Quand l'anodin devient une information

Présidentielles de 2021: Un spécialiste en Gouvernance d’Etat démontre comment Talon peut «rentrer dans l’histoire par la porte des Grands Hommes en fermant les oreilles aux symphonies des courtisans»

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Les appels pour susciter une candidature de l’actuel locataire de la marina se multiplient ces derniers jours.Acte que dénonce Paul-Marie Houessou, Docteur en littérature d’Afrique anglophone, et Théoricien de la Gouvernance d’Etat. Dans une honnêteté intellectuelle très rare au 229, il démontre comment Patrice Talon peut « rentrer dans l’histoire par la porte des Grands Hommes en fermant les oreilles aux symphonies des courtisans », mais aussi et surtout comment le chef de l’Etat a l’occasion de construire les logiciels de la nation.

Manassé AGBOSSAGA

En réalité, c’est en répondant à Maître Ernest Akuesson du barreau de Paris que Paul-Marie Houessou a invité le chef de l’Etat à renoncer à un second mandat.

Dans un pan de son long exposé, ce Docteur en littérature d’Afrique anglophone, et Théoricien de la Gouvernance d’Etat explique, avec objectivité,  au chef de l’Etat pourquoi il ne doit pas solliciter un second mandat.

Pour lui, une candidature à la présidentielle de 2021 de Patrice Talon serait synonyme de « violation de l’éthique, des valeurs et de toutes les règles de bienséance sociale ».

Paul Marie Houessou met d’abord en avant le respect de la parole donnée du candidat Patrice Talon, devenu président de la République.  

« Je parle de la parole donnée et non d’une déclaration faite sur une station radio, fut-elle RFI. La parole donnée c’est celle rendue populaire par des posters géants de campagnes du candidat Patrice Talon pour l’élection présidentielle de 2016 : ‘‘surgir, agir et disparaître’’. La parole donnée, c’est celle rapportée par le candidat Abdoulaye Bio Tchané entre les deux tours de cette élection dans une déclaration publique solennelle : ‘‘… considérant l’engagement du candidat Patrice Talon à ne faire qu’un mandat en qualité de Président de la République ;’’ la parole donnée, c’est celle prononcée dans le discours d’investiture, sous serment et en tant que Président de République : ‘‘ … C’est pourquoi, je ferai de « mon mandat unique’’ une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité (applaudissement)’’. La parole donnée n’est pas comparable à une déclaration faite dans un entretien radio/télé », explique t-il.

« Construire un logiciel »

Pour  ce spécialiste de la Gouvernance d’Etat, « les routes, les hôpitaux, l’électricité etc. dans la construction d’une nation font partie de la quincaillerie ».

Il ajoute que  « tous ceux qui assument la charge de Président de la République peuvent et doivent construire la quincaillerie ».

Par contre, Paul-Marie Houessou fait savoir que cet indicateur ne définit pas un Grand Homme, un bon président.

Selon lui, ce qui fait entrer un président dans l’histoire, c’est la construction des logiciels.

« Le projet de construction des logiciels de la nation est supérieur à celui des routes et autres. C’est à travers lui que sont posées les fondations de la société de demain… C’est elle qui est le puissant logiciel ; le ciment de la cohésion nationale. », fait-il remarquer, avant de préciser «  Les logiciels de la nation, ce sont les comportements, les attitudes et la vision structurants et normatifs… Un logiciel puissant de construction de toute nation, c’est le respect de la parole donnée…Si le Président Talon désire entrer dans l’histoire, il doit aspirer à la construction des logiciels de la nation ».

Les cas Washington et Mandela

Pour appuyer sa thèse, Paul-Marie Houessou  donne l’exemple de deux anciens chefs d’Etat.  Il  cite Georges Washington, des Etats-Unis, et Nelson Mandela, de l’Afrique du Sud.

