Prisons et terrorisme en Afrique au sud du Sahara : quelles conditions abominables de détention!
Il y a une typologie des indignités déshumanisantes qui interpellent, des dysfonctions des maisons d’arrêt d’une extrême gravité qui désolent et pourtant, on présente le pays comme celui des droits de l’homme. On remplit nos prisons de gens innocents, de gens qui commettent des fautes mineures sur la base de dossiers de justice mal instruits. Ceux-là demain peuvent se retourner contre la république.
Les prisons sont de hauts lieux de radicalisation pour l’extrémisme violent qui alimente le terrorisme ou préparent les anciens détenus à le devenir.
Toutes les prisons sont de potentielles cellules dormantes du terrorisme. Il faut faire en sorte que les prisons soient des lieux d’éducation à la citoyenneté et de préparation à la réinsertion sociale et non un nouveau champ de bataille pour détruire la dignité humaine.
J’ai visité une prison en France en 1994 à Villefranche sur Saône et j’ai pu me rendre compte du rayonnement de la dignité humaine dans cet espace carcéral. J’ai visité des prisons à Ouidah et Cotonou. J’ai été choqué de voir l’état de maltraitance psychologique et physiologique des détenus.
Quels sont les indicateurs d’efficacité d »un Garde des Sceaux par rapport aux conditions de détention dans nos prisons? Sans un tel indicateur composite, un Garde des Sceaux n’est pas alors porteur d’un idéal pour le respect des droits de l’homme.
Quand une prison n’est qu’un mouroir où le prisonnier consomme des poisons lents chaque jour du fait des conditions inhumaines de détention, alors je préfère demander au professeur philosophe Paulin Houtondji l’autorisation d’utiliser comme lui, l’expression d’Etat sauvage, l’équivalent de l’Etat de non-droit ou d’Etat anomique.
La condamnation doit être juste et proportionnelle, et la vie carcérale doit limiter les actes d’humiliation envers les détenus pour que les prisons cessent d’être des lieux de radicalisation.
N’oubliez jamais que les frustrations engendrent la radicalisation qui est la porte d’entrée dans l’extrémisme violent qui peut peut muter en terrorisme c’est-à-dire dire on a pas peur de la mort et ce faisant, on peut pratiquer la méthode de la terre brûlée par des carnages.
Nous donnons ces précisions pour faire aussi la distinction entre l’extrémisme violent qui peut être un cas de meurtre interpersonnel mais pour être qualifié de terrorisme, il faut quelques conditions de base :
1/ appartenir à un réseau de carnages, et même pas un groupe de grand banditisme, structuré en tueurs professionnels irréductibles
2/ s’engager à vivre désormais une vie de meurtrier professionnel en commettant le crime systémique : tuer sans état d’âmes avec des armes et engins explosifs, faire souffrir la personne avant de la tuer et nous avons enregistré une diversité d’exemples en échangeant avec l’association des mutilés victimes du djihadisme de Tombouctou en 2017;
3/ gérer les conditions d’existence dans le terrorisme : vols de bataille, attaques des unités des fds pour déstabiliser l’Etat et emporter des armes, égorger des paysans pour inciter les inciter à fuir leurs villages en vue de basculer une zone ou tout un pays en insécurité alimentaire; on institue la Zakat collective obligatoire à base communautaire empêchant la mobilisation des impôts d’État et les taxes locales;
4/ cartographier l’approche d’accessibilité pour le contrôle territorial par les terroristes : il y a une typologie de zonage basé sur le terrorisme en 4 sous-zones qu’il faut savoir.
Et tout ce mode d’intervention terroriste obère les dépenses militaires pour entretenir l’effort de guerre désormais dans tous les pays africains car la menace terroristes est là pour longtemps.
Corrélativement, il a une menace de réduction des dépenses publiques sur les secteurs sociaux et économiques. C’est le serpent qui se mord la queue.
Le terrorisme engendre une guerre d’usure. Faisons attention pour limiter les injustices dans l’appareil judiciaire.
Personne ne maîtrise le terrorisme tant qu’un État s’évertue à produire des injustices sans arrêt. Il faut bien le comprendre surtout avec ce taux exponentiel de jeunes sans emplois dans tous nos pays.
Arrrêtons avec les amalgames et des copier-coller de concepts flous et approximatifs, déconnectés de la réalité vécue en Afrique sur le terrorisme.
On oublie très souvent aussi que la politisation des FDS en Afrique produit beaucoup de cellules dormantes dans les casernes. La mauvaise gestion du miltipartisme avec l’exclusion des partis d’opposition engendre partout la clientélisation des uns et la radicalisation des autres. Le cas du Soudan avec la pagaille des deux Généraux vient renforcer la thèse que l’UA sera encore obligée de reporter une nouvelle fois l’échéance pour faire taire les armes peut-être en 2050 au lieu de 2030.
Injectons de la mesure dans tous nos actes. La démesure est dangereuse et anéantit le vivre-ensemble. Elle bouche les perspectives de la paix.
Voilà une modeste contribution pour éclairer. Quand j’avertissais en 2009 que le Bénin est dans le champ de l’expansion terroriste avec une carte à l’appui, personne n’avait pris au sérieux la menace et pourtant des autorités béninoises étaient au courant de mon alerte. Nous ne sommes plus dans la fiction mais la réalité nous rattrape 12 ans plus tard et à répétition.
S’il vous plaît, vous avez des critères pour dire qui est terroriste et qui est un faux terroriste. Tout ce que nous venons d’écrire est fondé sur notre propre vécu.
Simon Narcisse Tomèty