Dans le brouhaha des mots et des choses, au milieu de moult problèmes dont la solution presse, certaines instances d’intercession ou de décision peuvent oublier (si jamais elles l’ont entendu) le coup de tonnerre qui éclata un jour sous la plume de l’évangéliste Luc : « Vois donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres ! » (11/35) Paradoxale invitation à faire très attention à ce que la solution envisagée dans le désarroi ne passe à côté du problème à résoudre ou, pire, ne l’aggrave. Il est ainsi, dans l’actualité béninoise récente, trois générosités qui relèvent d’une bonne foi totale mais qui, regardées de près, manquent peut-être leur but.
Dans le brouhaha des mots et des choses, au milieu de moult problèmes dont la solution presse, certaines instances d’intercession ou de décision peuvent oublier (si jamais elles l’ont entendu) le coup de tonnerre qui éclata un jour sous la plume de l’évangéliste Luc : « Vois donc si la lumière qui est en toi n’est pas ténèbres ! » (11/35) Paradoxale invitation à faire très attention à ce que la solution envisagée dans le désarroi ne passe à côté du problème à résoudre ou, pire, ne l’aggrave. Il est ainsi, dans l’actualité béninoise récente, trois générosités qui relèvent d’une bonne foi totale mais qui, regardées de près, manquent peut-être leur but.
Générosité 1.- Prière collective dite tous les jours dans plusieurs langues sur une radio confessionnelle à large diffusion. L’on supplie « Jésus, Marie et Joseph […] d’épargner la vie de l’enfant non né, que j’ai adopté spirituellement, et qui est en danger d’être avorté. Amen ! » Et l’on est quitte. Il y aurait en effet trop de soucis administratifs et financiers pour une famille généreuse prête à adopter en vrai, physiquement, l’enfant né mais abandonné. Hélas, « Les enfants de la rue » existent ! Nés de viols répétés. Abandonnés par les violeurs aux filles violées. Ayant trop peu, à 25 ans, pour nourrir environ 6 enfants aux géniteurs en fuite, les filles-mères finissent par ne plus s’inquiéter de l’absence de leurs enfants dans la case-dortoir, mais savent que leurs filles dans la rue peuvent être engrossées à 12-13 ans, à l’instar d’elles-mêmes, par des salauds qui s’enfuiront. Le crime à l’infini ? L’interrogation laisse perplexe, désarmé et impuissant tout cœur généreux. S’en remettre au chapelet et à La Sainte-Famille ?
Générosité 2.- Dès leur élection, certains députés de la 9ème législature ont eu la généreuse idée de se rendre en visite dans l’une des prisons renommées du Bénin. Mais ils seront restés à mi-chemin parce que, à l’intérieur de la prison, ils n’auront embrassé que leurs amis prisonniers. « Chaque député [étant] le représentant de la Nation tout entière », ils auraient dû montrer de la sympathie pour tous et promettre de voter des lois en faveur d’un plus grand respect des droits de l’homme dans toutes les prisons du Bénin. Sorti du conclave, le Pape élu visite tel hôpital et telle prison de Rome. Il n’y choisit pas les siens. A tous il apporte son réconfort. Les hommes et les femmes accablés ont besoin de la générosité de tous ceux qui peuvent leur en donner. A Lampedusa, le Pape François n’a pas choisi parmi les migrants.
Générosité 3.- Deux articles de la Constitution garantissent au Bénin de garder vivants et actifs plusieurs anciens Présidents de la République. Forts de leur acquis unique, ils disent et conseillent leur bon sens. Ainsi, le 23 février 2023, le plus prestigieux d’entre eux a-t-il interpellé les Béninois sur le sort d’un « compatriote et homme d’affaires […] autrefois employeur de milliers de concitoyens béninois aujourd’hui au chômage ». Puissant homme ! Ayant eu maille à partir avec la justice, il a pris les chemins de l’exil, demandé et obtenu le statut de réfugié politique. L’exil est une prison. La prison est un exil. Mais il faut préférer la prison-exil pour ses possibles arrangements humanitaires domestiques. On eût donc aimé voir l’homme d’affaires quitter l’exil, rentrer au pays, commencer avec courage à purger sa peine, pendant que ses avocats travaillent à obtenir qu’il soit rejugé dans des conditions qui lui permettent de se disculper vraiment. On eût donc aimé savoir l’ancien Président à l’œuvre avec générosité dans les coulisses pour ce retour à l’amiable, qui respecte le droit et la justice.
La générosité 1 pêche par son raccourci étriqué. La 2 et la 3 pêchent en ce qu’elles se limitent à Jean de La Fontaine : « Selon que vous serez puissant ou misérable, / Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Or il y a 12 millions de concitoyens hostiles à toute générosité de sacristie et de palais entre gens cooptés. Générosités à redresser donc. De ceux qui prient et décident pour eux, les Béninois attendent la plus grande justice adossée à une générosité partagée, non pas égoïste et élitiste, mais rayonnante, lumière répandue sur tous.
Par Roger Gbégnonvi