« Qu’il me soit tout de même permis de rappeler à son Excellence M. Patrice Talon son désir d’entrer dans l’histoire. Qu’il me soit aussi permis de lui rappeler que l’appel des Grands Hommes, c’est celui entendu par Georges Washington, premier président des Etats Unis, qui a renoncé à faire un troisième mandat alors qu’il n’y avait aucune disposition constitutionnelle ni jurisprudentielle limitant le nombre de mandat à deux au Etats Unis en ces années-là. La seule boussole que le président Washington avait, dans ce contexte historique sans repères pratiques sur comment le président des Etats Unis, leader d’une démocratie naissante et balbutiante, devrait se comporter aux plans national et international, était sa conviction que ses actes détermineraient les attentes normatives des comportements des futurs présidents chez ses compatriotes. Il a renoncé au troisième mandat créant ainsi un repère pratique et était parti sans avoir fini de construire les Etats Unis d’Amérique qui, au demeurant, n’étaient qu’une petite fédération de 16 états ; sans même avoir construit 1.000 km de route dans ce pays où tout était à faire. Il était parti, laissant derrière lui tout de même un exemple structurant et normatif de comportements, d’attitudes et de vision que le Président des Etats Unis doit avoir pour bâtir ce qui deviendra la première puissance du monde. Vous connaissez la suite de l’histoire », illustre t-il en premier lieu .

« Qu’il me soit aussi permis, sans vouloir abuser des permissions, de rappeler au Président de la République, son Excellence Patrice Guillaume Athanase Talon, que l’appel des Grands Hommes, c’est celui, plus proche de nous, entendu par Nelson Mandela qui, après un mandat et ferma les oreilles aux symphonies corrompues et perverties des courtisans, et prit sa retraite politique. Comme Georges Washington, Madiba n’aura pas construit 20.000 km de route ou couvert toute l’Afrique du Sud d’électricité et d’eau. Il était parti, laissant derrière lui aussi un exemple structurant et normatif de comportements, d’attitudes et de vision que le président de l’Afrique du Sud doit avoir. Vous connaissez la suite de l’histoire. Nous logeons tous Mandela dans le firmament des Hommes qui ont marqué l’histoire, pas seulement de l’Afrique mais de l’humanité toute entière », illustre Paul Marie Houessou en second lieu.

Puis de conclure,  « la situation politique du Bénin s’y prête formidablement en ce moment. La situation politique du Bénin est propice pour tenir la  ‘‘parole donnée’’. La République des copains dans le crime où on fêtait des milliards a été démantelée. Des actes qui définissent les attentes normatives des comportements des futurs présidents ont été posés. L’opportunité est là de rentrer dans l’histoire par la porte des Grands Hommes en fermant les oreilles aux symphonies des courtisans. L’opportunité est là de donner tort à Yahya Djamé qui, alors président de la Gambie, déclarait, à propos du mandat unique annoncé dans le discours d’investiture, après un rire narquois dans un entretien : ‘‘Il vient d’arriver’’  (https://lanouvelletribune.info/2016/06/jammeh-talon-mandat/). L’opportunité est là de redonner vie et vigueur au génie béninois qui se moque des normes continentales pour se frayer son propre chemin et étonner le monde ».

Nécessité pour Patrice Talon de jeter un coup d’œil sur ce conseil en béton avant d’aviser.

INTERGRALITE DE SON DEVELOPPEMENT

*Un régime parlementaire au Bénin ?*

*C’est du « déshabillé Pierre pour habiller Paul. »*

Paul-Marie Houessou

Docteur en littérature d’Afrique anglophone

Théoricien de la Gouvernance d’Etat

« J’ai ouï dire, comme vous certainement ce mardi 21 juillet 2021 dans les différentes éditions de la revue de presse sur les chaînes de télévision de notre pays le Bénin, qu’après 30 années de pratique démocratique, il faut supprimer le poste de Président de la République de notre système politique pour y installer celui de Premier Ministre. Cette proposition péremptoire serait d’un certain Maître Ernest Akuesson du barreau de Paris. Si vous n’avez jamais été en présence d’une illustration concrète du dicton « déshabiller Pierre pour habiller Paul », en voici une, sans ambiguïté pour vous. Cette proposition ne brille que par l’effet d’annonce qu’elle crée.

Le problème du Bénin n’est pas le poste de Président de la République. Créez un poste de Premier Ministre et vous aurez simplement déplacé le problème. Je mets au défi quiconque de nous prouver que la Constitution du 11 décembre 1990 a créé un super-président. C’est une théorie qui ne trouve aucun fondement dans le texte constitutionnel qui est celui de la République du Bénin. Et je profite de l’occasion pour demander à ceux qui accusent à tort et à travers la Conférence Nationale des Forces Vives de la Nation de février 1990 de tous les maux dont le Bénin souffre d’aller faire ce que les anglais appellent leur « homework ».

