de la Nation. Avec un regard d’enseignant, d’Institutionnaliste, et autres, il a relevé les nombreuses insuffisances de l’adresse de Patrice Talon, tant dans la forme que dans le fond. C’est à travers un texte publié sur sa page facebook et intitulé « Un Chef d’État, le premier médecin de la nation.«  Il y a un sérieux problème de trame rédactionnelle et de contenu du discours sur l’état de la nation. C’est très sérieux! Yayi a raté ses dix discours et son successeur lui emboîte le pas ». Savourez dans son entièreté cette belle analyse critique, qui en réalité s’adresse à toute la classe politique,  du Directeur du Café Africain des Néophilosophes!!!

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Un Chef d’État, le premier médecin de la nation.

Il y a un sérieux problème de trame rédactionnelle et de contenu du discours sur l’état de la nation. C’est très sérieux! Yayi a raté ses dix discours et son successeur lui emboîte le pas.

Est-ce que les écoles nationales d’administration et les instituts de sciences po. enseignent les techniques de rédaction de ce type de discours?

Je soupçonne que peu de gens en maîtrisent le concept et les exigences rédactionnelles. J’en suis moi-même un néophyte mais un curieux apprenti de ce type de discours.

Une chose m’étonne en attendant ma prochaine lettre ouverte sur un tel discours. Nous devons arrêter d’écrire ce discours comme un rapport d’activités du Président de la République ou un rapport financier certifié par un expert comptable de la gouvernance au sommet de l’Etat.

Trêve d’errance intellectuelle. J’attaque!

Tous les ministères au Bénin sont passés de budgets de moyens aux budgets-programmes. Donc le Bénin est théoriquement passé du système de production des rapports d’activités au système de production de rapports de performance.

Et pour un chef d’État, ne s’agit-il pas d’un rapport spirituel et politique sur la nation en termes d’avancées, de satisfactions et des insatisfactions sur l’état du vivre ensemble, l’état du traitement territorial de la pauvreté, l’état de la dématérialisation de l’administration, l’état des finances publiques et l’état de la géopolitique du pays? En somme, c’est du bilan de la qualité de la gouvernance et de l’état des droits humains qu’il s’agit et non d’un catalogue des réalisations. Le catalogue est pour les ministres et la symbolique pour le PR.

Ma peine, c’est l’organisation chaque année des journées nationales de l’évaluation et les experts en la matière sont à la Présidence de la république. Est-ce qu’on les associe pour le formatage de ce discours qui communique avec les députés sans pouvoir communier avec le peuple?

Je suis peiné à la place du PR car il nous a servi un discours patchwork qui a échappé à une chaîne de contrôle de qualité.

En ovationnant le discours uniquement après sa longue lecture, est-il excessif de considérer que la mouvance présidentielle n’a pas adhéré à ce discours? Ne crachons pas dans la soupe, les ovations comptent énormément en politique et davantage pour un PR. C’est vrai aussi qu’on peut manipuler les ovations en fonction des enjeux. Polluer la cité par les vices, c’est faire aussi de la politique quand on est incapable de la polir par la vertu.

Tous les dirigeants politiques adorent les réalisations physiques et la comptabilité matière. « J’ai fait » mais ils ont peur de prouver le changement induit par « J’ai fait ».

Le discours sur l’état de la nation a tout d’un discours d’un candidat à sa propre succession mais là n’est pas le problème.

Comment restituer au discours sur l’état de la nation, son rituel, sa prestance symbolique, sa communion avec le peuple? Grand besoin de relever la charge émotionnelle de ce discours, n’est-ce pas? A une condition !

As-tu appris à faire rêver un peuple?

Le discours politique au Bénin se limite à un alliage de mots et c’est tout sauf un discours politique.

Je m’adresse à la classe politique de mon pays. Vos Discours n’ont pas d’allure et d’élan; ils sont comparables à une piqûre de la mouche tsé-tsé. Ça donne la maladie du sommeil ou la dormance. Vos Discours manquent de muscles, ils ne sont ni dynamogènes ni interpellateurs.

Enfin, au coeur d’un discours sur l’état de la nation, les services de renseignement ont un grand rôle à jouer. Ils connaissent le pool du pays, des secteurs et des populations par bassin de vie. Ce sont des lanceurs d’alerte sur la satisfaction et l’insatisfaction des populations. Mais ils sont abusivement militarisés, il n’y aura donc jamais un bon discours sur l’état de la nation sans une contribution de qualité de tels services et sans un courage politique d’un PR de voir la réalité en face.

Personne ne demande à un PR de tout réussir. Cependant, trois qualités sont attendus de lui : le sens du sacrifice, le sens de l’endurance et le désir permanent de partager en montrant le chemin de l’effort à son peuple et en sanctionnant juste. C’est très beau quand un PR reconnaît qu’il s’est trompé de stratégie et fait son mea culpa. Il est affectionné par son peuple qui lui renouvelle sa confiance. Mais à vouloir trop forcer la porte de la gloire, le peuple ne suit plus. Bon à savoir!

J’invite humblement l’ABDC à faire un décryptage conceptuel et méthodologique de la technique de rédaction d’un tel discours.

Demain, nous ne serons pas déçus par ce discours en lui redonnant la solennité perdue ou galvaudée qui ne galvanise qu’une minorité opportuniste ou peu éclairée. Mais déjà contribuons à son amélioration méthodologique par la fertilisation croisée.

Je vous respecte.

Simon-Narcisse Tomety

Une réflexion sur « Décryptage: Tomèty relève les insuffisances du discours de Talon »

  1. Même au temps de Mathieu Kerekou les discours ont eu le même défaut. Il faut en déduire qu’aucune boussole fondée sur des indicateurs fiables n’a réellement guidé l’action, à des nuances près: très prononcé chez certains. Le carcan imposé par les divers programmes des institutions internationales n’offraient d’ailleurs pas de choix. Tout de même la situation actuelle est alarmante. Toutes les forces qui refusent de participer au festin devraient conjuguer leurs efforts pour délivrer le Bénin des griffes assassines.

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