Le parti Forces cauris pour un Bénin
émergent (FcBe) était face à la presse ce dimanche 21 juillet 2019, à son siège
à Cotonou. A l’occasion, le parti a, par la voix de son porte-parole, Nourénou
Atchadé opposé un refus catégorique à deux exigences du ministre Sacca Lafia
pour l’obtention de l’existence juridique.
Manassé AGBOSSAGA
La première est relative aux responsables du parti
qui ont maille à partir avec la justice. Pour le parti, cette demande du
ministre de l’intérieur de retirer du bureau exécutif toute personne qui a des
soucis avec la justice est illégale, et arbitraire.
.
Selon les cauris, il s’agit d’une tendance à « considérer
les désidératas du président Patrice Talon, comme lois de la République ».
Face à cela, la
réponse du parti FcBe est sans équivoque. « Le parti FCBE garde intacte
la composition de son bureau exécutif élu au congrès des 10 et 11 février 2018
à Parakou, et reconduit au congrès de mise en conformité aux nouvelles dispositions
de la charte des partis politiques, tenu à Abomey-Calavi le samedi 29 décembre
2018 », martèle Nourénou Atchadé.
Quant à la seconde exigence, elle est relative à l’organisation
d’un nouveau congrès constitutif. Pour le
parti, demander aux FcBe de retourner à un autre congrès est une « chicane
de trop ».
Les
responsables du parti FcBe écartent alors toute idée de reprise de congrès et mettent en
avant l’article 22 de la charte des partis politiques (Ndlr : « Si à
l’expiration d’un délai de deux (02) mois après le dépôt de la déclaration,
aucune notification de conformité ou de non-conformité n’est parvenue au parti
politique concerné, le dossier de déclaration administrative de constitution
est réputée conforme à la loi »).
Nous
vous proposons l’intégralité de la déclaration lue par Nourénou Atchadé
»Mesdames et Messieurs de la presse
Militants et Sympathisants du Parti
Chers compatriotes,
Bienvenue et merci d’avoir répondu une
fois encore à notre appel. Nous ne cesserons jamais de recourir à vous, chaque fois
que le besoin se fera sentir.
Aujourd’hui, il sera question d’éclairer
la lanterne de chacun sur la position de notre parti dans le débat politique en
cours dans notre pays.
Mais avant d’aborder en long et en large
le sujet à l’ordre du jour, le parti FCBE, par ma voix, tient à remercier et à
féliciter ses militants et sympathisants pour leur soutien jamais marchandé, et
pour le sérieux et la bravoure qui les ont toujours caractérisés quand il
s’agit de défendre la démocratie et la cause du parti.
Aussi, le bureau exécutif salue-t-il le
peuple béninois pour son attachement au parti FCBE, à l’Etat de droit et à la
démocratie par laquelle jadis, il exerçait sans entrave sa souveraineté.
Mesdames et Messieurs,
Le parti FCBE n’est pas insensible au
cri de cœur des populations. Vous savez tous comme moi que le militantisme est
une forme d’engagement actif à une cause de nature politique défendant une
idéologie. Le but de cet engagement étant de faire valoir le soutien du peuple
à une plus grande échelle, le parti ne saurait pour quelque raison que ce soit,
ignorer la volonté de la base.
Vous n’êtes pas sans savoir que le parti
FCBE constitue l’opposition naturelle au régime dit de la rupture. Je ne vous
apprends rien en vous disant que dans toute démocratie le parti qui perd les
élections présidentielles est condamné à l’opposition au régime investi du
pouvoir d’Etat. Cela participe à la vivification de la démocratie.
Ainsi, depuis l’avènement du pouvoir
TALON jusqu’à ce jour, le parti FCBE est et demeure opposé à la gouvernance
actuelle de notre pays. Le parti a donc pris une part active dans le combat
pour la restauration de la démocratie et de l’Etat de droit. C’est la raison
pour laquelle, à ce jour, il en paie le lourd tribut. Nous ne reviendrons pas
sur les assassinats et enlèvements au quotidien de ses militants partout sur
l’étendue du territoire national dont les plus en vue restent ceux de Cotonou,
Kandi, Tchaourou, Savè, ces compatriotes qui ne réclament que le respect de
leurs droits constitutionnellement reconnus.
Mesdames et Messieurs,
Le parti FCBE fera bientôt les
formalités devant qui le Ministère de l’Intérieur, pour son enregistrement
officiel en tant que parti d’opposition.
Pour ce quiconcerne les observations du
Ministère de l’Intérieur et de la Sécurité Publique au parti FCBE, la position
du parti est sans ambages et se décline en deux (02) points majeurs :
- Les camarades qui ont maille à partir avec la
justice
La demande du Ministre SACCA Lafia, en
plus d’être illégal et arbitraire, est une injure faite au parti.
Aucune loi de la République n’empêche
tout fils ou toute fille de ce pays qui ne fait l’objet d’aucune condamnation
par la justice, d’être membre d’un organe dirigeant d’un parti politique.
Accéder à cette exigence revient à
renoncer à la présomption d’innocence, principe selon lequel toute personne,
qui se voit reprocher une infraction, est réputée innocente tant que sa
culpabilité n’a pas été légalement démontrée. Accéder à cette exigence revient également
à donner le pouvoir au Ministre SACCA Lafia, de désigner qui peut être ou non,
dirigeant du parti FCBE.