Pour rappel, les Etats Unis d’Amérique ont eux aussi eu leur Conférence Nationale dénommée « The Philadelphia Convention » en 1787. Elle a accouché d’une Constitution qui était loin d’être parfaite et de répondre à tous les problèmes qui étaient posés à l’époque encore moins à ceux posés par la société américaine d’aujourd’hui. Et pourtant, cette Constitution demeure la loi fondamentale des USA à l’heure où j’écris ces mots. Les Etats Unis ont vécu les mêmes problèmes que ceux que nous vivons aujourd’hui au Bénin. Ils en ont résolus certes avec des lois dans certains cas mais plus généralement avec l’attitude, le comportement, la conviction, le respect de la parole donnée ; tout cela sous la pulsion et la quête de l’idéal consacré par la Constitution de 1787 : la liberté. Elle est évidemment garantie par une distribution du pouvoir dans trois branche ce qui dans leur contexte s’appelle « government » (« Etat » chez nous). Tout politicien américain qui ne s’emploie pas à perpétuer et préserver cet idéal est très vite mis au banc des accusés. C’est pourquoi, ils aiment s’appeler le « monde libre » en opposition à tout autre système politique qui ne garantit pas au citoyen la liberté.

Aussi, saviez-vous que le poste ou la fonction de Premier Ministre au Royaume Uni (cité en exemple par Me Akuesson) n’est établi par aucune loi ni document constitutionnel ? Il doit son existence à une vieille convention (datant de la Révolution 1668-1720 ayant consacré le transfert de l’épicentre du pouvoir politique du Souverain au Parlement). Selon cette convention, le monarque britannique nomme le leader du parti majoritaire à la Chambre des Communes et le charge d’exercer le pouvoir politique. La pratique a survécu à toutes les époques et la tradition se poursuit depuis ce temps grâce à l’attitude, le comportement, la conviction, le respect de la parole donnée ; tout cela sous la pulsion et la quête du même idéal – la liberté. C’est pour cela qu’eux aussi revendiquent avec fierté leur appartenance au « monde libre ». Et à la date d’aujourd’hui personne ne lève le petit doit pour dire qu’il faut supprimer le poste de Premier Ministre au Royaume Uni au point où Me Akuesson y trouve même un exemple à copier ici. Au RU comme aux USA, les trois finalités de la distribution du pouvoir politique dans les différentes branches du « government » (Etat) et de l’exercice de l’autorité conférée par ce pouvoir sont la « liberté », la « liberté » et la « liberté ».

Cela dit, dites-moi pour quelle finalité dès qu’un petit problème se pose sous le ciel du Bénin, on s’en prend aux textes de loi ; on veut les modifier et on veut les remodifier ; on s’en prend à la Conférence Nationale qu’on désigne comme l’auteur du péché d’Adam et Eve ? Certains, à mon avis peu ou mal informés, vont jusqu’à écrire que « Le Bénin est otage de sa Conférence Nationale ». Imaginez la métaphore : que fait-on d’un preneur d’otage ? Je me suis demandé à la lecture d’une telle stupidité intellectuelle si c’est la Conférence Nationale qui a demandé de construire un système de concussion, de vol, de corruption, de régionalisme, de concours frauduleux, de copinage dans le crime, de gens qui devenus ministres puis déchargés de cette fonction vont distribuer impunément de l’argent dans les quartiers de nos villes et campagnes pour corrompre les mœurs, détruire nos croyances et nos structures sociales sous prétexte de faire campagne pour être élus députés ou présidents du Bénin. Ou alors, est-ce la Conférence Nationale qui a demandé de construire un système politique animé par des « hagbès », des « dadjès » des «coqs » au féminin, des « taba ti tabas » des « nyinwès », des « aller à droit, aller à gauche », des « mima toun nyan miton élo a », des « gens sont contre les gens », des « nouvelles consciences politiciennes » et que sais-je encore, qui se partageaient le territoire national en des morceaux ethniques et/ou régionalistes, prenant justement en otage des compatriotes qui eux n’aspirent qu’à ce Bénin de « Fraternité, Justice, Travail » à eux promis depuis le 1er août 1960 ?

