Comme annoncé, le dialogue politique national a connu son envol ce jeudi 10 octobre au palais des congrès. Kpakpato Médias revient sur faits marquants du dialogue prévu pour s’achever ce samedi 12 octobre.
Manassé AGBOSSAGA
Beaucoup de choses à se mettre sous la dent pour cette première journée. Pêle-mêle, la présence du chef de l’Etat à la cérémonie d’ouverture, la présence des partis invités, notamment celle des Forces cauris pour un Bénin émergent (aile Hounkpè), mais également l’absence de certains à l’image de dynamique unitaire pour le développement (DUD) de Valentin Houdé, la présentation de l’ordre des assises, la composition du présidium devant conduire les débats, …
Très ponctuel, Patrice Talon a donné le top des travaux avant de se retirer. Il a dans son discours invité les uns et les autres à des débats francs et sincères pour « explorer toutes les pistes possibles d’amélioration de l’arsenal juridique régissant notre dispositif électoral et pour formuler des recommandations pertinentes pour y parvenir ».
Outre le discours d’ouverture du chef de l’Etat prononcé devant le président de l’Assemblée nationale, Louis Vlavonou, le président de la Commission électorale nationale autonome (Céna), Emmanuel Tiando et autres personnalités, la première journée des travaux du dialogue politique a également été marquée par la présence du parti Force cauris pour un Bénin émergent. Du moins, aile Hounkpè. Théophile Yarou, Paul Hounkpè, Alassane Soumanou, El Farrouck Soumanou ont répondu à l’appel du chef de l’Etat, confirmant au passage les divergences au sein des cauris.
Par contre, le parti la Dynamique unitaire pour le développement a boycotté les assises. Le parti qui posait déjà des préalables avant sa participation aux échanges a brillé pas son absence. Valentin Adi Houdé, Léon Bani Bio Bigou, Hélène Aholou Kèkè se reprochent de plus en plus de l’opposition.
Pour le reste, les autres partis invités à l’image de l’UDBN de Claudine Prudencio, de l’Union progressiste, du Bloc républicain, de la Fcdb de Soumanou Toléba sont présents à travers leurs délégués.
Des délégués qui ont d’ailleurs pris connaissances des cinq points à l’ordre des jours à savoir le toilettage du code électoral et de la charte des partis politiques, le renforcement du système partisan, la recherche d’équité dans la représentation du peuple à l’Assemblée nationale, le statut de l’opposition et les mesures d’apaisement de la situation politique.
L’autre point fort de cette première séance est la présentation du présidium.
Ci-dessous les partis présents, la composition du présidium, l’ordre du jour, le discours du chef de l’Etat.
Démarrage, ce jeudi 10 octobre 2019 au Palais des Congrès de Cotonou des travaux du dialogue politique en présence des délégués des partis :
PARTIS PRESENTS
– Union Progressiste (UP) dont le porte-parole est Monsieur Abraham ZINZINDOHOUE
– Bloc Républicain (BR) dont le porte-parole est Monsieur Jean-Michel ABIMBOLA
– Parti du Renouveau Démocratique (PRD) dont le porte-parole est Monsieur Charlemagne HONFO
– Mouvement des Elites Engagées pour l’Emancipation du Bénin (MOELE-BENIN) dont le porte-parole est Monsieur Céphise BEO AGUIAR
– Force Cauri pour le Développement du Bénin (FCDB) dont le porte-parole est Monsieur Soumanou TOLEBA
– Union Démocratique pour un Bénin Nouveau (UDBN) dont le porte-parole est Monsieur Cyrille DJIKUI
– Forces Cauris pour un Bénin Emergent (FCBE) dont le porte-parole est Monsieur Théophile YAROU
– Parti la Flamme Renouvelée (PFR) dont le porte-parole est Monsieur Gilbert EDA
PRESIDIUM
– Monsieur Dorothée SOSSA (Modérateur et facilitateur Général)
– Monsieur Victor TOPANOU (Rapporteur principal)
– Monsieur Luc SINZOGAN (Rapporteur représentant l’opposition)
– Monsieur Orden ALLADATIN (Rapporteur représentant la mouvance)
Le parti Dynamique Unitaire pour la Démocratie et le Développement (DUD) est absent des travaux.
L’ORDRE DU JOUR DES ASSISES DU 10 AU 12 OCTOBRE 2019
1- Toilettage du code électoral et de la charte des partis politiques
2- Renforcement du système partisan
3- Recherche d’équité dans la représentation du peuple à l’Assemblee nationale
4- Statut de l’opposition
5- Mesures d’apaisement de la situation politique
MESSAGE DU PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE À L’OCCASION DE L’OUVERTURE DU DIALOGUE POLITIQUE
Madame et Messieurs les Présidents des Institutions,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les responsables de partis politiques,
Mesdames et Messieurs les Délégués au Dialogue Politique,
Distingués invités,
Permettez-moi d’exprimer à chacun de vous, au nom de la République tout entière, ma satisfaction et ma reconnaissance pour votre présence qui témoigne de votre amour et de votre disponibilité pour notre cher pays.
Notre rencontre de ce jour, loin d’être le signe d’un quelconque stress de notre démocratie, s’apparente à mon sens, à une exigence de check-up quand survient une quinte de toux d’une résonnance inhabituelle.
Mesdames et messieurs,
Notre système partisan était devenu nuisible pour notre pays, tel un ongle incarné dans l’orteil.
Fallait-il le tailler avec courage dans la douleur ou ne rien faire au préjudice indéfini du bien-être ?
Avec honneur et responsabilité, la 7ème législature de notre pays a vaincu la fatalité en réformant notre dispositif partisan par le vote à la quasi-unanimité de ses députés toutes tendances confondues, d’une nouvelle charte des partis politiques et d’un nouveau code électoral pour répondre à notre besoin unanime d’assainissement.
