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Septennat unique pour la préservation des acquis du développement ? Le Cojem-Citoyens creuse le sujet

Dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la démocratie, le Cadre d’outillage de la jeunesse à l’engagement et au militantisme citoyen (Cojem-Citoyens) a initié une kyrielle d’activités qui s’est soldée par un panel, vendredi 15 septembre à l’Espace ifedu. Pr Dodji Amouzouvi, Wuldath Mama, et Joël Atayi Guèdégbè ont, sous la houlette de Pesce Hounyo,  échangé sur le  thème  « préservation des acquis de développement septennat unique ».

Le Cadre d’outillage de la jeunesse à l’engagement et au militantisme citoyen (Cojem-Citoyens) relance le débat du mandat unique au Bénin. Si la reforme phare du candidat Patrice Talon a été avortée en cours de mandat après son élection, le Cojem-Citoyens a toutefois suscité un débat sur l’adoption du septennat unique pour la préservation des acquis de développement. L’initiative s’inscrit dans le cadre de la célébration de la journée internationale de la démocratie, célébrée chaque 15 septembre.

Pr Dodji Amouzouvi, sociologue anthropologue,  Wuldath Mama, politiste et auteure, Joël Atayi Guèdégbè, expert en gouvernance  ont, tour à tour, donné leur position sur le sujet au cours d’un panel animé par la journaliste Pesce Hounyo.

 Comment se porte la démocratie ?

Avant d’évoquer le fond du sujet, les trois panélistes ont d’abord donné leur avis sur l’état de la démocratie au Bénin et dans le monde.

Pour Wuldath Mama, la démocratie se porte relativement bien. Elle note néanmoins un désenchantement,  une diminution de la démocratie avec des coups d’Etat à répétition, l’absence d’idéologie claire en Afrique, un faible taux de participation des citoyens aux élections dans les pays du nord.

Presque dans le même sens, Joël Atayi Guèdégbè constate que l’Afrique a montré une relative adhésion à la démocratie avec des élections mal organisées, des coups d’état, la manipulation des constitutions, des résultats économiques peu probants, l’absence de valeurs.

Pour le Pr Dodji Amouzouvi, la démocratie n’est pas un long fleuve tranquille, mais un « idéal ». Selon le sociologue, la démocratie ne doit pas être vue comme un « prêt à porter ». Et il soutient que c’est la cause des différents problèmes en Afrique, car la démocratie à l’occidentale a été copiée au Bénin, voire en Afrique, sans tenir compte de nos réalités.

Les trois panélistes sont d’avis que l’appréciation de la démocratie ne peut se limiter à l’organisation des élections.  Pour le Pr Dodji Amouzouvi, Wuldath Mama, et Joël Atayi Guèdégbè, il urge de trouver des voies et moyens pour renforcer et consolider la démocratie, gage de la préservation des acquis de développement.

Le septennat unique, comme solution ?

La transition est toute trouvée. La modératrice demande à ses invités si l’adoption du septennat unique pourrait être la solution après ce constat d’échec au Bénin et en Afrique.

Sur la question, les trois panélistes ont partagé le même point de vue. Ils ont tous soutenu qu’il n’y a pas d’’équivalence automatique entre la préservation des acquis et le système politique ou la durée du mandat.

« La longueur ou le type de mandat n’est pas une garantie aux bases de développement d’un pays… ne fétichisons pas sur les mots ou les concepts », a lancé  Joël Atayi Guèdégbè.

Néanmoins, l’expert en gouvernance a reconnu que le mandat unique peut être séduisant, car il résout le problème de l’alternance, de l’efficacité, de la longévité au pouvoir, …

Il a dans ce sens plaidé pour un mandat unique pair, qui sera accompagné de la possibilité d’élection à mi-mandat, mais qui ne touche pas le mandat présidentiel directement.

Wuldath Mama a ajouté que le mandat unique même s’il reste un couteau à double tranchant, a l’avantage de mettre fin au populisme, à la courtisanerie du président, qui est préoccupé par sa réélection. Elle renchérit et fait remarquer que l’on « agit moins, longtemps on est en poste ».

Pour conclure, Wuldath Mama attire l’attention des uns et des autres sur le fait que le mandat unique pourrait néanmoins poser le problème de la cohérence de l’action publique, le problème de la verticalité du pouvoir.

Soutenant que « la consolidation des acquis du développement ne passe pas par la durée », Dodji Amouzouvi  préfère s’attarder sur l’unicité. Et pour lui, le mandat unique permet au président de se concentrer sur sa tâche. « Quand le mandat est double, le président a l’esprit à sa réélection », avance l’universitaire.

Nécessité d’une politique d’orientation générale

Pour les trois panélistes, il est prioritaire d’adopter des orientations générales après un débat général qui réunira tous les acteurs. Le Pr Dodji Amouzouvi,Wuldath Mama, et Joël Atayi Guèdégbè ont insisté sur l’importance d’adopter un plan de développement sur le long terme qui va servir de boussole aux différents présidents.

Cette ligne directive va éviter les éternels recommencements et remis en cause à l’arrivée de chaque pouvoir, ont-ils avancé.

Le Cojem-Citoyens a creusé le sujet, selon expliqué  Fidégnon Adé Agbowaï

Au terme des échanges, le coordonnateur du Cojem-Citoyens a exprimé sa satisfaction et est revenu sur le bien-fondé de la thématique.

« Nous sommes dans un contexte sous-régional enclin au coup d’Etat. Le problème de la limitation des mandats se pose de plus en plus. C’est une initiative pour creuser l’abcès, pour ouvrir le débat. Nous avions eu à faire à la question du septennat unique comme proposition du candidat Patrice Talon (…) Aujourd’hui, nous trouvons qu’il faille vider cette problématique  et comprendre le bien fondé à l’aune de la science d’où ce qui explique la composition du panel », a expliqué  Fidégnon Adé Agbowaï.

Le Cojem-Citoyens a creusé le sujet, selon expliqué  Fidégnon Adé Agbowaï
Fidégnon Adé Agbowaï., coordonnateur COJEM-Citoyens

A la question de savoir si ce débat soulevé à moins de trois ans de la fin  du dernier mandat de Patrice Talon ne pourrait pas susciter des polémiques, le coordonnateur du COJEM-Citoyens rétorque « On n’est pas à l’abri des suspicions. Un moment à un autre, il faut aller au but, il faut   vider le dossier, il faut analyser les pour et contre afin d’impacter la bonne gouvernance, afin de préserver les acquis de développement.

Et de conclure que c’est ce à quoi s’attèle le COJEM-Citoyens en initiant ce panel, mais également en organisant une tribune, un micro-trottoir, un plateau pour marquer la célébration de la journée internationale de la démocratie.

Manassé AGBOSSAGA

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