Le mal béninois n’est nullement dans les soit disant imperfections de la Conférence Nationale, ni de la Constitution, ni dans le système politique décrit dans ce texte constitutionnel. C’est l’histoire d’une loi qui vous prescrit « un couteau » comme un outil essentiel pour votre maison. La loi ne le dit pas mais vous êtes libre d’utiliser ce couteau pour le bien ou le mal. Le choix d’usage que vous faites dépend-t-il de la loi ? Nous avons au Bénin une manie toxique à la vie sociale, une manie fort bien mise en relief par le Roi Alokpon, grand maître de la chanson traditionnelle Tchingoumè : « Vous voyez bien le serpent allongé sur le sol mais vous tapez dans l’herbe [prétendant vouloir le tuer] ». Le mal béninois s’est noué un pagne à la hauteur de la poitrine puis a taillé et installé son tabouret qu’il occupe en permanence dans le Béninois ; dans ces hommes et femmes qui hier caressaient bassement l’orgueil de celui qui occupait le fauteuil présidentiel, fauteur de trouble selon Me Akuesson, avec un irrésistible: « sans mentir si votre ramage se rapporte à vôtre plumage, vous êtes le phénix des présidents de ce monde », ce, quel que soit ce qui faisait. Il est dans ces hommes et femmes qui aujourd’hui sont encore à la première loge pour abreuver à les oreilles de celui qui occupe le fauteuil de : « Nooon, vous êtes le meilleur ; tchiiii ! On n’a jamais vu ça. » Et puis, écoutez leur nouveau refrain (permettez-moi en l’espèce une citation directe attribuée à l’ancien bâtonnier Jacques Migan par le journal en ligne Banouto

https://www.banouto.info/article/politique/20200702-prsidentielle-au-bnin-talon-a-dj-rempli-02-conditions-pour-tre-candidat/): « Si Dieu lui donne cette disponibilité dont il avait parlé, qu’il ne laisse pas tomber et qu’il continue dans cette trajectoire de la construction du Bénin ». Appel sans ambiguïté à solliciter un deuxième mandat en violation de l’éthique, des valeurs et de toutes les règles de bienséance sociale, n’est-ce pas ? La disponibilité dont parle le bâtonnier est celle que le Président Talon aurait évoquée dans une déclaration faite sur RFI et dans laquelle il aurait posé trois conditions pourrait éventuellement « aviser » en ce qui concerne un second mandat : sa disponibilité personnelle, l’impact des réformes et le visage politique du Bénin. Si Jacques Migan a effectivement tenu ces propos le 2 juillet comme le rapporte le journal, il ne dit en réalité rien de nouveau sous le soleil au Bénin. Il ne fait que reprendre en écho les annonces déjà faites par ces « fous de tous les rois » qui ont investi l’espace public et politique depuis 1996 et qui les premiers ont fait claironner la sempiternelle fanfare avant tout le monde ; comme d’habitude.

Qu’il me soit tout de même permis de rappeler à son Excellence M. Patrice Talon son désir d’entrer dans l’histoire. Qu’il me soit aussi permis de lui rappeler que l’appel des Grands Hommes, c’est celui entendu par Georges Washington, premier président des Etats Unis, qui a renoncé à faire un troisième mandat alors qu’il n’y avait aucune disposition constitutionnelle ni jurisprudentielle limitant le nombre de mandat à deux au Etats Unis en ces années-là. La seule boussole que le président Washington avait, dans ce contexte historique sans repères pratiques sur comment le président des Etats Unis, leader d’une démocratie naissante et balbutiante, devrait se comporter aux plans national et international, était sa conviction que ses actes détermineraient les attentes normatives des comportements des futurs présidents chez ses compatriotes. Il a renoncé au troisième mandat créant ainsi un repère pratique et était parti sans avoir fini de construire les Etats Unis d’Amérique qui, au demeurant, n’étaient qu’une petite fédération de 16 états ; sans même avoir construit 1.000 km de route dans ce pays où tout était à faire. Il était parti, laissant derrière lui tout de même un exemple structurant et normatif de comportements, d’attitudes et de vision que le Président des Etats Unis doit avoir pour bâtir ce qui deviendra la première puissance du monde. Vous connaissez la suite de l’histoire.

Qu’il me soit aussi permis, sans vouloir abuser des permissions, de rappeler au Président de la République, son Excellence Patrice Guillaume Athanase Talon, que l’appel des Grands Hommes, c’est celui, plus proche de nous, entendu par Nelson Mendela qui, après un mandat et ferma les oreilles aux symphonies corrompues et perverties des courtisans, et prit sa retraite politique. Comme Georges Washington, Madiba n’aura pas construit 20.000 km de route ou couvert toute l’Afrique du Sud d’électricité et d’eau. Il était parti, laissant derrière lui aussi un exemple structurant et normatif de comportements, d’attitudes et de vision que le président de l’Afrique du Sud doit avoir. Vous connaissez la suite de l’histoire. Nous logeons tous Mendela dans le firmament des Hommes qui ont marqué l’histoire, pas seulement de l’Afrique mais de l’humanité toute entière, n’est-ce pas ?

