Deuxième article de notre série sur le passage de Daniel Edah sur l’émission ‘’Les Inquisiteurs’’ de Reporter Bénin Monde et Kpakpato Médias. Ici, l’invité lève un coin de voile sur sa conception de la démocratie. Pour l’auteur du livre ‘’Il fera beau’’, la Démocratie existait bien en Afrique avant l’arrivée des colons. Mais le défi qui s’impose aujourd’hui à tous les pays qui se revendiquent démocratiques est sa consolidation, insiste Daniel Edah.
Pensez-vous que la démocratie à l’occident peut nous permettre de nous développer au point d’avoir une économie prospère et une société stable ? C’est en répondant à cette question de notre confrère Modeste Dossou que Daniel Edah a levé un coin de voile sur sa conception de la démocratie.
Pour planter le décor, l’homme fait d’abord une clarification : « La Démocratie, les gens nous font croire qu’elle nous vient de l’occident. Dans nos sociétés traditionnelles, il y avait une forme de démocratie. Il y a toujours eu la démocratie ».
Il poursuit en narrant sa connaissance de la pratique démocratique avant la période coloniale. « Le roi ne décidait pas tout seul. Toutes les composantes de la société avaient leur rôle à jouer et les femmes étaient beaucoup consultées. Même si on ne les mettait pas trop avant, elles avaient un rôle primordial. Les jeunes étaient aussi consultés. Tout le monde avait sa main dans la gouvernance même si tout est porté par le roi ».
Daniel Edah donne ensuite sa définition de la démocratie. « La démocratie, c’est la gestion du pays par le peuple et pour le peuple ! », explique-t-il, avant de s’interroger : « comment ont choisi les dirigeants ? ».
Au-delà des élections.
Dans les pays africains, la démocratie est évaluée, entre autres, par la qualité et la fréquence des élections en occurrence la désignation des dirigeants. Cette conception, Daniel Edah ne la partage pas. « Ne réduisons pas la démocratie aux élections. La Démocratie n’est pas quelque chose de saisonnière et qui vient chaque 5 ans ou chaque 4 ans. Non ! », lance-t-il.
La démocratie, « c’est une manière d’être gouvernée, c’est une manière de vivre, c’est un état d’esprit », selon Daniel Edah.
Pour l’acteur politique, d’autres facteurs dont la « liberté d’expression » permettent d’évaluer la démocratie. Mais outre les gouvernants, tous les individus sont appelés à respecter ce principe car la démocratie à ses yeux « n’est pas que l’affaire de ceux qui sont au pouvoir ».
Il illustre son propos à travers quelques interrogations. « Est-ce que quand nous nous retrouvons dans nos associations, est-ce que quand nous nous retrouvons dans nos familles, est-ce que quand nous nous retrouvons comme on est ici maintenant, est-ce que nous permettons que les gens s’expriment ? ». Ainsi, « si quelqu’un dans une association qu’il dirige, si quelqu’un dans sa famille ne permet pas que d’autres voix s’expriment, si cette personne se met à critiquer les gouvernants qui pour une raison pour d’autre empêche d’autres de parler, et bien la personne est en contradiction avec elle-même », déduit-il.
Face à cet état des lieux, le candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2016 invite les filles et fils du continent à œuvrer davantage pour la consolidation de la démocratie. « Je ne vais pas reprendre certaines qualifications ou certains qualificatifs parce que, ce qui doit nous intéresser c’est comment faire avancer la voiture, le train, l’avion Bénin, en consolidant notre démocratie », a-t-il lancé.
Par Christophe KPOSSINOU