A la mise en œuvre de ces lois, Mesdames et Messieurs, nous nous sommes déchirés au point de compromettre notre cohésion.
Nous, acteurs politiques, avons semé à notre propre égard, le doute, la méfiance et la défiance dans l’esprit de nos concitoyens.
Si les évènements des mois d’avril, de mai et juin n’ont pas remis en cause le processus démocratique de notre pays, encore moins son édifice républicain, ils auront néanmoins révélé une certaine inadéquation entre l’idéal unanimement partagé et notre capacité à nous adapter tous aux exigences de cet idéal.
Mesdames et messieurs,
Notre pays nous appelle au réalisme, à la solidarité, à la cohésion.
Aussi indiqués qu’ils puissent paraître, notre charte des partis politiques et notre code électoral nous ont causé du tort, parce que bon nombre d’entre nous, à la mise en œuvre, ne s’y sont pas retrouvés.
Aussi apparaît-il désormais pertinent que les acteurs politiques se retrouvent pour apprécier leur application, réfléchir et échanger sur les adaptations possibles à y apporter en vue d’une meilleure et réaliste organisation de l’espace politique et de la compétition politique, permettant le renforcement de l’unité nationale et de la concorde, tout en préservant l’indispensable assainissement des pratiques politiques.
C’est convaincu de cet idéal que j’ai convoqué les présentes assises dédiées au Dialogue Politique ainsi que je m’y suis engagé le 20 mai dernier devant notre peuple, puis réitéré le 15 juillet, lors de ma rencontre avec certains responsables politiques.
Mesdames et messieurs,
Le dialogue politique auquel je vous convie trouve sa justification dans la volonté de notre peuple de voir ses acteurs politiques se hisser à la hauteur des défis qu’imposent la construction de l’Etat et la consolidation de la nation.
Il s’inscrit dans mon souci permanent d’associer les acteurs politiques à la recherche des compromis aux questions politiques essentielles, notamment électorales, dont la résolution est indispensable à notre cohésion et à notre marche vers le progrès.
Sa finalité réside dans les recommandations responsables qu’il vous appartiendra de formuler à mon endroit.
Je suis convaincu que la foi qui vous anime et l’engagement politique responsable qui est le vôtre, nous permettront de trouver les solutions qui renforcent davantage nos institutions et les éloignent de toutes les formes de perversion et de régression.
Nous savons tous et il n’est pas superflu de le rappeler ici ce matin, que pour mettre fin aux pratiques qui retardent son développement et créer les conditions de la prospérité en vue d’offrir de meilleures conditions de vie à ses enfants, notre pays a besoin de réformes d’envergure, telle que la réforme du système partisan.
En effet, le système partisan tel qu’institué, perçu et pratiqué depuis 1991, ne fournit pas toujours les moyens politiques de résilience aux défis institutionnels, économiques et socio-politiques.
Il peine surtout à mobiliser durablement en nombre suffisant dans des ensembles homogènes, les ressources politiques qualitatives nécessaires à la performance de l’Etat dans la réalisation de ses missions essentielles.
L’intérêt n’est-il pas élevé de réformer notre modèle pour l’adapter à nos besoins de bonne gouvernance, à travers l’instauration de règles contraignant à la constitution de grands ensembles politiques sains, animateurs exclusifs de la compétition politique ?
Mesdames et Messieurs,
Dans la vie d’une nation, de telles rencontres ne sont pas fréquentes, même si elles sont souhaitées.
C’est pourquoi, je félicite les délégués des différents partis politiques ici représentés pour leur désignation, et les invite à saisir la présente occasion pour explorer toutes les pistes possibles d’amélioration de l’arsenal juridique régissant notre dispositif électoral et pour formuler des recommandations pertinentes pour y parvenir.
A ce propos, je ne doute pas que le sens du devoir vis-à-vis de la République prévaudra lors des échanges et que sera préservé l’essentiel : l’impérieuse nécessité de réformer nos pratiques politiques et partisanes afin d’améliorer la gouvernance générale du pays.
Ainsi nous donnerons à notre peuple des raisons de continuer à croire en nous, acteurs politiques, car il aura compris que les réformes difficiles mais nécessaires ne nous épargnent pas non plus.
Mieux, nos concitoyens apprécieraient bien de voir que nous consentons, nous aussi, les sacrifices nécessaires au développement de tous comme nous le leur demandons.
En tout état de cause, je veux ici vous rassurer, Mesdames et Messieurs les Délégués, que mon Gouvernement appréciera avec diligence la pertinence et l’opportunité de vos recommandations en vue d’accomplir les actes qui relèveront de sa responsabilité.
Je ne doute pas qu’il en sera de même pour l’Assemblée nationale.
Je ne ménagerai aucun effort personnel à cet effet.
Mesdames et Messieurs
Je voudrais, pour finir, vous remercier d’avoir accepté de vous investir dans cette mission de haute portée nationale.
Pour garantir le bon déroulement de vos échanges dans le respect mutuel, j’ai chargé Monsieur Dorothée Cossi SOSSA dont l’expérience intellectuelle, politique et professionnelle est connue de tous, d’en assurer la conduite et la facilitation.
A ses côtés officieront Monsieur Victor Prudent TOPANOU, que j’ai désigné comme premier Rapporteur, et deux autres que vous désignerez en votre sein.
Comptant sur l’engagement de chacun et de tous au service de la République, notre bien commun, je déclare ouvert le Dialogue Politique dont j’aurai le bonheur de recevoir, ici même samedi prochain, les conclusions.
Vive la classe politique !
Vive le Bénin !
Je vous remercie.