Qu’il me soit permit d’expliquer enfin au Président de la République que les routes, les hôpitaux, l’électricité etc. dans la construction d’une nation font partie de la quincaillerie. Tous ceux qui assument la charge de Président de la République peuvent et doivent construire la quincaillerie ; c’est pourquoi dans le livre des Grands Hommes de l’histoire humaine, vous en verrez très peu dont la réussite plonge uniquement ses racines dans la construction de la quincaillerie. De toute évidence, il est impossible pour un homme d’inscrire son nom à jamais même dans les cœurs de ses concitoyens rien que par le truchement de la quincaillerie. Quelqu’un d’autre viendra toujours faire plus et le prédécesseur sera très vite rangé dans les oubliettes. Pour preuve, les Béninois oublient déjà qui a fait les échangeurs de Cotonou, qui a fait la route Terrain-Carrefour Vèdoko-Etoile-Commissariat Central-et-Zongo ; qui a fait le pavé Barrière- Fidjrossè Fin Pavé etc. La quincaillerie dans la construction d’une nation ne procure qu’une reconnaissance temporelle.

Si le Président Talon désire entrer dans l’histoire, il doit aspirer à la construction des logiciels de la nation. C’est ce à quoi les Grands Hommes s’attèlent. C’est ce que George Washington a fait. C’est ce que Nelson Mendela a fait, lui qui avait très tôt au cours de son seul mandat laissé la gestion des affaires courante à Thabo Mbeki pour s’attaque à la construction et l’installation des logiciels nécessaires pour empêcher l’implosion d’un pays assis sur une dynamite raciale. Les logiciels de la nation, ce sont les comportements, les attitudes et la vision structurants et normatifs. La situation politique du Bénin s’y prête formidablement en ce moment. Un logiciel puissant de construction de toute nation, c’est le respect de la parole donnée. C’est ce que Washington a fait. C’est ce que Mendela a fait. Je parle de la parole donnée et non d’une déclaration faite sur une station radio, fut-elle RFI. La parole donnée c’est celle rendue populaire par des posters géants de campagnes du candidat Patrice Talon pour l’élection présidentielle de 2016 : « surgir, agir et disparaître ». La parole donnée, c’est celle rapportée par le candidat Abdoulaye Bio Tchané entre les deux tours de cette élection dans une déclaration publique solennelle : «… considérant l’engagement du candidat Patrice Talon à ne faire qu’un mandat en qualité de Président de la République ; » la parole donnée, c’est celle prononcée dans le discours d’investiture, sous serment et en tant que Président de République : « … C’est pourquoi, je ferai de « mon mandat unique » une exigence morale en exerçant le pouvoir d’Etat avec dignité et simplicité (applaudissement) ». La parole donnée n’est pas comparable à une déclaration faite dans un entretien radio/télé. C’est elle qui est le puissant logiciel ; le ciment de la cohésion nationale.

La situation politique du Bénin est propice pour tenir la « parole donnée ». La République des copains dans le crime où on fêtait des milliards a été démantelée. Des actes qui définissent les attentes normatives des comportements des futurs présidents ont été posés. L’opportunité est là de rentrer dans l’histoire par la porte des Grands Hommes en fermant les oreilles aux symphonies des courtisans. L’opportunité est là de donner tort à Yahya Djamé qui, alors président de la Gambie, déclarait, à propos du mandat unique annoncé dans le discours d’investiture, après un rire narquois dans un entretien : « Il vient d’arriver » (https://lanouvelletribune.info/2016/06/jammeh-talon-mandat/). L’opportunité est là de redonner vie et vigueur au génie béninois qui se moque des normes continentales pour se frayer son propre chemin et étonner le monde.

Le projet de construction des logiciels de la nation est supérieur à celui des routes et autres. C’est à travers lui que sont posées les fondations de la société de demain. C’est l’ignorance de cette réalité de la part du président Félix Houphouët-Boigny qui a peu à peu plongé la belle Côte d’Ivoire (quincaillerie) construite de ses mains sur tant d’années d’effort dans le chaos de la guerre et les incertitudes post-guerre que les Ivoiriens mettrons encore des décennies à gommer, si tant est qu’ils arrivent à les gommer.