Le parti s’insurge contre cette énième
violation de notre constitution du 11 décembre 1990 et des textes qui régissent
la République.
Le parti condamne cette tendance à
considérer les désidératas du Président Patrice TALON, comme lois de la
République.
En conséquence, le parti FCBE garde intacte la composition de son bureau exécutif élu au congrès des 10 et 11 février 2018 à Parakou, et reconduit au congrès de mise en conformité aux nouvelles dispositions de la charte des partis politiques, tenu à Abomey-Calavi le samedi 29 décembre 2018.
- L’organisation
d’un nouveau congrès constitutif
Pour rappel, le 22 février 2019, à la
suite de la notification de sa non-conformité au parti FCBE, nous avons, tous
travaux cessant, organisé un congrès extraordinaire pour lever les observations
faites par le Ministère de l’Intérieur. Et soixante-douze (72) heures plus
tard, c’est-à-dire le 25 février, au cours de l’audience accordée à
l’opposition, le Président Patrice TALON a, lui-même reconnu l’effort ô combien
salutaire fourni par le parti FCBE en organisant en un
temps record, un congrès extraordinaire aux fins de se plier aux injonctions du
Ministère de l’Intérieur.
Malgré cette reconnaissance publique et
malgré toutes les autres diligences accomplies par notre parti, le pouvoir du
Président Patrice TALON s’est refusé de reconnaître à la FCBE, son existence
juridique. Exiger aujourd’hui à ce même parti de retourner à un autre congrès
pour je ne sais quelle raison, est une chicane de trop.
Mesdames et Messieurs,
Le parti FCBE n’ira pas au congrès et attend que conformément à l’article 22 de la charte des partis politiques en vigueur en République du Bénin qui dispose :
« Si à l’expiration d’un délai de deux (02)
mois après le dépôt de la déclaration, aucune notification de conformité ou de
non-conformité n’est parvenue au parti politique concerné, le dossier de
déclaration administrative de constitution est réputée conforme à la loi »
le parti FCBE, disais-je, attend que le gouvernement respecte pour une fois, les textes de la République et atteste enfin que le parti est conforme aux nouveaux textes en vigueur.
Mesdames et
Messieurs,
Pour finir, je vous donne lecture de la
déclaration du parti FCBE devant le Président Patrice TALON, au cours de la
rencontre du 15 juillet dernier au Palais de la Marina en ce qui concerne les conditions
préalables à la participation du parti à tout dialogue politique.
LES PREREQUIS
D’UN DIALOGUE INCLUSIF ET FRUCTUEUX
Excellence Monsieur le Président de la
République,
Dans votre adresse à la Nation en date
du 20 mai de cette année, vous disiez ceci :
« Conscient que nul ne devra manquer au chantier de construction de
notre pays, j’inviterai très prochainement la classe politique pour des
échanges directs, francs et constructifs au profit de notre bien commun, le
Bénin. »
Excellence
Monsieur le Président de la République,
Pour un tel dialogue, le parti FCBE
estime que certaines conditions devraient être préalablement
remplies :
- le
retour de tous les fils et de toutes les filles du Bénin contraints à l’exil
depuis votre arrivée au pouvoir et la mise en liberté des prisonniers
politiques, afin qu’ils retrouvent leurs familles respectives et qu’ils
participent à l’œuvre de construction du pays ;
- la
remise à leurs familles respectives des corps des compatriotes abattus et
emportés par l’armée lors des événements pré et post-électoraux.
Monsieur le Président de la République,
Comme vous-même l’avez clamé, le 06 mars
2019, au cours d’une rencontre avec les partis politiques, vous voudriez des
élections législatives consensuelles, « des élections qui soient de même nature, de
même qualité, de même convivialité que ce qu’on a connu jusque-là »,
certainement tel que toutes celles auxquelles le peuple béninois était habitué
depuis l’avènement du renouveau démocratique.
Les élections du 28 avril 2019 sont loin
de répondre à ces exigences. Pire, elles ont été soldées par un taux
d’abstention jamais connu dans notre pays depuis près de trois décennies. Ceci
est l’expression du rejet par le peuple d’une élection exclusive.
C’est donc la raison pour laquelle, en
sus de nos deux points précédents, nous
demandons l’organisation d’une élection législative inclusive, transparente
pour la désignation par le peuple souverain, des hommes et femmes devant composer
la 8ème Législature de notre Assemblée Nationale. Car après
tout, un député est un représentant du peuple et non le contraire.
Enfin, le parti FCBE est préoccupé par
la situation que vit aujourd’hui le Dr Boni YAYI, qui a présidé aux destinées
de notre pays, dix années durant. Il subit des persécutions avec sa famille,
ses parents, ses proches collaborateurs qui sont, soit en prison, en exil ou
dans la clandestinité. Notre peuple s’en préoccupe également lorsqu’on sait que
la cause première de cette crise est le processus électoral non inclusif et non
ses conséquences. Il ne peut donc pas être tenu pour responsable de ses
événements pour lesquels il paie chèrement pour sa vie. Il en est de même de la
population dont certaines personnes ont perdu la vie d’autres en détention, en
clandestinité ou en exil.
En conclusion, le parti FCBE souhaite
encore aujourd’hui plus qu’hier, la tenue d’un dialogue national pour
réconcilier le peuple béninois avec lui-même.
Merci pour votre attention. »