Face à ce tableau, aidez-moi donc dire à Me Ernest Akuesson du barreau de Paris que le poste de Premier Ministre ne va résoudre aucun problème au Bénin, il va simplement déplacer les problèmes et les aggraver en multipliant les centres de décision du pouvoir exécutif. Aidez-moi à lui dire que la Constitution du Bénin, même révisé, distribue le pouvoir politique dans les branches de l’Etat de sorte que quand il se déploierait dans sa plénitude et dans sa vraie nature la liberté du citoyen soit garantie. Elle n’a jamais institué un exécutif surpuissant et incontrôlable. Aidez-moi à dire à Me Akuesson de ne pas se fatiguer à chercher le meilleur modèle politique pour le Bénin ; que le meilleur modèle est déjà ici, au Bénin, mais nous lui tournons lentement dos parce que le personnel politique de ce pays a perdu le sens profond des choses et a la génuflexion très facile devant le nouveau dieu de notre panthéon : l’argent. C’est le personnel politique du Bénin qui a érigé le poste de Président de la République en un Tolègba à la verge debout et puissant (excusez la métaphore) dont il chante le règne éternel tous les jours pour qu’il les mette dans les bonnes grâces du nouveau dieu de notre panthéon – l’argent. Et quel que soit le titulaire du poste, le chœur est le même, la mélodie pareille et la symphonie identique. Ce n’est ni la Constitution, ni la Conférence des Forces Vives de la Nation qui nous a fait ériger l’argent en un dieu qui structure notre penser et gouverne notre agir.

Pour preuve et pour en finir, depuis le 06 avril 2016 j’ai entendu une seule fois le président Patrice Talon se plaindre de la presse nationale en général, parlant d’intoxication à la suite de la première tentative de révision de la Constitution en 2017. Depuis, je ne l’ai plus jamais entendu parler négativement de la presse nationale qu’il sollicite d’ailleurs quand le besoin se fait sentir. Mais, des organes de presses ont été fermés par l’institution chargée de protéger la liberté de presse dans notre pays pour offense au président de la République. Avait-il déposé une plainte pour qu’on aille à une telle extrémité ? En l’espèce, comparaison n’est pas raison mais si vous suivez l’actualité de la vie politique américaine, vous entendrez le président Donald Trump accuser tous les jours la presse américaine de Fake News, allant jusqu’à maltraiter verbalement des journalistes en pleine conférence de presse. Récemment il a assigné The Washington Post, CNN et autres en justice pour publication de sondage tronqué. Mais, l’homme le plus puissant de la terre n’a pas le pouvoir de fermer ou d’ordonner la fermeture d’un organe de presse, pas même la justice sans un procès transparent et équitable. Le procès suit son cours et les organes de presse poursuivent leur mission. On peut alors se demander, dans le contexte du Bénin, si c’est le Président Patrice Talon qui a demandé la fermeture des organes de presse ou qui encourage la hausse vertigineuse des interdictions par la HAAC chez nous ? Ou, est-ce par déclenchement automatique d’un logiciel malveillant du personnel institutionnel/politique ? De toute évidence, on peut encore créditer le président Talon de son innocence dans ces développements sans précédents dans l’histoire postrévolutionnaire du Bénin en arguant qu’il est soucieux de l’indépendance des institutions. Car le candidat Talon nous a promis ni plus ni moins la libéralisation totale de la presse et sa promotion. C’est aussi cela la parole donnée. C’est ce qui a mobilisé et recueilli les votes de milliers de Béninois.

Un jour, peut-être, le Président Talon (président ou pas) nous dira ce qu’il en est de ces difficultés que la presse rencontre sous son régime. Mais, la seule certitude sur laquelle nous pouvons jurer la main sur le cœur, c’est que les outils de programmation du Bénin que le candidat Patrice Talon nous avait présentés et promis de mettre en œuvre une fois élu n’auraient jamais produit ce résultat. Qu’est-ce qui s’est passé ? C’est cette question qui se démarque volontiers des conclusions hâtives et des condamnations sans fondement qui me fait continuer de croire naïvement que le meilleur reste à venir et que le terrain est maintenant propice pour mettre en place les logiciels promis. Le personnel politique et même institutionnel de notre pays est actuellement en mode « déprogrammé » par rapport aux pratiques d’avant le 06 avril 2016, il reste huit (08) mois pour le reprogrammé avec un logiciel flambant neuf portant la promesse des fleurs afin qu’il retrouve le sens profond des choses. *Car, aidez-moi à le dire à Me Ernest Akwesson, un peuple qui perd le sens profond des choses est voué à l’esclavage et vous ne changerez rien à son sort en « déshabillant Pierre pour habiller Paul ».*

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